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28/02/2007

Particules

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Collage: Maryvonne Lequellec
Pour retrouver le travail de Maryvonne Le Quellec


Par Isabelle Ryser


Les marines transpirent : le phare est à l’envers. Sur l’écran, un électroencéphalogramme étale ses platitudes, le vent, le vent pousse des feuillées, des lunes de caprice à l’utérus intact. On sait qu’en packs bruns, les cirages de pleurs se délitent dans la cale. Depuis le grand départ, j’ai la chacone entre les jambes du lion, il y pousse une rivière de dents et c’est avec des outrances de panière que je siffle mon thé de terre noire, de cui-cui etc. En dehors de ces atours, alors que je vérifie les étincelles, est-ce la chance en verre que je distingue entre vos yeux blindés ? Voyez le soleil en plissant les paupières, voyez sa gueule dans le four ! La génération mûrit des entrejambes singulières, sans complément ni adjectivité. C’est à qui chante le Nil reconverti et la pilule d’Himalaya. Les montagnes secréteront toujours des giclées d’ascétisme, des vases clos, des arrière-cours et demains enchanteurs. Vous prierez vous aussi pour la palme d’allégeance, pour le blason d’azur et de boots à clochettes.
Quand vous voulez, je vous ferai le paysage d’un seul bras agacé par la mine, je vous parlerai des mangas de banane qu’on sertit dans le cœur d’apsaras. Après-coup, un chat lira les commentaires traduits dans un argot de charentaises. En attendant, pensez à la charogne et foutez-la d’asters.

Sur le mât de misaine, pour conjurer l’angoisse, les marines brûlent la vie au gaz des pensées et, chaque soir, la cendre graisse le ciel tout gris.


Dans la houle, le souvenir d’un moustique émiette le cri qu’on tire du drap plié, droit et bord à bord, sans alluvion. Pas d’écho dans allée centrale. Les moines se penchent au-dehors pour trouver la blessure du thorax que la silhouette assassine sans modèle - une feuille tombe, patte en l’air.

Les toits se couvriront d’écume et toi, déesse aux cheveux d’hévéa, d’une vrille du doigt tu perceras les trous ! Farauds les univers qui dansent, pusillanimes les verts de gris aux manchettes d’offices ! Les lointains se consument, l’équinoxe en gésine effectue sa poussée, là, dans la cible d’une mousse métallique pour une rugosité d’un âge qui mord, d’un âge qui loge à l’escalier.
J’aurais voulu manger la châtaigne violette d’un cancer de la plèvre mais les vaches en caserne louchaient vers la sortie. Ma main tremblante cuvait sur le papier l’ombre d’ancêtres qui s’attaqueraient au lit, au feu jamais éteint, aux seins des jeunes filles allaitant des boutons. Peau de balles pour faire ciel étoilé.


Isabelle Ryser n'a encore rien publié, vous la retrouverez encore dans l'avenir sur mon blog...
Si un éditeur de poésie est intéressé, il sait où me joindre...

27/02/2007

Sondé spatio temporel......

Notre petit Ballouhey hebdo...

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25/02/2007

ROUGE A RÊVES

Une petite nouvelle de Mouloud Akkouche
Merci à Elie ( 7 ans ) pour le titre

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Collage: Maryvonne Lequellec

Michel grimpa l’escalier en titubant et ouvrit la porte de la salle de bains.
Virginie lui jeta un œil noir.
- Qu’est-ce que tu veux ?
Un pâle sourire aux lèvres, il dévisagea sa femme en petite tenue, une brosse à cheveux à la main. Une éternité sans glisser ses doigts entre les boucles blondes.
- Je… Je…
Elle secoua la tête.
-Toi, tu as encore trop bu.
- N’y va pas Virginie.
Elle poussa un soupir avant d’enfiler sa robe légère, la bleue, celle choisie ensemble.
- Laisse tomber.
- Je voudrais qu’on se parle, bredouilla-t-il en s’asseyant sur la baignoire.
- Tu sais bien que c’est fini entre nous.
Elle se parfuma et ajouta :
- Si d’ici la fin du mois tu n’as pas fini par trouver un logement, c’est moi qui partirai.
Il blêmit.
- Non, non. Je vais trouver.
- On verra bien.
- Tu peux sortir de la salle de bains, souffla-t-elle.
- …
- Je peux pisser en paix quand même !
Il regagna le salon et se servit un verre de cognac. Comme tous les week-ends depuis près d’un an, il s’affala dans le canapé et essaya de penser à autre chose, oublier qu’elle le trompait. Et que jamais il ne pourrait lui donner un enfant.
Fardée comme une collégienne à sa première sortie, Virginie apparut sur le palier. En équilibre sur des talons hauts, elle descendit lentement l’escalier. Il ne pouvait détacher ses yeux de cette intime étrangère. Elle le narguait, c’était sûr.
Il se jeta sur le paquet de cigarettes.
- C’est pas comme ça que tu trouveras un logement un jour, lui reprocha-t-elle.
Il baissa les yeux.
- Si, si.
- Ressaisis-toi, Michel.
- Laisse-moi une chance…
-Pourquoi faire ?
Il se redressa sur le canapé.
- Pour nous… reconstruire.
- C’est fini Michel. Tu ne me fais plus rêver.
Il se leva et s’approcha d’elle.
- On adoptera un enfant…
Il avait balancé cette phrase comme s’il venait de tirer sa dernière cartouche.
- C’est… c’est trop tard.
D’un geste maladroit, il essaya de lui prendre le bras. Elle recula d’un pas.
- Je te dégoûte, c’est ça.
Virginie posa un regard attristé sur le fantôme de l’homme qu’elle avait aimé plus de 12 ans. Depuis une quinzaine de jours, une irrépressible culpabilité entamait sa détermination. Par trois reprises, elle avait été tentée de replonger dans les bras de l’ex, mais à chaque fois, les souvenirs les plus insipides de leur quotidien avaient repris le dessus.
Ce ventre qu’il ne pourrait jamais transformer...
- Tu peux pas foutre notre histoire à la poubelle comme ça, dit-il. C’est pas possible !
Virginie détourna les yeux du fantôme bouffi d’alcool et lâcha :
- C’est plus la mienne.
La fin du mois du mois de novembre approchait sans que Michel n’ait dégoté un appartement; il n’en avait d’ailleurs jamais cherché. Par trouille de trouver en rentrant la maison vidée des affaires de Virginie, il quittait chaque soir, très tôt, son labo pour se retrouver le plus longtemps possible avec elle. Virginie était rarement là, elle évitait de le croiser. Le cœur de Michel se serrait lorsqu’elle passait à quelques centimètres de lui… Presque peau contre peau. Et elle ne le voyait pas. Cette indifférence l’exaspérait plus que tout le reste. Il n’était plus qu’un meuble à déménager…
Le dernier vendredi de novembre, Michel prit son après-midi. Il rassemblait ses affaires dans une grosse mallette quand la porte de son bureau s’ouvrit. Vêtu d’un costume de lin, un grand blond avec une queue de cheval lui tendit la main.
- Salut Michel, fit-il avec un air jovial, je t’invite ce soir chez moi. Je fais une bouffe.
Interloqué, il ne serra pas la main du nouveau commercial et le dévisagea sans un mot. Cette phrase lui parut étrange comme si elle ne pouvait s’adresser à lui. La moindre seconde était aspirée par son problème de couple et, les autres, collègues, amis, voisins, n’étaient plus que des silhouettes s’éloignant de plus en plus. Des figurants. Seul son travail de chimiste lui donnait un peu de répit. L’œil vissé sur son microscope et, tandis que sa vie privée se disloquait, il se concentrait au-dessus de sa paillasse à la recherche de nouvelles formules chimiques toujours plus performantes. Son bras de fer avec l’infiniment petit était devenu son ultime refuge pour échapper à la folie ou au suicide.
- Eh ! tu viens ou pas, insista-t-il.
Après un hochement de tête négatif, Michel saisit sa mallette et emprunta le couloir qui donnait sur la porte de sortie du grand immeuble vitré. Il marchait vite. Par groupe de deux ou trois, les employés de la société s’émiettaient dans les rues du quartier en quête d’un restaurant.
- Bon week-end Michel.
Il aurait volontiers étranglé son assistante.
***
-Vous déjeunez seule ?
- Non, j’attends quelqu’un.
En lissant sa moustache, le serveur proposa :
-Un petit apéritif pour patienter ?
L’œil dans le vague, elle marqua un temps d’hésitation et commanda un Kir.
Attablée devant la vitrine, Virginie fumait, regard perdu dans la rue piétonnière. Depuis sa rencontre avec Jacques, elle sentait que la vraie vie était à portée de main. Et ne la laisserait pas passer. A trente huit ans, plus de temps à perdre.
Son portable sonna.
Elle rama parmi un tas d’objets et de papiers avant d’attraper le téléphone.
- Allô.
- C’est Jacques.
Un sourire sur le visage de Virginie.
- Tu es où ?
Il se racla la gorge.
- Je suis encore au bureau.
Elle pâlit.
- Mais tu m’avais dit que…
- Ecoute Virginie, je parle doucement : ma femme est à côté. On pourra pas passer tout le week-end ensemble.
- Mais tu m’avais dit que nous allions à la Baule.
Il s’éclaircit une nouvelle fois la voix.
- Ma femme a annulé son départ et je suis coincé.
Virginie serra très fort son portable. Elle était comme un gosse qui, après avoir rameuté tout le monde sur la plage pour admirer son château, découvre un tas de sable sans forme. Elle réprima une larme. La poitrine dans un étau, elle sentit poindre les premiers signes de la crise de nerfs. Virginie commençait à ne plus croire que Jacques quitterait sa femme pour vivre avec elle… et mettre au monde leur bébé.
Elle expira un grand coup.
- Il faut que tu lui en parles, Jacques.
- Tu crois que c’est facile, rétorqua-t-il d’une voix agacée. Je t’ai promis et je le ferai, mais sois patiente.
- Jusqu’à quand ?
Ne t’en fais pas, Virginie.
- On se voit quand alors ?
- Ce soir. Ma femme part dans deux heures chez son frère et elle ne rentre que demain à 15H. À ce soir.
D’un geste sec, elle balança le portable dans la gueule ouverte de son sac.
‘’ J’en ai marre ! ‘’
Elle fouilla du regard les passants en se demandant si, eux, vivaient leur vraie vie.

Assis dans sa voiture, Michel alluma une cigarette et resta un long moment à fixer sa maison. Grâce à sa promotion, il avait pu acquérir cette villa dans un quartier résidentiel de la ville où se côtoyaient cadres sups et autres notables. Enfin installés dans une maison bien à eux, Virginie et lui avaient lancé des dizaines de projets… Tous brisés contre la porte d’une chambre vide… d’enfant. Les années défilèrent derrière le pare-brise. Des cartons du début quand une nouvelle maison vous tend les bras jusqu’à l’instant où même les murs vous jugent. Des détails enfouis au plus profond de sa mémoire remontaient pour une dernière pirouette avant de disparaître à jamais. Chaque jour, elle le poussait dehors. Inexorable départ. De toute façon, il ne pouvait rester seul dans cette maison. Le camion de déménagement filerait sur l’autoroute , quarante mètres cube de souvenirs inutiles.
Un rictus de haine déforma ses lèvres, il ouvrit la portière.
- Salut Michel.
Sans un mot, il serra la main de son voisin qui n’eut pas le temps d’entamer sa conversation glue et poussa le portail. Il traversa rapidement la pelouse pelée.
Le seuil à peine franchi, il se précipita sur le frigo. Une bière à la main, il enclencha le répondeur.
‘’ Allô Michel, c’est Max, rappelle-moi au bureau s’il te plait. Il y a un petit problème au labo. ‘’
- Démerde-toi ! s’écria-t-il avant de vider d’un trait sa cannette.

Virginie rentra à 17H30 de la banque où elle travaillait à mi-temps depuis trois mois, un horaire choisi pour pouvoir bien s’occuper du futur bébé... Elle déposa son sac sur la commode du patio et monta dans leur… sa chambre.
Souriant, Michel alluma une cigarette et, en sifflotant, s’installa dans un fauteuil encombré de vêtement sales. La télécommande à la main, il rebondit d’une chaîne à l’autre pour s’échouer sur la chaîne sports.
- J’ai décidé de partir dès lundi, martela Virginie.
D’un mouvement lent, il se tourna vers elle. Adossée contre le mur du salon, elle ne portait pas de chaussures.
Ses yeux ne pouvaient se détacher des pieds nus.
-Tu m’entends, Michel ?
Sa voix s’était adoucie.
Sa chevelure détachée faisait comme un rideau devant le visage. Il remarqua qu’elle avait teint tous ses cheveux blancs. Elle écarta la mèche sur son front et accrocha ses cheveux derrière ses oreilles. En croisant son regard, il fut très étonné de ne pas y retrouver le mépris arboré les rares fois où elle avait daigné lui adresser la parole.
- Je m’en fous. Tu fais absolument comme tu veux, finit-il par répondre après un long silence.
- Mais je croyais que tu ne voulais surtout pas rester dans cette maison et que tu cherchais autre chose.
- Je t’ai dit que tu fais comme tu veux. Quand tu m’as trompé, tu ne m’as pas demandé mon avis, alors… continue. On fait comme tu veux.
Cette volte face de son mari la déstabilisa. Elle l’observa un bon moment.
L’œil rivé sur un match de foot, il sentait le poids de son regard.
- Tu pourrais quand même nettoyer ce salon et au moins refermer le canapé.
- Qu’est-ce que ça peut te foutre, tu dors pas dedans !
- Je dis ça pour toi.
- Depuis quand tu t’intéresses à moi, toi.
- Je te préviens qu’à partir de lundi, cette maison sera vide
- Comme tous les jours.
Elle haussa les épaules.
- Tu ne comprendras jamais rien.
- Tu te répètes ma chérie.
Le ‘’ chérie ‘’ excéda Virginie qui s’approcha du canapé. Elle récupéra un cendrier sur l’accoudoir, le vida et le lava avant de retourner à l’étage.
- C’est ça, tire-toi ! grommela-t-il.
Lorsque la porte de la salle de bains se referma, Michel afficha un large sourire.
‘’ Fais-toi belle ma chérie, très belle. ’’ murmura-t-il en ouvrant une autre bière.
A la seconde près, il aurait pu décrire tous les gestes de sa femme à l’étage du dessus. Elle placerait le cendrier sur le bord de la baignoire et allumerait une cigarette avant de se glisser dans l’eau brûlante recouverte d’une épaisse moquette de mousse. Elle fumerait lentement, la tête légèrement inclinée en arrière puis, à la fin de la deuxième ou troisième cigarette, elle jetterait un coup d’œil à l’horloge murale, et, d’un bond, se lèverait, se rincerait et s’essuierait très vite. Puis après avoir revêtu sa robe, elle débuterait son maquillage…
<< Surtout mets une belle couche de rouge à lèvres ma chérie… Et bécote-le toute la nuit, l’autre. >>
Le minable chimiste d’un labo spécialisé dans la dératisation et désinsectisation avait mis au point un nouveau produit. Grâce à cette molécule très performante, il allait encore prendre du galon dans son entreprise.
Et surtout balayer des mois d’humiliation.
Dès que Virginie posera ses lèvres sur celles de son amant, le poison commencera son œuvre insidieuse. Il s’infiltrera peu à peu dans leurs corps et produira un arrêt cardiaque une vingtaine d’heures plus tard. Ils seront piégés. Comme les rats qui, plus méfiants que les amants, envoient le plus vieux d’entre eux pour manger et ne se précipitent à leur tour que si leur doyen ne tombe pas raide mort. Michel n’était pas peu fier de sa découverte jalousée par les concurrents. Certes, il ne pouvait pas donner la vie mais était devenu un spécialiste de la mort.
Quand la première marche de l’escalier grinça, Michel se replongea dans la télé.
- Je m’en vais, fit-elle en prenant son sac à mains.
Qu’est-ce qu’il lui arrive ? se demanda Michel. D’habitude, seul le moteur de la Clio annonçait son départ.
- Tu connais le chemin.
Malgré la décision de ne pas croiser son regard, Il finit par tourner les yeux vers elle.
Le front trempé de sueur, il ne voyait plus que ses lèvres peintes : le rouge de sa vengeance.
- Pour lundi, je voudrais que…
- Tu te répètes.
Elle toussota, un peu gênée.
- On devrait peut-être mettre au point… Je ne sais pas, moi, organiser notre séparation.
- J’en ai rien à foutre, tu prendras ce que tu veux. Et maintenant tire toi et fous-moi la paix !
Il ne réussit pas à réprimer le tremblement de sa voix et la marée montante dans les yeux. Surtout ne pas chialer devant elle ! Elle paraissait si douce, presque comme avant. Il fixa le parquet. Sois fort Michel, se répétait-il pour ne pas tout lui avouer. Penser à autre chose.
Suivre le ballon sur l’écran…
- Il faut que nous décidions pour la maison.
Tendu, il marmonna :
- Il va t’attendre.
- Oh ! Après tout, fais comme tu veux !
Debout devant la fenêtre du salon, il la regarda grimper dans sa voiture et démarrer.
- Tu vas crever... avec lui.
Il alluma une cigarette et resta une longue minute, hésitant, cloué au milieu du salon, puis éteignit la télé et fouilla parmi les C.D empilés sur la table basse. Il choisit Téléphone : le disque de sa première rencontre avec Virginie.
Agitant la tête au rythme de la musique, il était détendu comme si la tension accumulée durant une année s’était évacuée d’un seul coup. Il songea même à l’avenir. Il vendrait la maison et demanderait à son patron de le muter dans leur nouvelle agence espagnole.
Il n’entendit pas la porte s’ouvrir.
- C’est ici la vraie vie !
Et Virginie colla ses lèvres contre les siennes.


Je précise pour tous ceux qui auraient loupé les précédentes interventions du lascar, qu'il m'a envoyé une de ses nouvelles. Elle a été publiée par les Editions In 8, qui par ailleurs font un excellent travail, et Mouloud l'offre aussi aux lecteurs...

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A télécharger
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et bonne lecture.


RUE DES ABSENTS

le nouveau polar de

Mouloud Akkouche

aux éditions In 8.

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sur Les éditions In 8


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17/02/2007

Analyse en plusieurs points pour un vote en faveur du Cochon qui s'en dédit.

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1 Nous constatons que l’objectif dynamise les paradoxes institutionnels de la problématique et des structures. Aussi faut-il envisager une intervention caractéristique.

De fait au niveau représentatif des changements radicaux s’imposent. En effet, la volonté d’excellence révèle des problèmes de dysfonctionnement au niveau analytique auquel il faut mettre un terme.

2 La méthode exige que l’on renforce les processus participatifs pour parvenir aux performances attendues d’un état moderne à quelque niveau que ce soit.

Il faut donc clarifier l’évaluation et la finalité des rapports afin de permettre aux indicateurs de révéler la puissance d’analyse des situations et d’apporter un effet correctif pour qu’enfin le développement stimule les résultats positifs.

3 Enfin mettre aussi un terme à l’expérimentation hasardeuse qui ne peut conduire qu’à des méthodes de management et de recadrages successifs et cumulatifs des différents acteurs, laissant la finalité dans une démarche de diagnostic.

Parvenu à ce stade de l’analyse nous évoquerons la formation clé de voûte de tout le système comme nous le faisions remarquer depuis tant d’années au risque de jouer les Cassandre pour qu’enfin on prenne en considération les besoins clairement identifiés.

Voilà en trois points l’analyse que j’oppose à mes adversaires.

VU le candidat :



Cette analyse a été rédigée avec "Le parler creux sans peine"... ou langue de bois, définie sous le nom de xyloglossie par Dominique Autié... Se reporter à son blog dans la colonne de gauche, en haut... ou cliquez ici Dominique Autié

01:10 Publié dans Analyses | Lien permanent | Commentaires (2)

13/02/2007

ALLER-RETOUR

Par Mouloud Akkouche

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L’avion ne devait pas tarder à atterrir. Je fermai les yeux et essayai d’imaginer mon village. Plus de dix-sept ans, sans y remettre les pieds. Ce petit patelin de Kabylie où je fis mes débuts de comique. Sur une colline couverte d’oliviers, mes premiers spectateurs n’avaient jamais quitté leurs maisons de pierres sèches. Sauf, ceux massacrés par les mains sans noms.
Une semaine auparavant, en pleine nuit, un coup de fil de mon frangin. Notre mère allait bientôt mourir. Aussitôt, j’avais voulu prendre le premier avion. Ma femme m’avait rappelé qu’un retour en Algérie tenait du suicide.
Sonné par la nouvelle, j’avais passé une nuit blanche. Le lendemain matin, Ali, notre plus jeune fils, m’avait jeté un coup d’œil inquiet. J’étais affalé sur le canapé, les yeux gonflés. Le cendrier plein. Jamais il ne m’avait vu dans un tel état. Aussi désemparé.
Après une hésitation, il s’était penché sur moi pour dire avec son patois de cité :
-Papa, j’ai trouvé un bon plan grave pour que tu puisses partir au bled sans blême.
J’écrasai mon mégot en soupirant.
- Et c’est quoi ton idée ?
Il avait haussé les épaules.
- Tu y vas dans un cercueil comme les vieux qu’on envoie se faire enterrer au bled…
Rouge de colère, ma femme lui avait fondu dessus.
- Ca suffit ! Va dans ta chambre, tu as du boulot.
Avant de refermer la porte, Ali avait posé sur moi un regard étrange ou je pouvais lire: ‘’ Mais putain ! vas-y Pa ! C’est ta mère quand même, y faut que tu ailles.’’ Mon propre gosse m’avait exhorté à me rendre au chevet de ma mère. Sa grand-mère qu’il ne connaîtrait jamais.
Trois jours plus tard, un vieux pote de comptoir me fournissait les papiers d’un faux mort et un vrai cercueil équipé d’un système d’aération bricolé à la hâte. Quant au reste, tout avait été organisé dans les règles, sans oublier la collecte de fonds dans un bistrot pour le convoyage du défunt.
Même dans le sketch le plus délirant, je n’aurais pu coller cette scène: un acteur comique voyageant en cercueil dans une soute à bagages. Quelle connerie. Pathétique. A Alger, j’allais arrêter cette pitoyable comédie.
Le choc interrompit mes digressions. Le boucan faillit m’éclater les tympans. Que se passait-il ? Je redressai la tête et tendis l’oreille. Nous étions à l’aéroport. Après un moment interminable, l’avion finit par ouvrir ses entrailles. Je sentis qu’on me soulevait. Environ une heure plus tard, je me retrouvai hissé dans un véhicule : direction mon village natal.
Excepté Djamel, mon jeune frère- le seul ayant échappé aux mains sans nom- personne n’était au courant de mon arrivée. Pour ne pas éveiller les soupçons, il avait tout réglé par mail de son bureau de comptable dans une usine de chaussures. Son efficacité et sa rapidité m’avaient stupéfié. Meilleur qu’un tour opérator le p’tit frangin ; même ma mère n’était pas au courant.
Pendant le voyage sur les routes sinueuses, le cercueil ne cessa de tanguer et cogner contre les parois. Je m’étais fait une bosse au front. Bras et jambes coincés, visage inondé de sueur. A chaque coup de freins, ma poitrine se serrait. Des heures d’enfer. Je croyais que j’allais devenir fou.
A peine garé, des cris fusèrent. On tira le cercueil vers l’extérieur avant un arrêt brusque, suivi d’un silence. Un très long silence. Une femme gueula, son cri ricocha de femme en femme. Puis des voix d’hommes.
-Mais ce mort là… Il est pas de cette famille.
- C’est vrai, renchérit un autre. On connaît personne de ce nom-là au village.
- Je vous dis que c’est ici, affirma mon frère.
Le cercueil avançait, reculait, comme si les types des pompes funèbres hésitaient à décharger leur livraison. L’un d’eux envisagea d’appeler son patron à Alger. Mon frère commença à le culpabiliser avec le respect dû aux morts et, pour renforcer ses propos, appelait systématiquement Dieu à la rescousse. Tandis qu’il parlait, le bruit s’amplifiait, les voisins devaient tous s’agglutiner autour de la camionnette.
-Je vais devoir appeler mon chef, grommela l’un des employés.
-Tenez, fit mon frère, c’est pour vous.
Le cercueil fut aussitôt soulevé du sol et transporté à l’intérieur de la maison.
Puis plus un bruit. Des minutes qui me parurent une éternité. Qu’est-ce qu’ils foutaient ? Il voulait que j’y passe pour de bon ou quoi ! Je m’apprêtai à pousser un cri quand j’entendis des bruits de pas.
Le couvercle s’ouvrit. Je mis un petit moment à m’habituer à la lumière.
A travers le hublot, j’aperçus le visage rondouillard du frangin et celui de ma mère.
- Alors comment ça va ? demanda-t-il en m’aidant à sortir. Je ne te demanderai pas si tu as fais un bon voyage.
- A tombeau ouvert, répondis-je avec un clin d’œil avant de le serrer contre moi.
Ma mère avait reculé de deux pas et, adossée au mur, elle me dévorait des yeux. Un sourire traversa son masque de douleur. Soutenue par deux vieilles cousines, elle s’approcha à pas si lents que j’avais l’impression qu’elle ne parviendrait jamais jusqu’à moi. Incapable du moindre geste, les bras ballants, je l’accompagnai du regard.
Elle se glissa entre mes bras et pleura.
- Y faut retourner au lit, ordonna le frangin. Le docteur a dit qu’il fallait pas que tu bouges trop.
- Laisse-moi Djamel, ordonna-t-elle. Tu es revenu alors Mohamed. Tu es revenu.
J’allumai une cigarette.
- Oui, maman.
Elle désigna le cercueil:
- T’aurais pas dû venir dans ça. T’aurais pas dû… Ca se fait pas mon fils, c’est une honte.
Je haussai les épaules.
- Je ne pouvais pas faire autrement.
Elle leva les yeux au ciel et commença à m’engueuler comme quand j’étais gosse. A bout d’arguments mais surtout de souffle, elle s’arrêta.
- Maman, je… je…
Telle une propriétaire, elle me fouillait du regard pour retrouver ce qui lui appartenait encore, ce que l’exil et ma nouvelle existence n’avaient pu dérober.
Puis elle se laissa à nouveau tomber dans mes bras.
- Je suis si heureuse de te voir Mohamed.
Son corps frêle, un paquet d’os. Ses sanglots étouffés contre ma poitrine. Ses ongles labouraient mon dos comme pour y inscrire des empreintes indélébiles.
- Mon Mohamed, tu es revenu, répétait-elle avec de plus en plus de difficultés pour respirer.
Inquiet, Djamel me fit un signe discret avant de la diriger d’autorité vers sa chambre.
Prêt à m’effondrer, je détournai la tête et m’accoudai au rebord de la fenêtre.
Une cigarette à la main, je fixai un point invisible dans le champ derrière la maison. Un troupeau de moutons paissait près d’un pylône électrique, de nombreuses habitations avaient poussé sur les champs qui faisaient la fierté de mon père : disparu deux mois avant ma fuite en France. Il m’avait fait promettre sur son lit de mort de ne jamais les vendre et continuer de les labourer. Mal à l’aise, j’avais juré de respecter ses dernières volontés ; mon départ était déjà programmé. Je portai le regard vers le sommet de la colline : il reposait dans sa terre rouge.
- Je… Je suis content de te voir, bredouilla Djamel. Je peux t’en prendre une ?
- Garde le paquet.
- Merci. Ça coûte vachement cher ici.
Nous restâmes assis côte à côte à fumer tels deux potes à la terrasse d’un bistrot. Une conversation sans phrases s'installa entre nous. Les mots, inutiles, se dissolvaient dans la chaleur de cette fin d’après-midi.
- Je dois repartir quand ?
Il fronça les sourcils.
- Demain à 8 heures.
- Non, je veux rester plus longtemps.
- C’est pas possible. J’ai eu Mourad au téléphone. Il a tout préparé avec un mec du consulat de France. Tu partiras avec les papiers d’un coopérant français mort d’une attaque cardiaque. Il va se faire enterrer du côté de Marseille.
- Je peux rester au moins un ou deux jours de plus.
- Non, c’est trop risqué que tu restes ici. T’es pas en sécurité. Ils vont finir par apprendre que tu es là.
Mon absence et les drames ayant ébranlé la famille lui avaient donné l’assurance d’un aîné, celle que je n’avais jamais eue. L’expérience en accéléré du malheur. Il me parlait comme à un petit frère à protéger. Et j’étais infoutu de lui offrir la moindre parole de réconfort. Minable.
- Viens Momo, on va manger.
Avant de me coucher, je poussai la porte de la chambre plongée dans l’obscurité. Je m’assis sur la chaise, à côté du lit. Sa respiration était bruyante et heurtée.
- Tu reviendras quand Momo ? murmura-t-elle en serrant ma main. Faut que tu reviennes vivre ici. Y faut pas que tu laisses Djamel tout seul.
Je baissai les yeux.
- Tu sais que …
- Je sais, m’interrompit-elle. J’espère qu’un jour, tu pourras revenir dans ta maison dans autre chose qu’un cercueil. Quand le sang cessera de couler.
Une quinte de toux commença à la secouer.
-Ce jour-là viendra, ajouta-t-elle après un long moment, j’en suis sûre mon fils. Un jour, notre pays sortira de cette nuit de sang. Tout à une fin, même l’horreur.
Elle cracha une nouvelle fois et conclut :
- Je le verrai pas ce jour-là, moi. Je serai au cimetière à l’ombre des cyprès… avec tes frères et ton père.
Le lendemain matin, j’étais prostré dans la cuisine avec Djamel et deux cousins. Les tasses de café et les clopes ne ralentissaient pas les aiguilles de la vieille horloge bourrée à craquer de dix-sept ans d’absence. Après avoir lâché deux plaisanteries foireuses pour tenter de ressusciter le bon temps où tout le village me surnommait Momo le rigolo, je fixai le carrelage fissuré en de nombreux endroits. Et les images se pressaient au portillon de la mémoire. Momo le rigolo, star comique en Europe, n’était plus qu’un fantôme sans humour, un type qui avait claqué la porte de son enfance et laissé la clef dedans. Paumé derrière une cloison de dérision.
Très mal à l’aise, Djamel précipita les adieux. Il m’entraîna jusqu’à ma mère recroquevillée sur un fauteuil. Dès qu’elle me vit, elle s’appuya à l’accoudoir, sans réussir à se lever. D’un geste agacé, elle demanda à une jeune voisine, immobile dans l’embrasure de la porte, de l’aider.
Incapable de prononcer le moindre mot, je l’embrassai sur les joues en évitant son regard.
- Faut y aller maintenant Momo, ordonna-t-il et me poussa dans le cercueil.
Avec une grimace de douleur, elle se pencha très lentement et embrassa le hublot. Son visage ne décollait plus du rectangle vitré. Une main la tira en arrière.
Djamel se pencha à son tour, visage tendu. Malgré son sourire, je sentis qu’il retenait ses larmes. Un grand pudique le petit frangin.
Il referma le cercueil.

10/02/2007

Lettre à celui qui ne sera jamais un vrai éditeur

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Ce billet est la réponse à la lettre de l'éditeur qui venait de racheter la maison qui me publiait et qui m'annonçait sans autre préambule qu'il soldait les exemplaires qui selon lui ne se vendraient guère plus dorénavant. Ainsi en avait-il décidé...


Cher Max,

Oh, que oui du désarroi. Devant mes pages ainsi maltraitées en constatant que seul le chapitre des chiffres de vente vous avez lu, c’est bien tout. Mon bon ami.
Oh, que oui, éditeur vous êtes, ce titre vous sied.
C….., piètre gérant et de défauts couverts, bien souvent bourrique stupide, n’était pas moins un animal d’humanité pétri avec qui engueulades donnaient du bon. Et à qui je reconnaîtrais jusqu’au trépas d’avoir lu et défendu mes prurits… Idem l’abominable K….., homme de tous les défauts, qui de droits d’auteurs n’a jamais vraiment su ce que ce mot veut dire. Pourtant ces deux Thénardiers ne m’ont pas aussi maltraité que vous, mon bon ami, qui pire qu’a un malpropre avant même de se rencontrer et d’échanger quelques animosités sympathiques et bactéries via postillons m’avez envoyé un diagnostic financier. Sachez qu’on ne se connaît ni des lèvres ni des dents et que n’importe qui m’interpellant ainsi finirait avec un manche de pioche en travers des narines accroché à un portemanteau. Soit je deviens civilisé, soit je vieillis.
Voilà en plus que vous me proposez ces d’exemplaires, à un prix quinze fois supérieur à ce qu’il en est réellement. Je vous solde mon brave et à mes conditions, me dites-vous, alors que ce papier noirci vaut à peine 80 euros la tonne.
Ce que les deux pieds nickelés n’ont jamais osé faire par peur de se faire occire, mon CV de tchétchène patenté et de serbo-croate en faisant foi, vous mon ami, inconscient du danger sans hésiter vous l’avez pratiqué. Quittez vos murs si vous sentez une quelconque odeur de gaz et surtout n’allumez pas la lumière. C’est le seul humour qu’il me reste sinon je me permettrais de dire me voici libéré du pire. Certes, si cela était vrai. Car non content d’envoyer à l’équarrisseur deux titres d'un coup vous mettez sous écrou le troisième.
Manquez vous de galanterie à ce point, ou êtes-vous si exsangue que ces 70 exemplaires de La Honte sur nous, défaut vous feront, en rubrique pertes et profits.
Auprès de quel brocanteur escomptez vous tirer quelques rondelles de cuivre. Est-ce là, l’avenir de notre collaboration ? Vous semblez vous en moquer, telle nouvelle génération qui pense qu’avant et qu’après elle rien n’a existé ni n’existera. Ah dame ! les sauterelles qui s’abattent sur nos terres font moins de dégâts au peuple.
Certes l’économie d’échelle vous guide, mais ne sciez pas tous les barreaux qui peuvent vous mener à grand succès. Que votre chemin soit bien éclairé, c’est plus doulce chose vous souhaiter. Et à votre longue aventure dans ce métier je trinque.

Moins romantique:

Bien sûr que je suis homme à charger ma charrette, car comme l’expression le prétend, on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Faites donc l’arrangement qu’il vous ira avec transporteur ou cariste. Il m’en coûtera trente centimes d’euro l’exemplaire. Et ce uniquement après constatation de ceux-ci. Il ne me dérange point de faire le voyage pour valider l’état et la quantité des ouvrages et vous régler en sonnante et trébuchante contre ces exemplaires, ou chèque certifié, car nenni je n’achèterai les yeux fermés. Si quantité et qualité ne sont pas comme prévue, ma prose au pilon, vous mettrez, doutant qu’un soldeur s’intéresse à ces nanars avec coquilles.

Accord convenu de parole, il me souvient. Et de cette parole j’en suis maître tant qu’elle n’est pas donnée, esclave après qu’elle le soit. Je n’ai prétention de donner leçon, mais comme berbère à réputation d’auvergnat, et, comme de la guerre le nerf en est l’écu, au moment d’icelle venue, de bons chevaux en son écurie sont bienvenus.
A bon entendeur, salut Max.

09:40 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)

07/02/2007

Le poing sur les lits

Un poil de ç qui manque c’est bien moins grave dans un texte que l’absence de barre au T. Un coup à rester sur le carreau, voyez-vous, et pas n’importe lequel, car il existe des différents entre eux comme le roi et le valet… de carreau.
Pour éviter toute confusion comme aurait dit, -lui qui ne l’était point tant- le philosophe confucéen. Donc, de plus en plus et depuis de puit en puit, de mal en pis je vais en puîné ruiné et non pas en cadet de carrousel bien que roux et de coups roué. Roulant confusément ma bosse dans mon carrosse, car de rosses et de fées point. Hé oui, la fée peine parfois, à trouver un remède à toute chose bien que sa baguette magique sous le bras pèse bien lourd parfois, comme cet humour qui n’en manque pas de pot, où par trois fois, le son du cor nous appela au fond des bois.
Moi, ma fée et moi, parfois nous allons au gré des bois réciter aux épis de blés des Avé en levant le petit doigt. Bon je sais à s’y méprendre, je ne peux me risquer au point de me pendre ou de me méprendre.

06/02/2007

Et pendant ce temps-là, Gaston Floquet se fout de sa notoriété

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Le débat qui suit provient de Wikipédia... Et il s'agit bien de Gaston Floquet... Pour ma part je n'y prendrais pas part...
J'ai croisé pas mal de gens qui avaient les mains dans la production picturale ou plastique, qu'importe le médium et si Gaston Floquet n'est pas un peintre qui a révolutionné la peinture, il a produit une oeuvre intéressante, il me semble.
Je comprends couic à la notoriété et la reconnaissance par des gens dont c'est le rôle de reconnaître le travail de ceux qui travaillent. Mais il y a des choses que je comprends, j'éprouve plus de vibrations à l'oeuvre de Malnuit qu'à celle de Klein... Dois-je pour autant être désespéré de ressentir la peinture comme un abruti.
Malnuit n'est pas connu, et ne le sera probablement jamais. Il est crevé, ivre mort, comme un chien sur un banc public, ce qui ne retire ou n'ajoute rien à son travail. Mais que faisaient les gens dont c'est le travail de reconnaître le travail des autres. Qui se serait penché de son vivant sur ce type ingérable. M'est souvenir que je lui avait organisé un rendez-vous avec la galerie du Parvis à Tarbes et qu’au bout de dix minutes il montrait sa bite à Roger Sevelle. Des souvenirs de cet acabit, ceux qui l’ont connu peuvent en raconter à la pelle. Plus fasciné par l’échec que par la réussite.
Quel officiel serait allé chez le vieil ours de Gaston, boire avec lui un whisky dans une chope pour lui proposer une exposition dans un quelconque musée? On est pas vraiment dans le même registre, l'un est celui du fonctionnaire parvenu à un statut, l'autre celui de l'artiste inconnu, d'où souvent une légère incompréhension, n'est-ce pas?
J’avais promis que je ne prendrais pas part au débat, voilà c’est fait…


Le débat en question

Pour utiliser un exemple, l'actuelle Wikipédia: Pages à supprimer/Gaston Floquet pointe un artiste dont j'ai le sentiment qu'il ne devrait pas avoir sa place sur Wikipédia. Je signale que je le connais pas, que j'ai pas de rancoeur, que je m'en fiche de Gaston et que la peinture c'est pas mon dada : Mon explication est un cas de figure (et ne correspond pas à ce que j'écrirai comme motivation).
Donc Gaston Floquet est un artiste régional de France. Il est au musée du Mans, suite à une donation. C'est à dire que le musée a accepté de le recevoir en cadeau gratuit (ça engage peu...), (1*) pouvant toujours le laisser moisir dans ses fonds. Que certains contributeurs connaissent l'artiste, l'apprécient ou soient capable de rédiger un discours critique ne compte absolument pas. Nos avis et jugements esthétiques personnels ne comptent pas ! Car nous devons relater seulement des points de vue référencés et notables : qui a dit quoi, qui pense quoi...etc. Ce sont les principes fondateurs de wikipédia.
La question est alors : Quels seront les références et sources notables permettant de justifier les textes ultérieurs de l'article ? Un jeune responsable culturel local, avec un DEA d'histoire médiéval ? Un article dans une revue artistique sans notoriété nationale ? Un commissaire d'expo inconnu hors de sa région ? Un article dans la gazette locale, qui traite également de l'exposition artistique du collège Boudin ? Un responsable de musée, qui ne s'est pas engagé personnellement dans une quelconque publication à propos de Gaston ? Vous négligerez alors de mettre des références, par malhonnêteté ?
Bref, Gaston figurera dans Wikipédia, avec l'impossibilité de fournir des sources sérieuses de référence à toute critique raisonnée. La seule source de référence deviendra l'association des Amis et Admirateurs de Gaston. L'article sera sans pertinence. Pas sérieux pour un article encyclopédique. --ironie + 8 décembre 2006 à 14:50 (CET)
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Le roi du Qatar
Exemple intéressant. Je fouille un peu le site des dits Amateurs de Gaston Floquet ; j'y trouve deux préfaces de catalogues, brèves et polies : l'une du conservateur du musée d'Alençon et l'autre d'un « critique d'art », à l'occasion d'une exposition à Compiègne. Je ne me sens pas la compétence pour juger si elles sont suffisamment doctes pour être de bonnes sources pour un article d'encyclopédie, je me contente de les pointer : manifestement nous avons tout de même un peu plus que simplement « l'association des Amis et Admirateurs de Gaston ».
Une fois ceci dit, notons quand même qu'on n'est pas obligé d'exiger que tout article consacré à un artiste contienne des observations de l'ordre de la critique. Une fiche factuelle (lieu de naissance et de mort, artistes fréquentés et école de rattachement, musées où des oeuvres sont visibles) me semble pouvoir être d'intérêt encyclopédique pour des artistes mineurs. Le risque est évidemment que des Amis Fanatiques de l'artiste, voire l'artiste lui-même s'il est encore vivant et comprend l'intérêt d'une fiche promotionnelle, ajoutent des passages critiques (dithyrambiques, forcément dithyrambiques) non sourcés. Dans l'article Floquet une phrase comme « Quant à l'homme il était un Personnage. D'une grande culture, il créa et se créa sa vie durant. » n'est pas d'une gigantesque qualité encyclopédique. Bon maintenant ce genre de phrase creuse, s'il n'y en a pas trop, ne pourrit pas trop l'article - les informations fausses qui pullulent partout me gênent davantage. Voilà un petit bilan donc de la situation Gaston Floquet qui me semble en effet une excellente base de réflexion pour savoir jusqu'où descendre. Touriste * (Discuter) 8 décembre 2006 à 15:02 (CET)

Impossible de vérifier, tes deux liens émanant du site des Amis de Gaston... Et même si je suis porté à croire, ça me semble pas suffisant du tout. J'ai placé la barre plus haut. Wikipédia n'accepte la biographie ni des scientifiques mineurs, ni des groupes musicals régionnaux. De la même manière, j'ai refusé l'article d'un artiste professionnel exposant à Paris, New York, Londres (galerie commerciales), avec des critiques universitaires, car il avait pas de notoriété suffisante. Tu sembles impressionné par les institutions, mais les musées et expositions ne sont pas comparables entre eux quant au prestige et à la notoriété. Un étudiant Beaux-Art de 25 ans doué se fera acheter une toile par une FRAC. Fraichement diplomé, il peut exposer (collectif) dans un musée de province si son travail est intéressant. Et il montera facilement son expo dans n'importe quel patelin, où il a des contacts. (je compare pas Gaston). Et des comme ça, y'en a des milliers en France, Europe ! On peut de même ajouter la bio de tous les artistes thésards (références et expos parfois notables), tout les noms d'enseignants des facs et écoles d'art (référence et expo...), la bio du moindre commisaire. Le bazar total, avec une bio de Marcel Duchamp (le Einstein de l'art) aussi longue que celle de Gaston.
En fait, le problème Gaston, c'est qu'il s'agit d'une quasi auto-promo, soit une contribution externe. Non que je veuille faire une attaque ad hominem contre le contributeur. Mais son acte n'est nullement initié dans l'intérêt de Wikipédia, mais dans celui seul de la notoriété de l'artiste. On ne peut donc attendre d'effort de neutralité, ou la nécessaire réserve dans le jugement sur la possible suppression de l'article. Que deux ou trois contributeurs actifs du projet art, prennent l'initiative de créer et suivre l'article, on pourrait croire que celui-ci sera rédigé avec la neutralité et la pertinence nécessaire. Mais là, mise à part des WikiGnomes non-spécialisés en Art, qui aura la compétence et surtout l'envie de s'occuper de la correction du fond ? Toi ?
« les informations fausses qui pullulent partout me gênent davantage ». Cet argumentaire minimise les dangers parce qu'il s'agirait seulement de peinture, d'Art... Je te renvois à la conscience de ton propre système de valeur, et non à un principe en soi ou une logique universelle. Pour plein de gens dans mon monde et pour mon système de pensée, la propagande des pseudo-sciences, les polémiques politiciennes, les données erronées de l'histoire nazie ou la véracité des informations sur le Big Bang, sont des détails très futiles et anodins, au regard de l'importance (vitale) des questions d'Art. L'art n'est un « divertissement sans danger », que pour ceux qui placent leurs illusions ailleurs. --ironie + 8 décembre 2006 à 17:33 (CET)
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et madame la reine du qatar...

(1*) Pour entrer au musée d'Alençon il a fallu l'aval du Conseil des Musées de France...

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le personnage qu'était Gaston Floquet, il suffit de cliquer sur son nom dans la colonne de gauche dans la rubrique peintres... oui là, juste où vous avez le doigt... cliquez avec la souris... Voila, vous vous retrouverez chez le Gaston.

05/02/2007

Un petit dessin de Gab's

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03/02/2007

EN ROUTE POUR LA GLOIRE...

ILS ONT SELECTIONNE LE BLOG DE RESSACS


Cliquez ici pour voir l'événement

02/02/2007

Rituel portuaire

Photo de Maggie Taylor...
Pour visualiser son travail se reporter à son lien dans la rubrique photographe.

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Par Alain jégou
J’accoste toujours dans un port avec la pénible impression de rejouer une scène mille et une fois répétée, de retrouver un vieux rêve inachevé, une fantaisie mentale bâclée et ennuyeuse abandonnée lors de ma dernière partance.
J’aborde le quai avec la même apathie de cœur que lorsque je me laisse emporter par mes plus glaireux cauchemars.
Je baigne dans le flou douteux et tire la vilaine tronche tant l’arrive me pèse.
Vaseux et mollasson, le corps dépenaillé, la silhouette avariée, la dégaine délirante et inquiétante d’un terre-neuvas en fin de campagne, je m’affale sur le plancher des vaches et des beaufs, la tête encore toute criblée de souvenances belliqueuses et maculée d’embruns vachards.
Je me traîne aux premiers pas, avant le premier verre. Largué, il me faut ramer pour revenir à la civilisation, retrouver la bonne case, le poste qui me revient et convient à mon état douteux, reconnaître les flonflons du bal ringard, me remémorer pour rejouer la petite musique de la vie sur terre, réintégrer ma place dans la formation populeuse, réapprendre à chaque fois les gestes de l’intégration et de l’intranquillité citadine.
Les guibolles à la chôle en un roulis farfelu qu’il est bien mal aisé de compenser, il me faut réapprendre à poser le pied pour me mouvoir sur un sol figé.
Cette fois encore, de retour d’une marée de quinze jours particulièrement éprouvante, je n’avais en tête que désirs de beuveries et d’étreintes féminines, que frôlements de peaux fêtardes et débridées . Oublier dans l’outrance de la bamboche pochtronne et charnelle, dussé-je y laisser mon salaire de deux semaines de mer, toutes les plaies et bosses qui balisaient ma ligne de vie.
Après avoir franchi la coupée, avoir posé mes ribouis sur le bitume dégueu, puant le jus de poiscaille et la pisse de chiens errants, j’embouquai une rue glauque et mal famée, dont la réputation n’était plus à faire dans la tronche des aminches des tempêtes, des racleurs d’océans, des bourlingueurs des mers d’Irlande, d’Ecosse ou de Bretagne.
C’était une de ces rues comme il en existe dans tous les ports du monde et les romans de Pierre MacOrlan, de Philippe S. Hadengue ou de Francis Carco, correspondant trait pour trait à tous les clichés zonards, avec ses claques et ses bars louches, avec ses putes aux guibolles résillées arpentant l’asphalte et chaloupant généreusement du prose, tous les michetons baveux du gland et chtarbés de la tringlette, les escarpes débutants et les proxos frimeurs, les terreurs de bazar, les fiottes de sanisettes, les obsédés chafouins, les paumés, les camés, et les matelots bruyants aux tatouages surprenants.
Clins d’œil des néons aux couleurs aguicheuses. Fard dégoulinant des façades flétries. Sales odeurs de graillon, de gnôles frelatées et de gogues débordants. Suint de mélopées sirupeuses ou tintouin d’accords hirsutes et agressifs. Smog épais alimenté par le souffle collectif des accros du mégot. Le cadre était parfait et la situation, louftingue à souhait, correspondait à mes inspiration et aspiration du moment. J’avais besoin de fange et de griseries troubles. L’endroit était propice à cela.
Semblable à tous ces naufragés de l’âme qui renâclaient furax après leur « chienne de vie », s’engueulaient, s’injuriaient, se filaient des gnons, se noircissaient, sans frein ni raisonnement, méthodiquement la vasque vasouillarde, gerbant leur trop-plein d’alcool et de rancœur sur les pavés des quais, je m’immisçai vite fait dans le délire ambiant, enfouissant ma carcasse dans l’interlope moiteur d’un rade décati, le plus craspec du cru.
La touffeur et les effluves folasses m’agrippèrent dès le sas et je dus fourrager dans l’hémisphère ad hoc pour chatouiller véloce mes quinquets fatigués et leur intimer l’ordre de se magner le train afin de me fournir le top de l’acuité.
La brume était si dense et le halo du phare qui surplombait le bar si faible et gringalet que nulle image, nul ton décemment présentable ne parvenait à lui fendre la panse. Je dus attendre quelques minutes, immobile et bigrement bigleux, avant de recouvrer un chouia de vision, juste l’essentiel pour pouvoir me mouvoir et atteindre l’abreuvoir sans dommages ni encombres.
La salle était bondée, pourtant peu tapageuse. Chaque client, tant occupé à se bichonner le gosier, se noircir les éponges aux volutes souillons de mégots meurtriers, nostalgiait à l’encan en grelottant du bulbe sur les accents poignants d’une chanson des Pogues.
Un juke-box cacochyme à vitrine burinée éjectait de ses bronches la complainte rocailleuse de l’Irish déjanté. Shane l’artiste avait saisi aux tripes tous les piliers du lieu, fait resurgir de loin, du plus profond d’eux-mêmes, l’émotion bien planquée sous leur glèbe d’idées torves et de nausées mentales.
Il parlait d’un Noël new-yorkais, d’une nuit que j’imaginai, solitaire et glaciale, pesant de toute sa froidure sur l’âpre blessure des cœurs désespérés. Ca suintait la détresse chronique, le mélo alcoolo, le déballage sordide, dans tous les regards présents et le texte de Shane pesait comme une chatte plombée sur les esprits intensément troublés.
Cette chanson me filait le bourdon et je communiai morbide avec tous mes voisins de débine, dans le silence et le recueillement unanimes.
Je pensai alors à Blaise Cendrars et à ses Pâques à New York, son désespoir, sa solitude, son âme en veuve noire, la souffrance des êtres qui lui ravinait le cœur, et sa prière, son poème, ses mots qui me revenaient en mémoire :
« Et votre angoisse et vos efforts et vos bonnes paroles
Qui pleurent dans le livre, doucement monotones. »
J’entendis aussi la voix ténue de la petite Jehane de France :
« Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? »
Ses sourires adolescents, éparpillés sur les quais des gares de Samara ou de Novgorod, revenaient en bouquets embaumer ma mémoire.
J’étais aussi à « 16 000 lieues du lieu de ma naissance », me consumant mochement et poivrotant abondamment. Comme d’aucuns chantent pour passer leur temps, je m’évadais malsain pour estourbir le mien.
J’étais à des lustres du temps de mon enfance, le temps bien révolu du bonheur tapageur et de la belle insouciance. J’avais trop tôt morflé et tout laissé crouler, m’étais fait embringuer dans les trips les plus louches avant de m’embarquer pour la grande aventure, la maritime débauche, la seule sublime errance.
Je n’avais aucun respect pour ma santé, mon corps, cette carcasse ouvertement, outrageusement torturée, cette barbaque barbare qui enveloppait, sans conviction aucune, le cœur salement meurtri qu’elle avait pour mission de protéger de toutes agressivités ou fausses amabilités contactées sur le duraille des quais.
Je m’étais forgé au fil du temps la tronche salement ravinée, volontairement rebutante, qui me préservait de tous abordages et ronds de fion vénaux. Du moins je le croyais.
Je déconnais suicidaire et bambochais féroce, mais seul en cause, n’entretenais en toute lucidité que ma propre déchéance, la bourlingue hirsute, le lent et volontaire dérèglement de tous les sens, la défonce programmée en toute connaissance de cause qui seyait à mon état d’esprit du moment.
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Photo Maggie Taylor...

JAZZ, AMOUR, SILENCE & REVES

L'année 2007 commence en Février aux Carnets du Dessert de Lune.
- Il y a du jazz avec un titre dans la collection Pièces Montées :

VISIONS OF MILES - Textes et dessins : YVES BUDIN
54 planches originales (34 quadri) (20 noir et blanc)
Préfaces : MARC MOULIN et JEAN-POL SCHROEDER
Conception graphique et mise en page : PHILIPPE HAULET
72 pages au format 29,5 x 20,5 cm - ISBN : 978-2-930235-75-2
Prix : 24,00 €

- De l'amour, du silence et des rêves avec trois titres dans la collection Pleine Lune :

AMOUREUSE - EVA KAVIAN-
Proses et Poèmes
Couverture couleur et 24 ill. intérieures en noir et blanc : GEORGES VAN HEVEL
76 pages au format 14,8 x 21 cm - ISBN : 978-2-930235-76-9
Prix : 11,50 €


COUPS DE CISEAUX - PERRINE LE QUERREC & STEPHANIE BUTTAY
Texte : Perrine Le Querrec - Couverture couleur et 32 ill. intérieures en noir et blanc : Stéphanie Buttay
Préface : GERARD SENDREY
78 pages au format 14,8 x 21 cm - ISBN : 978-2-930235-77-6
Prix : 12,00 €


ELLIS ISLAND'S DREAMS - MENACHE
Poèmes - Couverture : ROUDNEFF
Présentation : JEAN-LOUIS JACQUIER ROUX
38 pages au format 14,8 x 21 cm - ISBN : 978-2-930235-78-3 - 8,50 €

Ces 4 ouvrages vous sont proposés en souscription jusqu'au 26 février 2007.
Les 100 premiers souscripteurs des 4 titres recevront un dessin inédit d'Yves Budin,
« Jazzman & Hudson Hornet » imprimé sur papier Greentop Naturel, 170 gr. ,
au format 29,7 x 21 cm, numéroté de 1 à 100 et signé par l'auteur.

Pour commander le ou les titres, télécharger le bon de commande des éditions les carnets du dessert de Lune en cliquant dessus le bon_de_commande_2007.doc.pdf


Pour en savoir un peu plus, voyez la suite.

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YVES BUDIN - VISIONS OF MILES
(…) Moi, ce que je commence par aimer chez Budin, c'est la texture de son trait. Dès que ça part, ça ne convient déjà plus pour une illustration du petit Larousse illustré : ça vit, ça bouge, ça crie, ça chatouille, ça change d'épaisseur aux endroits inattendus, on se demande (comme avec le dessin de la page 59) si ça va être abstrait ou concret, et puis la tension se résout. Et on accepte, on adhère, on approuve et enfin, on adore.
- Notre époque, boulimique d'images, a fini par les décrier - séquelle de la télé? - dans un rapport d'amour-haine très caractéristique de certains comportements religieux. On finirait par en oublier ce que l'image, si vite et avec si peu de moyens parfois, nous apprend. Comment elle nous fait apercevoir en un instant ce dont de longs discours ne permettent même pas de donner une approximation. Napoléon a dit au moins une chose impérissable à ce sujet.
- Et voilà ce que j'aime chez Budin. Son livre (et son talent) ne nous renseigne à première vue que modérément sur l'art, l'histoire et le pourquoi de Miles Davis. Le minimum est qu'on sache au moins ça sur le Picasso de la musique. Mais sur l'art et la vie du très pictogénique Miles, les dessins de Budin nous offrent peut-être autant d'intuitions et d'informations - même si elles sont d'une nature différente - que les plus incontournables ouvrages de longues écritures qui lui ont été consacrés (notamment les bibles que sont les livres de Ian Carr, de Jack Chambers et de Miles lui-même - son autobiographie -).
MARC MOULIN (extrait de la Pré-face A)

(…) Miles. Et Yves Budin. Budin plays Miles - comme on disait Miles plays Bird, Miles plays Gil Evans ou, la plupart du temps, Miles plays Miles. On disait aussi, de Louis Armstrong, de Lester Young ou de Chet Baker (de Louis, de Lester, de Chet) qu'ils jouaient comme ils chantaient, et retour. De même, le dessin et le texte d'Yves Budin résonnent au même diapason ; celui, écorché et fin de nuit d'un dealer de spleen et de lumière noire : à l'image de Miles finalement. CQFD. Je laisse aux spécialistes de la BD le soin de vanter le trait, l'encrage et le reste. Je dis simplement, pour ma part (et pour la part du bleu - un must pour un spécialiste du black and white maculé de rouge) que ce portrait plein de bruit, de fureur rentrée et de silence débordant, apporte, aux antipodes du merchandising ambiant, un supplément d'âme à la paralittérature milesienne et à la paralittérature jazzique en général. (…)
JEAN-POL SCHROEDER (extrait de la Pré-face B (alternate take)

- L'AUTEUR :
- Né en 1974, dessinateur liégois, autodidacte, régent littéraire (français-histoire), passionné de musiques, de littérature américaine, d'Art en général, c'est par les écrits de Jack Kerouac qu'Yves Budin, s'est spécialisé dans l'illustration de l'univers du jazz. Son graphisme nerveux traduit les envolées de ceux qui sont devenus ses musiciens de prédilection : Miles Davis, Coltrane, Parker, Mingus… Il expose régulièrement dans les festivals jazz et a récemment illustré chez le même éditeur « La quadrature du cercle » de Jean-Christophe Belleveaux « Visions of Miles » est sa première publication. Bio, expos, projets et principaux travaux sur : sundancejazz

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EVA KAVIAN - AMOUREUSE - GEORGES VAN HEVEL
Eva est amoureuse. Il faudrait se dit-elle mettre amour et toujours dans le même poème, mais elle sait que toujours n'existe que pour les framboises écrasées sur les nappes trop blanches alors elle plonge dans la confiture, comme si l'on pouvait se noyer dans un bocal avec l'amour posé au bord. Et l'amour se penche et attrape la cheville déjà sucrée d'Eva mais glisse lui aussi dans les framboises rouges éclaboussant au passage l'entourage qui prend le jus pour du sang. Dans le fond du bocal Eva trouve l'amour accroché à sa cheville et le prend dans ses bras et lui dit pour toujours mon amour, la vie est un poème où l'on ne peut que se noyer. L'amour n'entend rien, avec la confiture dans ses oreilles mais il est bien, dans les bras d'Eva qui pourtant le lâche et lui tourne autour en quelques brasses jusqu'à la ligne sombre entre ses fesses qu'elle trace de sa langue coquine pour laisser une chance à la rime. Avant de sortir du bocal.

- LES AUTEURS:
- Née en 1964 en Belgique, Eva Kavian anime des ateliers d'écriture depuis 1985. Après quelques années de travail en hôpital psychiatrique, une formation psychanalytique et une formation à l'animation d'ateliers d'écriture (Paris, Elisabeth Bing), elle a fondé l'association Aganippé, au sein de laquelle elle anime des ateliers d'écriture, des formations pour animateurs, et organise des rencontres littéraires. L'Académie des Lettres lui a décerné le prix Horlait-Dapsens, en 2004. Elle a reçu le prix Marcel Thiry 2006, pour son dernier roman, « Le rôle de Bart ».

- Georges Van Hevel. Né en 1956. Graphiste et illustrateur, il se tourne d'emblée vers l'affiche et dessine pour le monde de la presse. Il se spécialise dans l'image de marque d'entreprise et le design graphique. Dans les années nonante, il fonde Quidam Studio dont les créations variées n'hésitent pas à intégrer les technologies d'illustration numérique les plus récentes.

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PERRINE LE QUERREC - COUPS DE CISEAUX - STEPHANIE BUTTAY
Elles sont trois femmes fortes autour de Oui-Merci, diversement armées pour ne pas subir l'existence, chacune revendiquant sa condition face à l'héroïne sadique dont elles souffrent toutes à la mesure des émotions provoquées en elles par l'état fragile de leurs sens. Ils sont deux petits mecs faiblards : Le grand géniteur contrit et le poussin anthropophage. L'aîné se répand en concessions fugitives. Et le plus jeune obsessionalise le chant du coq troubadour bas de gamme, à lui tout seul con comme un ballet de ténors dans les solos déchirants de l'impossible jalousie.
Perrine et Stéphanie sont les plus proches parentes de Oui-Merci. Il s'agit d'une trilogie dont le point commun est la souffrance devant le désir d'accomplissement total, au prix du chaos. La destruction de l'autre est une sauvegarde de soi.
Une fable subversive d'utilité pudique ; un paradoxal cri de joie dans toute la détresse du monde réduite à des éclats de style. Femmes, je vous aime !
GERARD SENDREY (extrait de l'avant-propos)

- LES AUTEURS :
- Perrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Elle écrit des nouvelles (Fourmilière, Editinter, 2004 et Tu ne liras point par-dessus l'épaule de ton voisin, Éd. Terre de Brume, 2003, adaptée pour le cinéma par Anaïs Vachez). Spécialiste en art contemporain, elle collabore chaque semaine aux magazines culturels en ligne bulbe.com et état-critique.com.
Elle vit et travaille à Paris comme recherchiste-documentaliste indépendante pour de nombreux auteurs et artistes.

- Née en 1968 au bord du Léman, Stéphanie Buttay traversa le lac et découvrit les auteurs de la Collection de l'art brut (Lausanne). Elle commença alors à jeter ses fils et ses lignes sur le papier. En 2005, elle a présenté son travail dans le cadre des Visions et Créations Dissidentes du Musée de la Création Franche (Bègles, Gironde), où elle figure désormais en tant que «créatrice concernée».

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MENACHE - ELLIS ISLAND'S DREAMS - ROUDNEFF
Existe-t-il des pays propices au(x) rêve(s) ? Je n'imagine pas Ménaché s'embarquant pour la terre de l'Oncle Sam, voici bientôt quinze ans, avec semblable question en tête. Il y a longtemps que ce perpétuel exilé dort d'un sommeil trop léger pour succomber aux tentations clinquantes des empires de cocagne. Aux Etats-Unis d'Amérique comme ailleurs, l'espoir vire souvent au cauchemar. La vie cependant s'agrippe à ce quotidien brutal et inhumain « dans une perpétuelle recréation du monde » et c'est précisément là, au cœur de ce no man's land déglingué, que le poète a choisi de mêler sa voix à celle de ses frères de presque silence. Sans un mot plus haut que l'autre, mais avec force, le poème vient cingler le lecteur comme une averse prompte à « faire chanter le feu et le cuivre » en chacune de ses veines.
Jean-Louis Jacquier-Roux (4ème de couverture)

- LES AUTEURS:
-Ménaché est né à Lyon, le 15 juillet 1941. Principales publications : Pavés et Fenêtres, éd. Pierre-Jean Oswald, 1971 ; Fable des matières, éd. du Dé Bleu, 1983 ; Claquemuraille, éd. Fédérop, 1985 ; Ectoplasme à plumes rouges et bonnet de nuit, La Bartavelle éditeur, 1991 ; Célébration de l'œuf, Orage-Lagune-express, 2002 ; Rue Désirée, une saison en enfance, Editions La Passe du Vent, 2004. Une anthologie de ses poèmes a été enregistrée par Alain Carré : Excès de Naissance, éd. Autrement dit, 2004.

- Roudneff. Né en 1933 à Faymoreau (Vendée). Réalise plusieurs livres d'artiste ou illustrés en collaboration avec des poètes, notamment Plier Bagage avec Michel Butor, Michel Dunand, Jean-Pierre Gandebeuf, Jean-Louis Jacquier-Roux, Ménaché, 1997 ; Feuilles de route, avec Jean-Pierre Gandebeuf, 2002 ; Regard sur le silence, avec Jean-Pierre Gandebeuf, Gino Maselli, Ménaché, Philippe Tomasini, 2002.

La nostalgie, camarade... sur un air de Serge Gainsbourg

Je laissais tourner mon magnéto face à cet homme. A combien de wiskys en étions nous. Je l’ignore. Il admirait Hemingway, st Exupéry et Cendrars. Cet homme d’action ne pouvait en aucun cas être stupide. Notre discussion n’avait porté que sur la littérature jusqu’à présent. Je sentais la chaleur du bourbon me battre les tempes. Et j’écoutais. J’avoue que si je n’avais pas gradé ouvert le magnétophone, je ne me serais pas souvenu ce qu’il m’avait raconté.

-Vous les pacifistes vous me faites rire, vous n’êtes que des imbéciles. Vous crachez dans la soupe mais vous ne vous rendez pas compte de ce que vous devez à l’activité de la guerre. Vous voyez mon cher ami, entre gens civilisés on ne peut pas cracher sur la guerre. Parce que c’est l'activité humaine la plus sérieuse qui soit. Rien n'est plus captivant, ne requiert autant d'énergie. La guerre est à la base de toute société. Toute activité humaine, si elle veut progresser, doit s'inscrire dans cette logique. Il n'y a que chez les primitifs, les sous-développés que la guerre ne sert pas le progrès. Ils se massacrent à coups de machette, s'égorgent au tesson de bouteille, se font gicler la tripe à la serpe. C'est pas du travail… On en parle à peine à la télé… vous le voyez bien vous qui êtes dans les médias que ça n'intéresse personne… Quel gâchis !
Alors qu'une bonne guerre moderne, comme on sait les faire ça maintient un Audimat en haleine pendant six mois, un an. Tous les bonimenteurs y vont de leurs pronostics, sur le déroulement des événements à venir. Les petites gens stockent des vivres, on écoule des tranquillisants. L'Audimat progresse, les pages de pub se vendent plus cher. Cela fait marcher le petit commerce, qui en a bien besoin. C’est merveilleux…
Les guerres des pauvres ne valent pas tripette. Un million d’Africains, ça fait moins de bruit qu’une poignée de bon gros pépères pétris de bonnes manières ou qu’un paquet de yankee réduit en poussières. Les guerres des pauvres sont sales, parce qu’elles sont silencieuses. Quelques explosions par-ci, par-là, quelques rafales de mitraillettes. Rien d'autre. Comment voulez-vous faire peur avec ça ? Comment ces difformes du bide, ces maigrichons couverts de mouches peuvent-ils faire trembler la ménagère? Ils sont trop maigres pour être crédibles. A peine réels. Non ?
Toute notre belle technologie ne leur sert à rien. Pas de radar, pas de contre-mesures électroniques, pas de sous-marins, pas d'avions, ni de chars. Il ne consomment rien, pas de bombes à ailettes, à fragmentation, à souffle, au phosphore, à ondes de choc. Pas d'obus, pas de canon, de jeep, d'half-tracks, de véhicules blindés, d'automitrailleuses, de barges de débarquement, de rations de survie, de casques lourds, de parachutes, de planeurs. Rien de tout ce qui fait notre belle civilisation ne les intéresse. Des cailloux, des couteaux, des arcs, des flèches, voilà de quoi se servent les pauvres, pour s'étriper. Une misère, je vous assure.
Chez nous, au minimum, ça finit par un grand feu d'artifice. Je te rase une ville, tu m’en rases une autre. En beauté, Dresde, Hiroshima, Londres. Nous autres, on ne lésine jamais sur la camelote. Qui plus est, maintenant avec la télévision, il faut mettre le paquet. Que les ponts s'écroulent, que ça pétarade, que ça casse, que ça bastonne, de partout. Beaucoup de bruits et de dégâts, pour peu de morts, finalement. Cent mille, deux cent mille, peut être ? De la rigolade. Pendant ce temps-là, à la machette, un million et demi, sans bruit. Avec, par-dessus, une couche d'épidémies de peste, de choléra, ou tout autre virus inconnu. Plus une bonne vieille famine. On frôle les deux millions en quelques semaines. Personne ne peut prétendre à mieux !

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Pour obtenir le même chiffre, dans n'importe quelle guerre qui se respecte, au Vietnam, en 14 ou ailleurs, combien a-t-on utilisé de million de tonne, de napalm, d'agent orange, de gaz moutarde?
Nous, on sait faire durer… Cinq ans, dix, trente, ou deux générations. Pendant ce temps-là, on se hait. Là, en deux mois, plus rien. Ils se zigouillent jusqu’au dernier. Ce n’est pas du travail. Comment voulez-vous après ça, revendre des armes aux survivants pour venger leurs morts ? Ils n’ont aucun sens du commerce. Alors que nos guerres à nous, c’est pas croyable tout ce beau matériel qu'on utilise. Quand j’y pense.
C’est parce que les pauvres ne savent pas se tuer correctement, et qu’ils font ça quasiment avec rien, qu’ils ne peuvent que rester pauvres durablement. Pas étonnant que personne n'en entende parler. Heureusement qu’il reste quelques idiots de médecins français, à cheval sur les principes et arriérés au point de croire encore aux valeurs humaines pour en faire parler. Alors-la ça devient intéressant…
La guerre, c'est trop sérieux pour ne la laisser qu'aux seules mains des intérêts particuliers. Il faut aussi y associer, les publicitaires, les caméras… Le plus de monde possible, je vous dis. Pour vendre du papier il faut de la tripe à chaque repas. Sinon comment les braves gens pourraient se repaître de leur bonheur de vivre dans nos sociétés. Il faut qu’ils puissent mesurer leur joie. Sinon c’est pas du jeu. Il faaut qu’ils aient peur aussi pour qu’on puisse vendre les services de notre police.
Si on les laissait faire, les pauvres se garderaient tout le meilleur pour eux et on n’aurait pas droit à notre show télévisuel.
Même la Rome antique avec ses stades, ses lions, ses gladiateurs, ses esclaves ne pouvait pas en aligner autant de spectateurs. Six milliards d’un seul coup… C’est vraiment joli un puits de pétrole en feu, sur un ciel noir, avec une ambiance de fin du monde. La ménagère de moins de cinquante ans prend une poussée d’adrénaline. Elle court s’acheter des provisions car le pire est à venir. C’est du sérieux, ça... Pas comme ces peigne-culs de pauvres. Pire. Ils font eux-mêmes leurs kalachnikovs, avec des bouts de bois et des tuyaux au fond de leurs gourbis. Il faudrait que la convention de Genève interdise ça. Ils ne devraient avoir le droit de se charcuter qu’avec des vraies armes manufacturées sinon c’est un crime contre l’humanité Sinon à quoi servent tous nos efforts ?
C’est pas le tout de s’étriper, mais dans les règles de l’art, c’est bien plus profitable. Ça donne de l’emploi aux arsenaux. Notre belle industrie qui ne sert plus à rien. Ces saletés de pauvres nous la jouent bégueules et à la déloyale. Nos règlements, nos explosifs, nos tribunaux, nos procès et tout le bastringue ne servent plus à rien. Qu’ils se saignent n’a jamais empêché les mines de diamant de produire, les puits de cracher le pétrole, le pavot de pousser. Le profit est toujours là, malheureusement pas assez juteux. Dans l’échelle de l’économie, on pourrait faire des bénéfices à trois chiffres. C’est à cause de l’incivilité de ces sauvageons qu’on est obligé de se rabattre sur des opérations moins mirobolantes.
Le citoyen honnête en réclame pour ses impôts. On n’a pas le droit de le tromper sur la marchandise. Il faut qu’il ait peur et qu’il soit rassuré par cette noble institution qu’est l’armée. À quoi serviraient toutes ces médailles, ces camions, ces galons, ces défilés, sinon ? Si on n’y prenait pas garde et si on les laissait faire notre belle civilisation serait dangereusement menacée par tous ces primitifs.