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11/01/2016

La lettre d'Albert Marcoeur

Albert Marcoeur....   Comme toujours il restera un de ces artistes inconnus ou mal connus ou juste connu de ceux à qui sa musique donne du plaisir. Zappa à la française disent d'aucun... Un de ces grands bonhommes.  Un Albert au grand coeur tout simplement pour les autres, dont je fais partie... Voila l'homme qui parle des attentats dans ses voeux 2016, à sa façon d'artiste, avec sa sensibilité, son regard décalé et tellement humain... Merci Albert... Et que la 2016 te soit belle....

Aujourd’hui, c’est pas le drapeau français que j’ai envie d’accrocher à ma fenêtre, c’est mon slip plein de merde. Parce que moi, j’ai la trouille, sérieusement les chocottes. Et quand on a les foies, vous le savez tous, on chie dans son bène. Voilà, c’est tout ce que je voulais dire sur toutes ces histoires. Je ne fais pas partie de cette grande famille qui relève la tête et qui ne se laisse pas impressionner. Dans la famille des grands trouillards de la République, vous avez devant vous un représentant de première bourre.

Au lendemain des attentats meurtriers, on a assisté à une déferlante de bons sentiments, d’expressions savoureuses mais néanmoins citoyennes, tout un falbalas de phrases toutes faites qui n’engagent hélas et heureusement que ceux qui les ont apprises par coeur : "Les auteurs de ces attentats horribles, ignobles, abjects seront jugés avec la plus grande sévérité et punis avec la plus grande fermeté. L’horreur sur tous les fronts. Le carnage, la terreur, la barbarie, l’effroi, la nausée. La République a toujours su relever la tête aux périodes les plus sombres de son histoire etc., etc." Mais aujourd’hui, c’est plus pareil, si tu la relèves trop, la tête, on te la coupe. Le plus triste étant que maintenant, on est condamné à faire le museau et avancer en rang, en silence, en croisant les doigts afin de ne pas prendre un pruneau dans le bide, une éclaboussure de mitraille ou un coup de surin aux alentours de la carotide. Longtemps, j’ai pensé qu’avec toutes nos agences de renseignements, notre logistique à trouer le cul, nos soldats armés jusqu’aux dents, notre force de frappe et nos bombes atomiques, passer un petit coup d’éponge vite fait ne devrait pas être problématique ! Seulement, on m’a dit : « Albert, ça ne se passe pas comme ça ! Les lois de la stratégie économique et de la géopolitique sont compliquées. » À ce moment de la discussion, il y a généralement un peacelovieux qui la ramène : « Les armes sont en vente libre sur Internet, les états en vendent. On serait quand-même gonflé de vendre un truc à quelqu’un et l’empêcher de s’en servir. » Le radical de gauche intervient : « On nous vend déjà une voiture qui peut rouler à 220 km/h et on nous oblige à ne pas dépasser 90 km/h, ça suffit comme ça, non ? » Et bien la voilà, l’idée : limiter le nombre de victimes pour chaque intervention ! Si on dépasse la dose prescrite, on retire le permis de chasse. L’ami de trente ans clôt le débat : « Albert, tu n’y connais vraiment rien, laisse tomber toutes ces histoires et fais-nous rigoler, ça tu sais. Et je ne te cache pas qu’on préfère. »

Il est juste que sur le terrain de la rigolade, les sujets ne manquent pas. Le seul problème étant qu’ils sont de moins en moins visibles à l’oeil nu. Ouvrons donc les deux.

Le Président américain écoute les conversations téléphoniques du Président français au moment où ce dernier promulgue une loi sur le renseignement qui les autorise, ces écoutes téléphoniques. Plus crétin, est-ce que ça existe ?

Oui, Manuel Valls propose un Code de bonne conduite pour les organes de renseignement et d’espionnage. Sacré Manuel, va !

On comptait entre quarante et cinquante tonnes de cadenas accrochés aux balustrades métalliques du Pont des Arts à Paris. Tous ces cadenas étaient les témoignages vivants et authentiques des amoureux du monde entier qui, depuis des siècles, immortalisaient leur odyssée amoureuse. Il était impensable pour des amoureux normalement constitués, de fouler le Pont des Arts en omettant d’officialiser leur idylle. Tous les cadenas étaient différents. Certains de pacotille, d’autres suprêmement sophistiqués ou transpirant l’humour foireux et le sexe à deux balles. Plus le cadenas avait de valeur, plus la liaison avait des chances de perdurer. Certains couples restaient soudés et louaient leur vie entière ce petit cadenas qu’autrefois, ils avaient accroché au Pont des Arts. Les couples qui se séparaient ne revenaient jamais au Pont des Arts décadenasser leur fervent témoignage. Et même si certains y pensaient, ne serait-ce que par pure honnêteté, il aurait déjà fallu retrouver les clefs au fond de la Seine ! Ah oui, parce que je ne vous ai pas dit, une fois le cadenas verrouillé, les clés étaient jetées dans la Seine : symbole parabolique ultime !

L’avènement des couples homosexuels a été le théâtre d’attroupements et d’embouteillages mémorables sur le Pont des Arts. On envisagea même de construire un autre Pont des Arts identique au premier afin de désengorger ce dernier. Mais le projet fut abandonné pour diverses raisons. Le coût, bien sûr, mais pas seulement. Les amoureux ont rejeté d’emblée l’imitation ; ce qui les intéressait, c’était de joindre leur cadenas à la masse de cadenas déjà répertoriée. Ajouter leur histoire d’amour à eux à la Grande Histoire du Pont des Arts . Ce deuxième pont n’aurait eu qu’une valeur anecdotique de vulgaire dépannage. Le Pont des Arts, c’est le Pont des Arts, il est unique, c’est pas la grotte Chauvet.

On se rendit compte au début de l’année 2015 que les rambardes du Pont des Arts pliaient l’échine et les commissions de sécurité tirèrent la sonnette d’alarme. La Mairesse de Paris angoissa à l’idée que des grappes de cadenas se cassent la gueule sur des bateaux-mouches remplis de touristes chinois. "On va retirer près d'un million de cadenas, soit 45 tonnes", explique Bruno Julliard, premier adjoint, qui déplore "cette laideur". Dehors les amoureux, allez cadenasser ailleurs !

Je me souviens d’une photo en noir et blanc qui représentait les cadenas du Pont des Arts cadenassés entre eux. Des cadenas cadenassés à des cadenas, magnifique ! Et c’était légendé : Amour, quand tu nous tiens !

Avons-nous, toutes et tous, repris nos esprits, nos forces et nos couleurs ? Je l’espère de tout coeur, histoire de nous présenter à l’aube de cette nouvelle année, frais comme des gardons, presque tout neufs. Salutations XXL.

Albert Marcoeur, le 03 janvier 2016

Commentaires

Ah que ça fait du bien de lire ça !

Écrit par : jean-louis | 26/01/2016

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