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27/02/2009

Au revoir Andréa !

Soeur Andréa in memoriam.

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soeur Andréa décembre 2003

Un mail est tombé envoyé par Devi probablement, la plus âgée des filles de l'orphelinat..... maman a ete hospitalisee et maintenant elle est morte.


J'ai eu le chance de croiser soeur Andréa lors de mon séjour en Inde et d'habiter à l'orphelinat pendant six mois entre septembre 2003 et mars 2004... Je m'étais promis de retourner rapidement à Pondicherry, la vie en a décidé autrement. Andréa déjà affaiblie par sa maladie, continuait à diriger sa grande maison parfois depuis son lit où il lui arrivait de rester allongée toute la journée. Malgré son état de santé elle faisait preuve d'un charisme et d'une attention de tous les instants aux enfants. Les amis, tous laïcs, qui sont passés nous voir en Inde, ont été subjugué par cette femme qui avait réussi à convaincre et à construire cette maison pour les enfants.

Biographie extraite du site de l'orphelinat:
Arrivée en Inde à l'age de 29 ans, Soeur Andréa consacre sa vie au service des pauvres : d'abord auprès des lépreux pendant 12 ans, puis comme bénévole au service social du consulat français de Pondichéry pendant 12 autres années alors qu'elle travaillait au lycée français.

Ces années au consulat lui ont permis de réaliser l'importance de la misère et l'insuffisante scolarisation des enfants.
En 1981, à l'age de 50 ans et avec l'accord de l'archevêque de Pondichéry, elle décide de créer une institution pour accueillir les enfants des rues, orphelins ou abandonnés : c'est la fondation de P.A.V.O.
Les dix-huit premiers enfants sont accueillis dans une maison en location.
Dès 1985, l'orphelinat dispose en propre de son premier bâtiment, dans le quartier Venkata Nagar au sein de la ville indienne. Grâce à des dons et au financement de l'association A.A.V.O., des locaux annexes viennent progressivement compléter le bâtiment principal.
Aujourd'hui l'orphelinat accueille environ 75 enfants, certains dès leur naissance, et jusqu'à leur autonomie vers 21-23 ans, l'age de la majorité étant fixé à 21 ans en Inde.
L'orphelinat aide aussi à l'extérieur de l'orphelinat plus de 80 enfants issus de familles très défavorisées : ces enfants peuvent ainsi continuer à vivre chez eux.


Si vous voulez en savoir plus sur Andréa et son oeuvre et contribuer à sa pérennité Cliquez Ici


Passage des Indes.


Extraits du roman à paraître.


Dans cette pièce toute sombre, éclairée seulement par deux fenêtres peu lumineuses car recouvertes d’un fin grillage censé en interdire l’accès aux moustiques, on ne distinguait pas immédiatement en venant du dehors la masse allongée du corps sur un lit au fond. Le ventilateur brassait efficacement l’air. La vieille sœur dormait sur un lit en bois dont l’armature soutenait des lanières de corde qui lui servait de sommier. Depuis son antre où elle semblait à l’agonie, elle surveillait l’orphelinat. Sa chambre, lieu stratégique de passage entre les bureaux et le réfectoire lui permettait d’entendre tout ce qui se passait.
Andréa ne s’était pas levée de la journée. Elle récupérait de sa nuit blanche. Son taux de sucre anormalement élevé la faisait terriblement souffrir des jambes. Elle se réveillera quand elle aura faim où lorsque la douleur sera trop importante. Parfois elle pleurait, autant par souffrance que par désespoir de se voir affaiblie alors qu’il y avait encore tant à faire. Pourtant elle ne prenait pas son insuline régulièrement prétextant que la veille son taux de glycémie était très bas et qu’elle se sentait bien. Cela lui faisait sur les jambes des marques à l’endroit où elle appuyait, comme un mastic mou qui aurait gardé l’empreinte du doigt.

Les jours où sa santé lui permettait, elle trottinait et d’un œil vigilant et inspectait tout. Des bureaux aux cuisines, elle donnait de la voix et sermonnait, râlait, pestait, tempêtait. Depuis son opération, comme elle ne pouvait plus monter à l’étage dans les dortoirs des grandes filles pour constater l’état de propreté, elle se contentait de vérifier si toutes les assiettes et les verres en inox étaient bien à leur place dans les étagères, ce qui lui donnait une indication sur l’état de rangement des dortoirs. Les plus grandes tentaient de faire régner l’ordre, certaines y arrivaient, à coups de décibels et de torgnoles ; ce qui est bien plus efficace.

Les assiette et les verres portaient le numéro de l’enfant. Pas de couteau ni de fourchettes prévues dans l’équipement ; simplement une cuiller. Et ceux qui avaient égaré la leur mangeaient à la main, ce qui la mettait en colère.
Les grandes, censées aider à maintenir le cap, étaient les plus souvent absentes au réfectoire. Elles se faisaient apporter leurs repas dans les dortoirs par une plus jeune. Quand la sœur inspectait les gamelles, chacun devait avoir son matériel au complet devant lui. Elle vérifiait le numéro de quelques-uns. Comme ce n’était jamais les bons, il fallait organiser un loto pour que chaque propriétaire retrouve son matériel. Loi du genre oblige, les plus grandes dérobent aux plus petites, les leur. Ils partaient à la chasse au trésor récupérer dans les dortoirs sous les lits ou dans les armoires, les assiettes manquantes.
— C’est pas possible d’être aussi indiscipliné. Vous faites n’importe quoi. La nourriture est interdite dans les dortoirs. J’ai trouvé la porte d’entrée grande ouverte cet après-midi et un rat énorme dans le dortoir des petits. Vous savez bien qu’il faut la fermer à cause des rats. Et en plus vous montez la nourriture qui les attire. Vous faites n’importe quoi… Les petits dorment en bas, il aurait pu les mordre. Un rat gros comme un chat et il était très agressif. Il a fallu se mettre à plusieurs pour le chasser. Rien ne va plus dans cette maison…
Puis il fallait attendre que la prière soit finie pour passer à table.
Quand le réfectoire bruyant résonnait des cris des gosses, cela ne manquait pas d’attirer la sœur qui arrivait de son antre en râlant :
— Non mais, c’est quoi ce bazar ? Vous faites n’importe quoi...
Elle menait sa nombreuse famille comme elle pouvait. Son autorité remise en cause par les plus grandes, les plus retors aussi, l’obligeait à des colères tonitruantes dont elle se serait bien passée. Elle arrive encore à régenter tout son monde, bien qu’elle sache que depuis sa maladie, la maison ne tournait plus comme elle l’aurait voulue.
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Joseph, c’est un petit maigre, ingénu, chez qui toutes les misères du monde, se sont données rendez-vous. Pas un jour sans une chute, ou un coup de poing généreusement offert par un plus grand. Une sorte de clown triste qui ne peut exister qu’en faisant des bêtises. Et il en fait, dans le cadre de la loi de l’emmerdement maximum, appelée aussi loi de Murphy. À Dipawali, fête ô combien pétaradante qui consiste pendant deux jours à faire exploser des pétards en ribambelles, tous plus dangereux les uns que les autres, d’énormes détonations retentissent dans toute les quartiers. Tirs de mitrailleuse, claquements solitaires ; depuis les terrasses on pourrait croire que les combats d’une guerre civile à l’arme légère se déroulent en ville. Et ce n’est pas la mousson qui calme les pétaradantes joies, bien au contraire. Plus il pleut, plus les autochtones redoublent d’allégresse explosive. C’est qu’il faut les honorer les dieux ; alors ils y vont de leurs pétards. Dipawali c’est le jour où les services d’urgence sont débordés, tympans crevés, doigts brûlés, oeil énucléé...
Dipawali c’est aussi le jour où les enfants désargentés tirent leurs pétards de seconde qualité; ceux ramassés dans la rue parce qu’ils n’ont pas explosé. En dépiautant les couches superposées de papier il est possible de retrouver le bout de la mèche et de tirer dessus pour en obtenir une. Avantage ; ils sont moins cher. Inconvénient ; la mèche est bien plus courte, voire quasiment inexistante et le pétard explose très vite et bien plus fort... En réunissant les divers éléments : l’orphelinat, des pétards à mèche très courte, Joseph et Dipawali : les conditions de l’application de la loi de Murphy étaient réunies.
L’idée absolument lumineuse du petit Joseph a été de mettre un pétard dans un sac plastique après l’avoir allumé. Il a bien réussi, mais l’explosion a fait fondre le plastique et lui a douloureusement endolori la main. Un des garçons est venu me chercher pour lui porter secours. Joseph pleurait et tenait la main plongée dans un pichet rempli d’eau.
— Mais qu’est ce que tu as foutu ? Fais-moi voire ta main...
— Faut pas le dire à maman.
— T’occupe ouvre ta main ?
— Je peux pas, gémit-il.
J’ai essayé de regarder l'état de la plaie, j’ai vu des cloques, du plastique fondu, mais la poudre brûlée recouvrait tout d’une couche grisâtre et grasse.
— Désolé mon vieux mais je ne peux rien pour toi. Il faut nettoyer ça avec de l’alcool, et voir si rien n’est cassé. C’est pas normal que tu ne puisses pas bouger tes doigts. Je t’accompagne chez Dolorès.
Il ne voulait pas le bougre.
— Elle va me punir, parce que j'ai fait une bêtise.
— Mais non, mais non, elle ne va pas te punir. De toute façon tu es obligé d'aller la voir... Tu n'as pas le choix...
Il me suivait et gardait toujours la main plongée dans le pichet. Quand Dolorès nous a vu, elle a compris. Elle n’a pas réfléchi et s’est levée comme elle a pu, a réclamé ses deux grandes filles pour l'aider et venir avec elle. Son ami médecin et propriétaire de la clinique ne l'a fait jamais payer ni pour elle ni pour les enfants. Et ça fait du monde son orphelinat.
Sans hésiter elle l’a emmené à la clinique, vérifier qu’aucune fracture ne l’avait estropié, le piquer contre le tétanos... Considérant que la leçon avait suffisamment était douloureuse il n’a pas eu droit à sa paire de baffe bien méritée. Elle se contenta de le regarder avec un léger sourire narquois et de le traiter d’andouille; son insulte préférée.




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l'heure du départ après six mois à Pondy, mars 2004

11/01/2009

Vic Chesnutt

Pour ne pas désespérer de l’espèce humaine il existe des gens comme Vic Chesnutt qui vous font croire qu’on peut encore repousser les limites quand on est acculé à force de n’avoir plus rien. Il fait exister encore une porte de secours vers laquelle se diriger. Un miracle étant rare dans ce monde autant en profiter immédiatement.
Au carrefour des Cohen, Russel, Guthrie, Buckley, il y a le petit Vic, abandonné dans sa poussette. Méchamment amoché par les fées qui se sont penchées sur le landau.C’est lui qui descendait les marches dans le film du cuirassé Potemkine. Une tête d’allumé de première. Chesnutt va à l’essentiel. Il dépouille comme on le dit d’une eau forte et la teinte de l’empreinte toute en manière noire devient lumière. Un drôle de type à écouter toutes affaires cessantes.
Vous dire que ce type m'a filé la chair de poule, c'est peu... Fort et bon comme un alcool vieux...

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Pour commencer vous pouvez vous jeter ça derrière la cravate....

et puis s'il vous reste un doute remettre ça, si vraiment vous êtes d'un autre monde et que vous ne croyez pas ce que je dis