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24/09/2008

la vitesse de refroidissement de l'enfer...

Voici la version d'une question "bonus" de chimie posée à l'université de Nanterre. La réponse d'un étudiant a été si loufoque que le professeur l'a partagée avec ses collègues, via Internet, et c'est pourquoi vous avez le plaisir de la lire ....

Question Bonus: « l'enfer est-il exothermique1 ou endothermique2 » (1 : évacue la chaleur, 2 : absorbe la chaleur)
La plupart des étudiants ont exprimé leur croyance en utilisant la loi de Boyle (si un gaz se dilate il se refroidit et inversement) ou ses variantes.
Cependant, un étudiant eut la réponse suivante...

Premièrement, nous avons besoin de connaître comment varie la masse de l'enfer avec le temps. Nous avons besoin de connaître à quel taux les âmes entrent et sortent de l'enfer. Je pense que nous pouvons assumer sans risque qu'une fois entrées en enfer, les âmes n'en ressortiront plus. Du coup aucune âme ne sort.
De même pour le calcul du nombre d'entrées des âmes en enfer, nous devons regarder le fonctionnement des différentes religions qui existent de par le monde aujourd'hui. La plupart de ces religions affirment que si vous n'êtes pas membre de leur religion, vous irez en enfer. Comme il existe plus d'une religion exprimant cette règle, et comme les gens n'appartiennent pas à plus d'une religion, nous pouvons projeter que toutes les âmes vont en enfer...

Maintenant, regardons la vitesse de changement de volume de l'enfer parce que la Loi de Boyle spécifie que « pour que la pression et la température restent identiques en enfer, le volume de l'enfer doit se dilater proportionnellement à l'entrée des âmes ». Par conséquent cela donne deux possibilités:
1) si l'enfer se dilate à une moindre vitesse que l'entrée des âmes en enfer, alors la température et la pression en enfer augmenteront indéfiniment jusqu'à ce que l'enfer éclate.
2) si l'enfer se dilate à une vitesse supérieure à la vitesse d'entrée des âmes en enfer, alors la température diminuera jusqu'à ce que l'enfer gèle.

Laquelle choisir ?

Si nous acceptons le postulat de ma camarade de classe Jessica m'ayant affirmé durant ma première année d'étudiant « Il fera froid en enfer avant que je couche avec toi », et en tenant compte du fait que j'ai couché avec elle la nuit dernière, alors l'hypothèse doit être vraie. Ainsi, je suis sûr que l'enfer est exothermique et a déjà gelé… Le corollaire de cette théorie c'est que comme l'enfer a déjà gelé, il s'ensuit qu'il n'accepte plus aucune âme et du coup qu'il n'existe plus... Laissant ainsi seul le Paradis, et prouvant l'existence d'un Etre divin ce qui explique pourquoi, la nuit dernière, Jessica n'arrêtait pas de crier "Oh.... mon Dieu !...."
(Cet étudiant est le seul ayant reçu la note 20/20)


23/09/2008

Le Décharge 139 est arrivé.....

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Au sommaire de ce numéro, votre humble serviteur....

18/09/2008

Malnuit, c'est reparti....

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Malnuit autoportrait...


Après le succès interplanétaire des Crobards de Malnuit, voici que Bédé s'est remise au clavier...
Le prochain texte de Malnuit en prévision ce sera La Denise est passée à 5 heures.... un livre qui donne soif rien qu'en le lisant...

Un petit morceau en avant première pour donner envie de lire la suite....


Ce 20 mars. Tôt matin. Partant de Gap on prend la route via Buisson où on laisse le fils et direction Pyrénées. Pour Bédé c’est la Grande Première. Pour moi non. La route habituelle presque les yeux fermés... Orange la traversée du Rhône, et un panneau où c’est écrit « La Capitale de la Cerise » c’est Remoulins. Après c’est un bon bout de route dans la garrigue comme au Texas avec des cabanons fermés qui font caboulots quand ça s’ouvre à la saison des bons toutous. Après c’est Sète à l’horizon avec la mer, à la sortie on boit un pot. Face à la mer, la mer... la mer. Après c’est Agde. Fini la mer. Et Béziers où personne ne répond : elle dort. Elle qui... mira quand on repassera dans l’autre sens dans quelques jours... Rouvre les yeux dans les vignes, ça tourne et vire...
— Je verrai encore pas Minerve qu’on y passe pas si tant loin, j’en connais à peine que le rouge et le nom m’attire me chatouille.
— Après c’est Homps.
— Un nom pareil me fait marrer à tous les coups ! Pi Carcassonne…
Carcassonne où... je pense, comment faire autrement, à Paul dit Polo l’Amerlo... est mort. L’autre jour.
— On était venus. Moi & lui. Icigo à vélo on avait 17 ans...,14 juillet soixante et quelques et, 21 mars 76, ce jour... d’hui même...
Un pot à Mirepoix sous les arcades de bois, une carte à Picpic… Mirepoix où la dernière fois et bien tôt le matin avec Coucou on s’est fait avoir en casquant 60 sacs un panier pour le chat Biniou mort à ce jour de trop de route et trop de Suisse on sait pas trop... bref. Bientôt Foix. L’occase encore pour moi de voir, revoir, la dernière fois à Foix...
— Ma foi je m’en sortirai pas, ou rais, pas.
— Ça va Bédé ?
— Ça va.
— Ç’a l’air.
Grande Première rapport à... près. Après. Pas loin, on y arrive. Foix elle connaît un peu, suis pas le seul à repasser du film. N’empêche, il est tard et fatigue, on voudrait s’arriver avant la nuit si le col des Marrous était par chance ouvert alors qu’il se prétend « fermé » :
— On y va vouère !...
— Le Bosc à gauche, t’as pas des fois l’envie d’y aller voir ?
— Y a pas le temps on n’est pas sûrs.
Au col y a pas de neige on tente, mais 4 kilomètres plus haut c’est tout congères & Cie :
— Ça que m’avait dit la bistrote.
Lors mi-tour délicat et, chute libre on innove, la D 51, Sentenac-de-Sérou... le paysage est comme partout dans cette Ariège extraordinaire. Les maisons qu’on n’habite plus, les culs-de sac qui nous appellent... on a perdu notre patience avant de trouver la jonction à Castelnau pour St Girons. Et de nuit zigzags de l’Arac, et enfin Biert.
— Et la grimpette !
— Pluie fifine.
Tuttut tuttut tuttuuuut en arrivant sous Jaques... et loupiote s’allume là-haut dessus la porte du lieu... du lieu d’où chiens déboulent Palo Swann, qu’une voix freine et c’est pas sûr, mais ça c’est sûr qu’ils nous font la fête !... Et ça c’est sûr que ...
— Voilà l’homme !
— Couraudon Le Besset Enchanté
— Moizaussi Permettez qu’on s’embrasse... à moins qu’on se préfère dans l’accolade chevalerèxe !
— Compagnonnèxe ?
— Granguignolèxe ?!...
— Abrégeons abrégeons ça mouille. La pluie.
— Minute j’enfile mes pompes... si Swann voit pas d’inconvénient !... l’est toujours aussi pétulant.
Bagages, le raidillon gadouilleux, et Isabelle au seuil, la bise et deux et trois...
— Entrez...
— Voilà. Feu dans la cheminée et...
— Nappe blanche, hé héééé ! doit-on comprendre... ?
— Mais oui mais oui !
— Un petit canon pour mon Mazio ?
— Un grand ! à épisodes dedans mon verre habituel le ptit.

On s’est posé, on a sorti le sosse acheté au Castet d’Aleu et le vin et le pain, mais le leur est meilleur le gros pain de Miouze...
— Et vous allez me goûter ça ! Ça, c’est un ragoût d’orties avé des patates en chemise,
Venaient juste de finir quand on est arrivés, platée chacun et lui s’en ressert une. Isabelle n’en veut plus elle boit, et on boit tous et il fait bon et les loulous attendent les peaux de sosse, Palo sur son fier et digne séant et Swann slalom spécial entre un tas de guibolles,
— T’à l’heure, il a foutu les chaises en l’air ce fou.
— Qu’est-ce qui aurait changé ici ?
Les dessins sont toujours au mur vers la fenêtre, les miens ceux de Bédé.
— On lui fait visiter ?
— Ah : la souillarde est dallée.
En haut des toiles ici et là, une sur un chevalet, bouquins en nombre et,
— Tagères, euh j’veux dire la biothèque... m’a l’air d’avoir changé d’endroit... et je me trompe ou quoi : cette grande table n’existait pas ?...
On redescend autour de l’autre se remplir et vider nos verres de rouge sur fond blanc-nappe des grands soirs au coin du feu de tous les jours et dire, se dire se raconter les choses, et d’autres, et d’autres encore, parler, parler encore parler, à se saouler, de vin et de parler.
— C’est bon, j’aime ça, et chu pas seul, tout le monde il aime ça, ici, comme ça... le monde... nous quatre !

Et les loulous roupillonnent. Et Coucou coupe. Trois bûches. Quat’bûches. Cinq, six . Question du confortable, et j’allais ajouter : pour l’exercice de la vertu. Je raille. On est raillé. Je. Peux même dire qu’on déraillait. Léger.
— C’est pas mauvais après un long voyage avec un bon canon. Pas vrai Bufic ?
— Elle n’en veut plus merci. Hé... ben tant mieux c’est... autant pour nous... Mennen... por nous li zommes, il n’en avait plus j’y repense, et ‘reusement j’ai l’habitrude, d’apporter le carbure là où je débarque. Surtout que là c’est pas n’importe où ni n’importe quel gosier ! c’est pas vrai ça Coucou ?
— Coucou-Mazio : une fameuse paire de trous ! je dis.
Ainsi c’est dit, on peut passer à table. On n’en est pas sortis. Ou quoi : le temps d’aller pisser... Lui est monté brancher un disque, Carmina Burana, plein pot...

17/09/2008

A quand la suite Pélieu, à l'hôtel Chelsea ?.....

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Avant que Alain Jégou ne me propose de publier l'ouvrage autour de Pélieu, j'avoue à ma grande honte ne m'être pas penché sur son oeuvre... Je n'avais pas fait la relation Mary Beach, Bourgois, Ginsberg, Burrough... Il me sera pardonné... Une gouffre s'ouvre sous mes pieds. Oui je connaissais le Cut up graphique, mais pas ce cut up littéraire là... Cette tension folle, cet électricité qui passe dans le texte. Je me souviens de Kaddish de Ginsberg, toujours dans ma bibliothèque et bien jauni, papier pâte mécanique avec lignine. Je me souviens de cette claque d'oxygène à la lecture de Kerouac, de Ginsberg, de Cendrars, de London, et par la suite Céline. Mais j'étais passé à côté de Pélieu. Pourquoi? Je l'ignore... Probablement parce que j'allais devoir le découvrir plus tard... Ce n'est que le début et je commence par la fin et après lecture le stylo démange... Mais il faut attendre que le temps passe un peu par dessus... Que d'autres découvertes viennent s'interposer entre son oeuvre et le moment de prendre la plume... Trop brûlante littérature...

Claude Pélieu et Mary Beach ont longtemps habité l'hôtel Chelsea...

Voici ce qu'en dit Mary Beach lors de l'interview accordé à Bruno Sourdin dans l'ouvrage à paraître en novembre Autour de Claude Pélieu. aux éditions l'Arganier.

Pour recevoir le bulletin de souscription CLIQUEZ ICI



"En 1962, j’ai rencontré Claude Pélieu et en 1963 nous sommes partis avec les enfants, aux USA. Nous avons atterri à San Francisco et nous avons rencontré les poètes de la Beat Generation : Allen Ginsberg, Gregory Corso, Peter Orlovsky, Lawrence Ferlinghetti, et nous avons correspondu avec William Burroughs. Et on nous a proposé, à Claude et à moi, de traduire quelques-unes de leurs œuvres. En 1964, Allen Ginsberg nous a offert son appartement de New York et nous avons ainsi quitté San Francisco. Mais nous ne sommes pas restés longtemps chez Allen : c’était trop petit, nous avons donc pris un appartement au Chelsea Hôtel, où nous avons rencontré Burroughs, Harry Smith (le grand cinéaste, peintre, graveur, poète), et d’autres grands artistes : Ed Sanders, Ted Willentz (qui avait la librairie 8th Street Book Store), Patti Smith, et Robert Mapplethorpe. C’était une époque inoubliable. Nous avons travaillé dans une atmosphère extraordinaire. Ce n’était partout qu’inspiration, imagination et invention. C’est alors que Miles, un écrivain anglais, nous a proposé d’aller en Angleterre et nous a offert sa maison…
Comme le Chelsea déclinait, nous avons décidé de déménager de nouveau. Pendant à peu près 7 ans, nous avons habité Londres et un petit bled du Sussex, près de Brighton, qui s’appelait Chiddingly."
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Wiki di koa sur Chelsea Hôtel ?

L'hôtel a toujours été un centre important pour la vie artistique new-yorkaise. Il a été le premier building à être inscrit par la ville de New-York sur la liste des bâtiments à préserver pour leur intérêt historique et culturel.
Le bâtiment abritant l'Hotel Chelsea fut construit en 1883, et ouvrit en 1884. Il fut l'une des première Coopérative d'habitation privée1. A cette époque, la rue était le quartier des théâtres. des difficultés économiques et le déplacement des théâtres entrainèrent une banqueroute de la coopérative.
En 1905, le bâtiment fut transformé en hôtel. Cet hôtel accueille surtout des personnes pendant des séjours longs. De 1939 à 2007, il fut dirigé par la famille Bart, Stanley Bart prenant la succession de son père en 19552. Stanley Bart était connu pour héberger gratuitement de nombreux artistes pendant parfois plusieurs années. Milos Forman résida ainsi gracieusement dans l'hôtel pendant deux ans après son arrivée aux États-Unis, avant de connaître le succès3. Le 18 juin 2007 Stanley Bard fut démis de ses fonctions de manager de l'hôtel à l'âge de 74 ans3. Sa famille, minoritaire (elle ne détient que 40 % des parts) fut mis en minorité par Marlene Krauss et David Elder, les deux autres copropriétaires de l'hôtel. Stanley Bard fut remplacé par la compagnie BD Hotels NY, L.L.C.1.
En 1977, l'Hotel Chelsea fut inscrit au National Register of Historic Places. Dylan Thomas y mourut d'alcoolisme le 4 novembre 1953 (deux jours avant il déclarait J'ai bu dix-huit whiskies de suite, je crois que c'est mon record3) et Charles R. Jackson, auteur de The Lost Weekend, s'y est suicidé le 21 septembre 1968. Nancy Spungen, compagne de Sid Vicious, y fut retrouvé morte le 12 octobre 1978 dans la chambre 1004.
Personnes ayant vécues au Chelsea

Écrivains et intellectuels


Mark Twain1, Herbert Huncke, Jack Kerouac (qui y écrivit Sur la route), O. Henry, Dylan Thomas, Arthur C. Clarke (qui y écrivit 2001, l'odyssée de l'espace), William S. Burroughs, Gregory Corso, Leonard Cohen, Arthur Miller, Quentin Crisp, Gore Vidal, Tennessee Williams1, Allen Ginsberg, Robert Hunter, Jack Gantos, Brendan Behan, Robert Oppenheimer, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Bill Landis, Michelle Clifford, Thomas Wolfe, Charles Bukowski, Matthew Richardson, Peggy Biderman, Raymond Foye et René Ricard.

Acteurs et réalisateurs

Stanley Kubrick, Shirley Clarke, Cyndi Coyne, Mitch Hedberg, Miloš Forman, Lillie Langtry, Ethan Hawke, Dennis Hopper, Eddie Izzard, Kevin O'Connor, Uma Thurman, Elliott Gould, Jane Fonda, Rebecca Miller qui y a grandi, Gaby Hoffmann et sa mère Viva, muse d'Andy Warhol et Edie Sedgwick.

Musiciens

The Libertines, Tom Waits, Patti Smith, Virgil Thomson, Dee Dee Ramone des The Ramones, Henri Chopin, John Cale, Édith Piaf, Joni Mitchell, Marty Connolly, Bob Dylan (qui y a écrit Sad Eyed Lady of the Lowlands), Janis Joplin, Jimi Hendrix, Sid Vicious1, Richard Hell, Ryan Adams, Jobriath, Rufus Wainwright, Abdullah Ibrahim/Sathima Bea Benjamin, Leonard Cohen, Keren Ann, le groupe The Kills4 et Anthony Kiedis (des Red Hot Chili Pepper).

Plasticiens

Larry Rivers, Brett Whiteley, Christo, Arman, Richard Bernstein, Francesco Clemente, Philip Taaffe, Michele Zalopany, Ralph Gibson, Robert Mapplethorpe, Frida Kahlo, Diego Rivera, Robert Crumb, Jasper Johns, Claes Oldenburg, Vali Myers, Donald Baechler, Herbert Gentry, Willem De Kooning, John Dahlberg et Henri Cartier-Bresson. Harry Smith est mort à l'hôtel. Le peintre Alphaeus Cole y a vécu 35 ans avant d'y mourir en 1988 à l'âge de 112 ans (il était à l'époque le doyen des États-Unis).
Elizabeth Peyton fit sa première exposition dans l'une des chambres de l'hôtel. Les visiteurs devaient demander la clé à la réception.
Certains de ces plasticiens y ont laissé des oeuvres comme Un Déjeuner sur l'herbe pointilliste d'Alain Jacquet, Dutch Masters de Larry Rivers, un buste d'Harry Truman par Rene Shapshak, ainsi que des oeuvres de Daniel Spoerri3.

Autres

Charles James, l'un des premiers grands couturiers américain y a vécu de 1964 jusqu'à sa mort d'une pneumonie en 1978.
Andy Warhol a dirigé le film The Chelsea Girls (1966), en choisissant de nombreuses actrices parmi les pensionnaires de l'hôtel, dont les Warhol Superstar Edie Sedgwick, Viva, Larry Rivers, Isabelle Collin Dufresne (Ultra Violet), Mary Woronov, Holly Woodlawn, Andrea Feldman, Nico, Paul America, et Brigid Berlin.
Le metteur en scène Peter Brook3
Ruth Harkness, explorateur et naturaliste
Certains rescapés du Titanic y ont séjourné, l'hôtel étant situé près du dock où le paquebot devait accoster.

06/09/2008

Pélieu

La maquette progresse. Reste maintenant à revoir une dernière fois la concordance des folios et du sommaire et quelques images à changer. Légender le tout et envoyer pour la relecture et les dernières corrections. Un pavé d'autant que la suite est arrivée. Le dernier texte de Pélieu: La Crevaille. On a quelques soucis avec son écriture, mais Benoît habitué à l'écriture de Claude va décrypter les hiéroglyphes péliesques. Faire une maquette de la Crevaille en tiré à part pour les souscripteurs de l'ouvrage collectif et puis faire une maquette pour tous les textes publiés par Benoît en y ajoutant La Crevaille... Voir combien le diffuseur va en mettre en place en librairie et envoyer le tout à l'imprimerie... De l'autre côté de l'océan ça s'agite aussi... Les potes à Claude, les enfants de Mary.... Et le cap'tain avec son carnet d'adresse aussi long que l'accordéon de Madame Yvette déplié, harangue ses troupes... Des souscriptions, il en arrive tous les jours. D'une efficacité redoutable il est, le cap'tain. Il en a vu d'autres...Faut dire... bien content de plus aller traîner sur la baille quand ça piaule dans les drisses. Se contente de coller son nez à la baie de sa terrasse et de regarder Groix en face. Sale temps même pour les mouettes, c'est dire. Doit maintenant se visser sur la chaise parce qu'on attend sa prose. Loti à côté ça vaudra plus grand chose...

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Aux carnets du dessert de lune

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les canards-Jésus

Il y avait ce matin onze canards debout sur l’étang. Je me suis penchée pour vérifier qu’il ne s’agissait pas d’une illusion d’optique : non. La surface de l’étang était partiellement gelée et de l’eau recouvrait une partie de la glace de sorte que les canards semblaient se prendre pour Jésus, là, à se nettoyer les aisselles à coups de bec debout sur l’eau.
Alors qu’en fait ils se prenaient sans doute juste pour des pingouins. L’un des pingouins à col vert s’est dirigé vers l’eau (la vraie, celle qui ne cachait pas de la glace mais juste de la vase) sur ses petites palmes mal assurées il tanguait vers son véritable élément avec soudain une humilité de canard. Les dix autres canards l’ont observé tandis qu’il titubait puis plongeait et ça faisait vingt yeux arrondis de canards. Puis ils ont repris leurs activités, nettoyage d’aisselles christique, sommeil la tête à l’envers enfouie sous les plumes, lever de patte, coups de bec dans la glace.
Quand j’ai repris mon chemin à travers le bois, je me suis rendu compte que je venais de passer quatre ou cinq minutes sans penser à la fille, et j’ai soudain mesuré le pouvoir des canards.

Fanny Chiarello est née en 1974 à Béthune dans le Pas-de-Calais. Plusieurs de ses romans et nouvelles ont été publiés par les Éditions Page à Page et Pocket. Elle a publié aux Carnets du Dessert de Lune « La fin du chocolat » et, dans la collection Dessert, « Je respire discrètement par le nez ». Elle est également critique de musique pop.
En 2000, son premier roman, Si encore l'amour durait, je dis pas, est sélectionné pour le Prix de Flore. Elle vit actuellement à Lille.
Fanny Chiarello - Collier de Nouilles. Nouvelles. Illustration Fanny Chiarello. Préface Pierre Soletti. Collection Sur la lune. 130 pages. Format 14 x 20 cm. Imprimé sur papier Keay Color et Bouffant blanc.
ISBN : 2-930-235-82-9. Prix : 15,00 €.


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Zone lente

Le gérant chinois de cette épicerie
a placé au-dessus de la porte d'entrée
une bande de soie avec
des idéogrammes imprimés
qui signifient bonheur et longue vie
Lucien Quine lui achète cinq samoussas
une pile au lithium une bouteille d'eau minérale
des kleenex et trois barres vitaminées au miel
dehors il pleut des cordes
un escargot grimpe sur la façade
recouverte d'une fresque Pepsi-Cola
de l'autre côté de la rue
de jeunes enfants se placent
sous les gouttières et s'arrosent
Lucien Quine repart sans tarder
la tranquillité de ce lieu le perturbe
et ce soir il doit être sans faute à Paulista.

Daniel Labedan vit à Marseille. Il anime la revue de poésie-documentaire en ligne Les États Civils. Son premier roman Mimizan-Plage est paru aux éditions La Table Ronde en 2003. Il est également l’auteur d’un recueil de nouvelles, Mon grand-père était cow-boy, paru aux éditions La Dragonne en l'an 2000.Daniel Labedan - Transatlantique. Poésie. Photographies Daniel Labedan. Préface Fanny Chiarello. Collection Pleine Lune. 72 pages. Format 14 x 20 cm. Imprimé sur papier Keay Color et Bouffant blanc.
ISBN : 2-930-235-84-4. Prix : 11,00 €



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On divise sommairement les araignées en trois sous-ordres.
Onze familles d’araignées dont les théra-phosidés appartiennent à celui des myga-lomorphes.
À ce jour, un millier d’espèces de ce type ont pu être répertoriées et seules deux cent, protégées par la CITES - la convention sur le commerce international des espèces animales et végétales menacées d’extinction - sont autorisées à la vente.
On les trouve dans les animaleries et chez certains éleveurs privés.
Et aussi comme fleurs séchées entre les pages de ce livre.

Jean-Marc Flahaut est né en 1973 à Boulogne sur mer. Après des études à caractère social, il anime des ateliers d’écriture auprès d’adultes et d’adolescents et donne des cours à l’Université. Parallèlement, il publie dans des revues comme Contre-allées ou Microbe. Son univers est souvent peuplé de personnages isolés et perdus en eux-mêmes au sein d’une nature tour à tour effrayante ou merveilleuse comme en témoigne Rengaine suivi de Sept secondes avec le soleil, paru aux Carnets du Dessert de Lune en 2004.
Jean Marc Flahaut est également l’auteur de plusieurs recueils de textes courts parfois construits comme des exercices d’admiration aux croisées de la nouvelle et de la poésie.

Jean-Claude Flahaut est né en 1936 quelques semaines avant l’arrivée du Front Populaire au pouvoir en France. Il suit des études aux beaux arts et publie de 1959 à 1975 des dessins humoristiques dans la presse quotidienne régionale et nationale encouragé par Arsène Brivot. Touche à tout, nourri par des influences multiples allant de la bande dessinée à la sculpture en passant par l’illustration, il vit aujourd’hui à Outreau dans les environs de Boulogne sur mer où il consacre tout son temps à la peinture. Jean-Marc Flahaut - Spiderland. Roman. Illustrations Jean-Claude Flahaut. Préface Daniel Labedan. Collection Sur la lune. 92 pages. Format 14 x 20 cm. Imprimé sur papier Keay Color et Bouffant blanc. ISBN : 2-930-235-81-3. Prix : 12,00 €


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T’écrire oui c’est ça t’écrire je tape
la machine aux étoiles
répond des lettres.

Pierre Soletti a publié des livres de poèmes chez divers éditeurs, ainsi que des nouvelles en revues & livres collectifs. Nombreuses lectures publiques avec son frère, le musicien Patrice Soletti, notamment au festival Voix de la Méditerranée à Lodève, au Centre Européen de Poésie d’Avignon, au Musée d’Art Moderne de Cordes sur Ciel, au festival du livre de Figeac, etc. Récemment, deux de ses textes ont été joués par la Fanfare Électrique : BUILDINGS au festival quARTier LIBRE de Montpellier (octobre 2007) & SUR LA CORDE RAIDE (lettres alphabétiques à Lucien Suel) à la Salle Victoire 2 à Montpellier en février 2008. S’étonne à foison. Se surprend de trop. Mais reste debout.

Valère Argué ne croit pas au travail. Rien que d'y penser, ça l'épuise. Il est pour la libération de l'homme (& de la femme, par la même occasion). D'ailleurs, il n'aime pas le pognon. C'est pour ça qu'il n'en a ni sur ses comptes, ni dans ses pognes. Valère Argué ne croit en rien, mais ça lui arrive de temps en temps d'illustrer des textes auxquels il croit. Un livre de lui est prévu aux éditions Chépaki pour mai 2068, si tout va bien, il aura trouvé le titre d'ici-là... car avec mai 68, on n'est jamais sûr de rien...

Pierre Soletti - J’aurais voulu t’écrire un poème. Poésie. Illustrations Valère Argué. Postface Jean-Marc Flahaut. Collection Pleine lune. 50 pages. Format 14 x 20 cm. Imprimé sur papier Keay Color et Bouffant blanc.
ISBN : 2-930-235-83-7. Prix : 8,00 €





Quatre livres pour le cœur de l’automne, quatre titres pour des photos de vie, vies en photo, ici et là, si proche du sujet et du métier de vivre, pour des mots qui se tissent une histoire avec peu de mots, ceux des non-dit, des sentiments qui se taisent ou qui s’enfuient au détour d’un chemin, pour des poèmes comme des courts-métrages dans lesquels se jouent des vies subies ou choisies suivant que l’on se trouve dans le champ ou hors du champ de la caméra qui tourne, qui tourne inéluctablement, pour Livre d’envie, livre d’épure, à la poésie, à la vie, au désir d’écriture.
Et pour faire un bout de chemin avec eux, paraîtront 4 nouveaux Desserts mijotés par Odile Bonneel, Amandine Marembert, Jacques Norigeon et Thomas Vinau qui seront offerts à l’achat des 4 livres.

Pour souscrire, remplissez le bon ci-dessous et renvoyez-le accompagné de votre règlement à :
éditions Les Carnets du Dessert de Lune, 67 rue de Venise, 1050 Bruxelles -B-
- pour la Belgique virement sur le compte 000-1688439-57
- pour la France,chèque bancaire ou postal à l’ordre de Jean-Louis Massot pour le CCP Lille 11 779 34 H
- pour les autres pays virement international sur le compte 0001688439-57 Bruxelles.
Envoi franco de port

BON DE SOUSCRIPTION

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Commande

 Les 4 titres + les 4 Desserts = 46,00 €
TOTAL =………..
Ou
 Collier de nouilles = 15,00 €

 Spiderland = 12,00 €

 Transatlantique = 11,00 €

 J’aurais voulu t’écrire un poème = 8,00 €

 Le Dessert d’Odile Bonneel = 1,25 €

 Le Dessert d’Amandine Marembert = 1,25 €

 Le Dessert de Jacques Norigeon = 1,25 €

 Le Dessert de Thomas Vinau = 1,25 €

TOTAL = ………..

05/09/2008

René Barde

Aux dernières nouvelles l'ouvrage La soupe à la chaussettede René barde sera disponible en librairie dans une semaine ou deux au plus...

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Mon travail? le destin, la providence en décideront: l'arbre ne vend pas ses fruits.

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Il faut que je vous raconte cette histoire...

Bédé Malnuit, -illustratrice des ouvrages de Jacques Salomé- épouse de feu Michel Malnuit- et complice de trente ans, alors que nous étions en pleine préparation de la rétrospective de Malnuit à St Marcellin et de la publication des "Crobards" à paraître de façon officielle en juillet à l'Arganier ( un premier avant tirage a été effectué pour la rétrospective et le cercle des collectionneurs de Malnuit ), dont la diffusion sera assurée en librairie par Pollen, me donna une adresse de blog où je me suis rendu... J'ai commencé à lire, deux ou trois post. Curieux je suis revenu à cette adresse, pensez donc, un tel style ne laisse pas indifférent... J'ai recommencé encore et encore à lire... Puis j'ai copié collé dans un dossier dans l'ordre croissant pour lire le manuscrit en entier. Je suis parti en vacances à Noël. Le manuscrit lu, j'ai aussitôt écrit à Bernard Collet le légataire universel de René Barde.
dont voici le contenu:

Monsieur,

Je viens de terminer la lecture du texte de René Barde.
J’en sors bouleversé, de ce bouleversement que seuls procurent les grands textes. Barde appartient à ce peuple des anges de la nuit qui dans l’apprentissage de la douleur de vivre frottent leurs âmes à la noirceur de l’existence, et malgré cela une immense clarté se dégage de leur oeuvre. Je pense à des poètes contemporains malheureusement disparus trop jeunes, comme Thierry Metz, bien plus qu’à Christian Bobin...
J’ai lu crayon à la main prêt à couper dans le texte à la moindre imperfection. Hormis quelques coquilles de frappe ça et là, aucune fausse note ne vient nuire à la symphonie du texte, depuis les descriptions naturalistes de la ferme d’un cruel réalisme jusqu’aux fureurs de ses crises mystiques, aucune phrase n’est en trop, à peine s'il ne faut pas changer une seule virgule à ce texte...
Quelle immense leçon de ténèbres et de soleil brûlant. Pas de faire valoir, pas de flagornerie, aucun branle de l’âme du lecteur, aucune grandiloquence jusque dans la description de sa misère choisie. Il plonge sans cesse dans les gouffres de douleur qu’il creuse avec enchantement au fond de lui-même.
Dire que j’ai été dérouté par ce manuscrit de Barde est peu. Je n’ai pu m’empêcher de penser au bouleversement salutaire que m’avait alors provoqué, jeune adulte, le style de « Voyage au bout de la nuit »... Et aussi la lecture d’Antonin Artaud. Ce mysticisme ouvre sur des paysages intérieurs si immenses.
Le titre qui me vient en tête immédiatement c’est : « On charriait le foin le matin où je suis né »... qui semble être l’événement majeur d’une catastrophe annoncée. La vie...
Il me faudra le relire deux, trois, quatre, fois plus sûrement pour accepter la lumière de ce corps noir, en déceler les nuances, en capter les fulgurances.
Voila en quelques phrases le ressenti de cette lecture.
Est ce l’ange ou le démon qui nous touche à ce point à travers la force de son style. Comment un homme a-t-il pu écrire ainsi et passer aussi inaperçu. Question d’époque ? De destin forcé ?
Non seulement j’ai aimé ce texte, mais j’aimerai en lire d’autres de lui. Car je suis prêt à publier l’auteur de cette oeuvre d’une telle sauvagerie
.../...

Puis revenu à Paris, j'ai téléphoné à Bernard Collet. J'ai donné le manuscrit à lire à Nicolas Grondin qui lui, n'a pas été convaincu lors d'un premier survol du texte. Devant mon insistance, et me faisant aussi un peu confiance, il m'envoya un mail pour s'excuser d'avoir été si peu attentif et mis ce texte en écho aux Mémoires d'un paysan bas breton de Jean Marie Déguignet 1834-1905.
Le manuscrit va paraître en septembre aux éditions l'Arganier dans la collection "La belle ouvrage".

D'ici là patientez un peu. Belle revanche pour le misérable par conviction qu'était René Barde.
Beau témoignage d'amitié fidèle, par delà les quarante cinq années écoulées depuis sa mort.

Et voici la préface par Bernard Collet de La soupe à la chaussette titre retenu pour la commercialisation de l'ouvrage.

Enfant, j’ai connu René Barde à la fin de sa vie. Nous habitions le même immeuble de la rue Ernest Renan dans le Paris d’après-guerre. Avec sa silhouette un peu voûtée, son visage de patriarche aux joues creuses rongées d’une barbe grise, ses vieux habits sombres et dépareillés, il m’était une figure familière et rassurante. On se croisait dans l’escalier lorsque je dévalais mes trois étages et que lui remontait péniblement vers sa mansarde son cabas de toile cirée noire au bout du bras. Cherchant à reprendre son souffle, il devait s’arrêter souvent, se retenant d’une main à la rampe. Sa poitrine se gonflant et se dégonflant comme un soufflet, il ne pouvait répondre à mon salut que par un sourire que je devinais sous sa barbe grise. Je lui prenais alors son sac et le montais vivement jusqu’au sixième pour le déposer devant sa porte, pendant que lui poursuivait sa lente ascension. Parfois il me demandait d’attendre pour me laisser choisir dans une petite boite en métal ronde un morceau de sucre candi. À la fin de l’adolescence sa mansarde sous les toits m’est devenue familière. J’étais curieux de cette toute petite pièce sans chauffage aux murs de plâtre gris. Entre le lit-cage qui en mangeait la moitié, et une vieille table de bois d’où s’élevaient sur des étagères de bois noirci des empilements de livres, cahiers, papiers jusqu’au plafond, il n’y avait que la place d’une chaise et un étroit passage vers la fenêtre. Mansardée, elle s’ouvrait sur la gouttière, les moineaux et les toits de Paris. Pour tout «décor» vêtements et linge accrochés au plafond à des ficelles comme les peaux de lapins retournées mises à sécher dans une grange. Punaisée au mur face à la fenêtre, une grande aquarelle représentant des arbres, au bas était écrit « à René, mon ami de toujours, Pignon 55 ». Sur une étagère du « bureau » entre ses manuscrits et la Bhagavad-Gîtâ, méditait un buddha accroupi de plâtre doré. En dessous grimaçait une photo de Ramakrishna. Des quelques réflexions générales de bonne cordialité à l’adolescent, René confiera davantage au jeune idéaliste que je devenais. Partant de mes frustes affirmations morales, de mes balbutiements artistiques, ou de mes a-priori politiques, il me dévoilera des soubassements idéologiques cachés, me laissera entrevoir comme autant de perspectives les développements lointains de la réflexion, ou, au détour d’une remarque, deviner la virtuelle moisson d’idées d’une analyse. Il conviait à ses propos, artistes ou poètes, saints ou bandits brésiliens, hommes d’État ou prophètes. Marx, Jésus, Van Gogh, Beethoven ou Bach, Khrisna Murti ou Freud habitaient un instant sa soupente. Évoquant les pieds nus martelant la terre au rythme du coeur devant les temples indiens, la résistance des humbles à l’exploitation, le sang offert au soleil au sommet des pyramides mayas, ou l’énigmatique Marabout de la steppe marocaine, il m’élargissait le monde. Je sentais pourtant sa souffrance, prisonnière de ce corps prématurément vieilli par la misère et l’ascèse. Sa solitude aussi où son tempérament trop entier l’avait enserrée. Par moments son regard devenait lointain, sur son visage passait comme une pâle et insondable tristesse. De quels rêves défaits, de quelles épreuves inachevées venait cette détresse muette ? Parfois au contraire, c’est en rugissements dantesques qu’il appelait la géhenne sur les bourreaux d’Alger, ou les dirigeants hypocrites et lâches, qu’il dénonçait les sépulcres blanchis des prélats à double face, ou appelait les bombes atomiques sur les peuples corrompus. La rudesse de sa pensée m'a placé alors quelques repères où appuyer ma vie.
Jamais il ne m’a donné à lire le moindre de ses écrits. Ce n’est qu’après sa mort que je les ai découverts, un énorme manuscrit maintes fois remanié, trois cahiers de proverbes, des notes innombrables jetées jour après jour d’une écriture serrée sur toutes sortes de bouts de papier, et puis cette autobiographie à laquelle je savais qu’il travaillait. Il disait qu’elle serait nécessaire à ceux qui viendraient à lire son livre, pour en resituer la genèse et le développement. En fait c’est une œuvre à elle seule où se déroule la trajectoire insolite d’une aventure humaine : de sa rude enfance où, dans la violence de son milieu, il développe le respect de la vie et étend silencieusement en lui des espaces de recueillement et de spiritualité, du jeune paysan, qui au hasard des amitiés, et des rencontres s’instruit quelque peu, de l’ouvrier d’occasion, compagnon de marginaux et de déclassés, qui commence à écrire dans le Paris de l’entre-deux-guerres.
Il fréquente également le milieu fantasque des peintres que lui fait connaître son ami d’enfance Édouard Pignon. Une amitié fertile et ombrageuse le liera au peintre italien Orazio Orazi. La rugosité de ses écrits d’autodidacte et ses convictions farouches lui valent l’attention de Romain Rolland, Marcel Martinet, Gabriel Marcel ou Léon Chestov. Il poursuivra une longue et opiniâtre quête d’absolu jusqu’à sa mort au prix du dénuement, de la souffrance physique, de l’angoisse spirituelle. C’est l’histoire de ce lent dépouillement, que d’autres appelleront descente aux enfers, que relate ce livre. Lorsque je l’ai connu, à la fin de cette odyssée son regard intériorisé posait encore sur le monde et la vie des lueurs farouches, mais pouvait aussi s’embuer de larmes devant un brin d’herbe ou un regard d’enfant. Son corps épuisé où résistait encore un peu la vie, devenait comme transparent. N’était-il pas un ange dans sa mansarde sous les toits ? Seul, terrassé par la vie qu’il s’était imposée, c’est par un souffle de victoire que s’achève son récit : « …c’est sans crainte que je vois le présent approcher l’autre rive. Oui, vraiment, j’ai gagné la partie. »
Depuis longtemps René Barde ne cherchait plus à publier : « Mon travail ? Le destin, la providence en décidera, l’arbre ne vend pas ses fruits » disait-il et c’est à moi, comme à une corbeille d’osier sur le fleuve qu’il confiera ses écrits par testament… Voici plus de 4O ans qu’il s’est éteint dans mes bras un jour d’hiver 1963. La corbeille n’a pas sombré, et le destin a placé Saïd Mohamed sur son errance. Qu’il soit remercié de « sortir au jour » cette vie sombre et ardente, celle de mon ami René.


Photo Bernard Collet "1961"
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René Barde et le jeune Bernard Collet

René Barde (2)

"On charriait le foin le matin où je suis né. (6 juillet 1901 à Marles-les-Mines, Pas-de-Calais) Ce jour là se produisit une perturbation peut être énigmatique, mais sûrement imputable à mon arrivée à la ferme des parents: on mangea de la soupe à la chaussette ! Il en était une qui avec d’autres séchait au-dessus du fourneau, perdant l’équilibre, elle tomba dans la marmite. On ne s’en aperçut que lorsqu’elle fut servie dans une assiette après deux heures de gros bouillon avec le lard et les légumes. Peut-être faudra-t-il en reparler de cette chaussette de laine qui mit de la dérision dans un paisible repas d’ouvriers. Je crois que les poils ne leur en sont jamais sortis d’entre les dents, car les miens, diront de moi toute leur vie : “Celui-là, rien de bon . Il va tout à rebours. Il fait son dévot, il fume, ne veut pas travailler et préfère se passer de manger que d’avaler un morceau de lard. Une tête de bois... Devenu en âge toujours plus fainéant, il se met à écrire des livres et ne veut pas gagner d’argent. Et quand tout le monde se rase, lui, lui seul, laisse pousser toute sa barbe. Une tête de bois, une tête de bois.” Ainsi disait-on sur le sixième et dernier né que je suis. Et si les poules en me voyant ne chantaient pas le coq, on interprétait çà comme l’annonce d’un malheur, qu’il fallait conjurer en leur tordant le cou.
Tout jeune, très jeune, j’avais la pauvreté en horreur. De voir la grange pleine de blé, les étables pleines de bétail, me rassurait. Je me disais les mains calées au fond des poches, “quelle chance j’ai eu de naître chez des paysans qui ne sont pas des pauvres.” Les familles de mineurs - il y avait des mines dans le pays - n’ont ni vaches, ni chevaux, ni froment.” Je m’estimais un favori de l’existence. Par exemple dans la famille Billet, ils étaient six enfants pour un petit salaire de menuisier. Ils ramassaient pour les manger les poules crevées jetées depuis huit jours dans les haies. Ils étaient gais et vifs comme tous les êtres jeunes, mais n’étaient point solides. Je n’étais pas né non plus comme les enfants de Séraphine, la veuve, s’ils voulaient des poires ou des pommes ils devaient, à tout risque pour eux, aller les marauder chez les autres.
Mais bientôt ce que j’appelais ma chance allait se retourner contre moi, car je m’aperçus que les fils de mineurs buvaient du lait complet, tandis que le mien était écrémé; qu'ils mangeaient du beurre plus que moi, et avaient autant de tartines qu’ils leur en fallait, qu'on ne les écœuraient pas avec du lard, mais mangeaient le bifteck de la boucherie. À la maison tout le monde aimait le lard, sauf moi. Je ne pouvais pas l’avaler. Cela à la longue allait avoir une influence désolante et décisive sur mon avenir; car le lard, que je ne pouvais pas me mettre dans le corps, étant le produit de la ferme, on ne le remplaçait par rien, car on n’était ni riche, ni aisé et il fallait chez nous vivre le plus possible de ses produits. Ma sœur, qui était l’ainée, d’énervement me barbouillait parfois le visage de la tranche qu’on avait mise dans mon assiette. De sorte que sans en avoir l’air, sans que personne s’en doutât, - ils ne le savent pas encore après 50 ans : “On mangeait bien à la maison” disent-ils - j’allais devenir un sous-alimenté de jeunesse - ce qui en est une des pires formes - et avec tous les inconvénients que cela comporte à la longue. Les seaux de lait, les mottes de beurre, les sacs de blé, tout cela n’était pas pour moi, mais pour vendre et faire face à tout un monde de propriétaires, un monde de percepteurs d’impôts, de forgerons, de bourreliers, de charrons qu’il fallait payer.
Quant aux autres, ils étaient capables de faire des prouesses de tous genres, et d’abord à table . Quand on tuait un porc, ma mère mangeait un kilo et demi de côtelettes pour son souper. Elle pouvait substituer à cela un kilo de fromage quand l’occasion s’y prêtait. Mon père, il portait une poêle et une cafetière dessus par le bout du manche serré entre les dents... Avec les siens, mon frère Honoré soulevait et portait plus de quatre-vingt-quinze kilos. J’ai une tante qui à seize ans montait cent kilos sur son dos de la cour au grenier. Honoré pouvait manger une terrine de pâté que ma tête n’aurait pas remplie. Quand on faisait des crêpes il fallait le chasser, et pour éviter cet embarras on n’en faisait jamais. Il était à peu près de la mesure d’un de nos cousins qui après avoir dîner pouvait encore manger deux kilos de pâté et quatorze tartines. Marc tenait bien la fourchette aussi, mais surtout l’aimable dieu Éros l’avait pourvu de qualité, c’est peut-être pourquoi tout le monde l’aimait. Et tous ces gens y compris Ovide le quatrième étaient capables après le travail du jour de redoubler la nuit. Ovide plus tard, jamais personne ne voudra travailler avec lui : ni son fils, ni son gendre, ni ses compagnons, et c’est avec un tel collègue qu’on allait m’atteler comme sous-verge.
Nos parents avaient voulu du bétail, des champs, des prairies, des enfants pour les y mettre à travailler. À sept et neuf ans mes aînés devaient le matin conduire les vaches au pré à 3 kilomètres de l’école où ils arrivaient crottés jusqu’aux genoux. Et le soir ils devaient les y reprendre. S’ils voulaient jouer comme tous les enfants, ils devaient faire de leur travail des jeux. Cela leur fit à la longue des tempéraments de jeunes loups. “Des leups, des leups” disait ma mère en patois.

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René Barde dans sa mansarde en 1962.

Le texte complet va paraître en octobre aux éditions l'Arganier....