29/06/2008
Tous à vos claviers......
Appel à contribution par Guy Ferdinande
son mail: guy.ferdinande@neuf.fr
Chers amis, correspondants connus et destinataires inconnus,
Vous connaissez la formule de Ghérasim Luca : « Comment s’en sortir sans sortir », connaissant la fin tragique du poète, cette formule s’applique à merveille à l’interview d’Alfred Vidal-Madjar, directeur de recherche au CNRS, que l’on trouve dans le dernier numéro du magazine Sciences et avenir. « Dans cent à quelques centaines d’années » il faudra déguerpir de la terre, ce qui d’ores et déjà infirme l’alternative de la décroissance que nous appelons de nos vœux : c’est foutu ! Trop tard : « Nous sommes dans une impasse, car ce laps de temps est trop court pour acquérir les technologies qui nous permettraient de nous installer ailleurs ». Même si on stoppait tout dès maintenant, il serait néanmoins trop tard, c’est ce que nombre de scientifiques émettent désormais de façon à peine voilée. Et nous, nous pressentons bien la crédibilité d’un tel constat à la longue. Il ne s’agit plus d’informations lointainement réelles mais de faits de plus en plus sensibles autour de nous. Pour l’An 01 on repassera (ce qui au passage invalide toute analogie entre la toile de fond de mai 68 et celle de 2008 : mai 68 fut la fête de la puissance active, 2008 la revanche des forces réactives).
Sauf que la fin du monde, sans pratiquer la divination ou cultiver le catastrophisme, nul ne peut dire qu’elle date d’hier : génocide des Indiens d’Amérique, génocide des Juifs, des Roms, Vietnam, Rwanda, Darfour, Irak, tsunamis, séismes et autres cyclones prévisibles et qui cependant ne donnent jamais lieu à aucune prévention, régimes de l’arbitraire, famines, pollutions, etc., nul n’ignore l’inventaire. Le XXe siècle a synthétisé toutes ces répétitions générales de la fin du monde. Qu’un bouquet final advienne prochainement ne serait jamais que le point de convergence logique du processus.
Pourtant, celui qui porte la responsabilité de ce gâchis qui n’attendait que d’être mondialisé, ce n’est pas l’homme, comme ça, en général : par exemple les peuples dits primitifs ont toujours entretenu un rapport déférent vis-à-vis de la nature. Celui qui porte la responsabilité de cet irréversible gâchis c’est le thuriféraire du bonheur occidental certifié conforme par la certitude qu’il n’y a rien de plus désirable que la capitalisation de biens matériels. S’il n’a jamais été possible de penser l’impensable, et c’est peu dire que la pensée a bien cessé de penser, est-il encore possible de poétiser l’impoétisable que ce monde porte désormais comme un nez sur une figure ? Mais non ! je me récuse, cette question n’a pas lieu d’être.
(…)
Jadis, les Dîners des vilains bonshommes ont proposé comme thème « Qu’est-ce qu’un commencement ? », et plus récemment Comme un Terrier dans l’Igloo : « La première fois » : thèmes pour la bonne bouche, prétextes au divertissement et à la dérision. Ce coup-ci, je vous soumets :
Qu’est-ce qu’une fin ? / La dernière fois (etc. : dans ce registre-là)
Je regrouperai vos contributions sous forme d’e-mail circulaire que recevront ceux à qui sera venue l’inspiration. Ensuite, si la matière est de choix, je ferai peut-être un numéro de Comme un Terrier dans l’Igloo avec une sélection que j’ajouterai aux auteurs invités par voie postale sur ce même thème.
Pas de date butoir, mais si début 2009 l’affaire n’est pas conclue c’est que de notre point de vue il n’y avait pas suffisamment à dire sur le sujet.
Amiteusement
08:05 Publié dans La pensée du jour | Lien permanent | Commentaires (0)
25/06/2008
Une bonne note au passage
Une dame qui dit du bien du Cap'tain, alias Alain Jégou... on va pas se priver de le faire rougir, le gonzeau...
c'est par là que ça se passe en Cliquant là...
15:47 Publié dans Les copains d'abord | Lien permanent | Commentaires (0)
23/06/2008
Good news from Pélieu galaxy's......
La maquette de l'ouvrage collectif est en cours d'élaboration. Déjà les couvertures sont prêtes ainsi que le bulletin de souscription. L'iconographie nombreuse et variée a été en grande partie fournie par Benoît Delaune. Tout ça prend forme... Ceux qui le désirent peuvent souscrire dès maintenant à l'ouvrage...
Auteurs, artistes et musiciens ayant participé à l’ouvrage :
Traducteurs : Mary Beach, Benoît Delaune, Jean-Marie Flémal, Béatrice Machet.
Pour recevoir le bulletin de souscription CLIQUEZ ICI
La Crevaille est le dernier texte de Claude Pélieu. Ecrit peu avant sa mort, il est demeuré inédit. Il sera édité à l'occasion de la sortie de l'ouvrage collectif pour les souscripteurs. La maquette de couverture de La Crevaille est faite avec le carnet de bloc notes rouge scanné de Claude Pélieu.
LA CREVAILLE
Introduction de Pierre Joris
Claude n’ignorait rien de la gravité de sa situation: son titre nous le dit fort bien. Et il savait quand s’arrêter : il boucla le ms. de La Crevaille un mois avant sa mort, le datant « Juin-Novembre 02» en bas de la dernière page. Page d’un bloc note sténo marque « Pen-Tab » à spirale métal, 80 feuillets de 15 X 22 cm, papier à teinte verte et à lignes, chaque page divisée verticalement par une fine ligne rouge. CP en a rempli 48 pages, dont une douzaine recto/verso, en utilisant la séparation verticale pour créer des textes en vis-à-vis.
S’il ne s’y est pas tenu complètement, l’idée de départ du texte est formulée sur le verso du deuxième feuillet :
Haikus et tankas
∑ ⎛
à choisir courts poèmes
à sélectionner & notes en bas
de la page
il ya q.q.’ « encadrés »
ou mise en page
avec différents
caractères
en fait
une suite
à soupe de lézard
qui a vu le jour
dans les salles d’attente
d’un hôpital.
Deux figures emblématiques sont collagées sur la couverture cartonnée du bloc-notes : recto, un petit collage de deux timbres Andy Warhol, verso, la tête de Céline, avec un centimètre (américain, donc marqué en pouces) enroulé au niveau du coup — écharpe, corde, ressort-cobra ? Sur la page de garde, où réapparaît un timbre Warhol, Claude a collé un extrait d’article sur son travail (que je n’ai pas encore réussi à identifier) qui dit en partie :
Je n’exagère rien en comptant Claude Pélieu, poète français installé sur la côte Est des Etats-Unis, au nombre des plus puissants écrivains de ces trente dernières années. Si toute civilisation est bel et bien une forme de la sensibilité rendue visible par une suite continue de symboles, alors Claude Pélieu demeure à ce jour un révélateur sans équivalent du monde occidental. Sa poésie saluée très tôt par Allen Ginsberg et William Burroughs, reste injustement minorée en France. Comme toute pratique d’écriture véritablement armée, l’œuvre de Claude Pélieu, dans ce pays subit une véritable mise sous séquestre éditoriale. Par pesanteur d’établissement, par auto-intoxication et moisissure, davantage que par idéologie. Sans insister sur le caractère parfaitement clairvoyant de ses écrits, éditer et lire Pélieu aujourd’hui, c’est faire entendre l‘autre voix. C’est rendre le réel à sa clarté coupante pour les cinq prochaine décennies du siècle qui balayeront les derniers forçats de la sensiblerie spongieuse, la mélancolie-crampon et les nains trapézistes à faux nez qui encombrent.
Ça a dû le requinquer tant soit peu durant ces derniers mois, lui qui avait eu si peu de réconfort critique, et n’en avait jamais demandé. Savoir que l’on commençait — peut-être — à le lire sérieusement (sérieusement ? — disons d’un « sérieux » pélieutien, qui d’ailleurs reste à définir entre dada et andy) aura apporté, je pense, un nano-réconfort, même si Claude (s’il pouvait me lire) éclaterait d’un gros rire en me lançant, « Eh ! Pierrot, ça me fait une belle jambe ! » Ou au moins une béquille pour unijambiste.
Blaguer avec lui aide un peu, avant tout aujourd’hui, à la lecture de ce « testament » qu’il ne voulait pas en être un, même s’il savait en le rédigeant que ça risquait de le devenir.
Albany, 21 novembre 2005
banalités déchirantes
toutes les vies
dans les abîmes du feu
Directos en enfer
Et pas de commission -
Picole & foirade
défonce & tristesse
pub d’enfer
pour les pochetées
du malaise –
ce matin
on m’a demandé
si je pouvais payer
les frais des pompes
funèbres (j’ai donné
l’adresse d’un gus
poète embourbé
dans l’indigence)
à part
pour la connerie
on pourrait être
n’importe où
avec n’importe qui –
les agents secrets
du spectacle sont
partout –
les mots de WSB
se sont évaporés –
quels rôles vont
jouer les inséminés
involontaires au
milieu de ce siècle ?
09:25 Publié dans Les copains d'abord | Lien permanent | Commentaires (1)
13/06/2008
Claude Pélieu (4)
En ce moment ça phosphore sur les couvertures des Pélieu. Des envois à Benoit et au Cap'tain ... il est retraité le Cap'tain maintenant et il va à la pèche aux moules. De sa fenêtres il reconnaît à la couleur des rafiots qui passent au loin le nom qu'il porte. Bien content de plus avoir besoin de continuer à pointer son nez dans ce foutoir. Trop content d'avoir encore sa carcasse de ce monde. Sa dernière aventure en pêche avait bien failli lui couper le sifflet; alors qu'il avait été éperonné par un chalutier espagnol qui ne s'est même pas arrêté. Heureusement pour eux que les gendarmes étaient là quand ils ont été par la marine obligé d'accoster à Lorient. Les autres pécheurs les attendaient sur le quai, prêts à les foutre à l'eau... Trois gars, trois veuves quelques mois auparavant dans des conditions similaires. Alors quand les autres pécheurs ont su que le Cap'tain avait eu un accrochage avec les espagnols, ils sont rentrés au port. Pas étonnant que Pélieu il cite le Cap'tain dans ses textes... Deux potes ces deux, là...
-Mais qu'est ce que t'as raconté sur ton blog, il va me dire...
-Moi? Rien que la vérité que je vais lui répondre...
Il va s'allumer une gauloise et lever son verre, en disant : à la tienne mon pote...
Sur la photo Pélieu c'est le géant, Jégou le barbu
PLUS RIEN NE S’OUBLIE
texte Claude Pélieu, publié pour la première fois par Benoît Delaune...
« Alors bonne bourre mec Et après toi la fin du monde » (Alain Jégou), enfant, j’aurais aimé bomber ça sur une muraille d’ailes, rue du Lance Pierre.
Taffe de ciel. Pluie sur les mûriers blancs.
Enfance brumeuse.
Raids aériens. Peur. Couvre-feu. Atrocités. Privations.
Fricassée de buvards, d’encriers, de cartables, de missels tâchés de foutre.
Cathé en plein air. Gymnastique.
Premières Luckies. Branlettes & fellations.
L’abbé Mâchemerde.
Salle François Coppée. Miettes de belle époque. Les fenêtres s’ouvraient comme des boules de neige.
Paroles d’encre au goût d’abricot.
Banlieue Nord.
Rue des Merles. Né là, grandi là, rue du Nain Jaune.
Mauvais élève ? À côté du sujet.
Brouillard-angélus. Sainte Marie de l’Azur. Rue aux Juifs. Vitrines bourrées de crânes bleus. Rue de l’Oubli. Flocons de foirade. Mille fourmis sur la langue. Fleurs de prunier. Illustrés. Plumes entre les pages de ce vieux dico Larousse. Doigts tachés d’encre de Chine. Regard déjà fatigué de tout.
Nos vies déjà chiffonnées, écrites sur la peau d’une étoile morte.
La couverture à laquelle vous avez échappé...
Encore le bon de souscription à terminer...
21:00 Publié dans Cherchez pas c'est de l'art..... | Lien permanent | Commentaires (0)
12/06/2008
Claude Pélieu (3)
Ce texte de Claude Pélieu à été publié pour la première fois par Benoit Delaune de façon confidentielle... quelques dizaines d'exemplaires en photocopie...
Prise de tête dans les booths du peepshow du nouveau millénaire — vieux jeune homme gore zézayant, radotant en mixant les mythes des avant-gardes, l’homo Gamus dans la biosphère numérique enregistrant la couleur du temps. Blacks de plus en plus gris, engloutis par le bleu Klein, exilés sur l’étoile de la Mort — terrorisme ludique, ah ! terminus Prozac, on remixe la merde de toutes ces années, Gleen O’Brien exhumait la scène post-punk, que sont devenus Legs McNeil, Yves Adrien ? Michel Bulteau me parlait souvent de Pacadis — la douce lumière malade de ces années-là, TERMINUS SMACK — un spliff d’enfer dans la buée secrète de l’automne, branlette sur la table d’injection, surboum ringarde dans le couloir de la mort, burlesco-glauque, refoulé destroy — Juju & Java délirent et foutent le feu simultanément à une mosquée & une synagogue — et que se passe-t-il dans les coulisses opa-ques du pouvoir gangrené par la violence ? court-circuitées du karma les crevures — faudrait reprogrammer leurs systèmes de valeurs et les enfermer dans les bars à putes de Technopolis — Johnny Destructo, le panard cosmique rétrozen du crooner qui a pris un coup de vieux, qui touille son vieux trip hippie bien barge, harmonica, tignasse dreadlockée, le blues de chez nous, putain d’actu ! Zapocalypso Now ! l’Éclate Totale ! la grande mouille — poésie de prisu, médiocrité & pluie malade. Quelqu’un dit : « Il n’y a pas de pays plus irréel que la France », « Et la Belgique ! » — esprit des ténèbres à l’âge du CLIC, est-ce un bon plan Mr. Gooddeal ? on change l’or en salade niçoise, l’audimat explose, WHO WANTS TO BE A MILLIONNAIRE ? gonflette finale avec les stars gérontes, terreur hallucinante, Marks & Spencer, Castorama, Leroy-Merlin — pages scotchées sur victimes-alibis — de quelles « valeurs fascisantes » parlez-vous ? — d’ici on voit les choses en se téléchargeant, les idoles crament facilement.
Collage Claude Pélieu
21:46 Publié dans Les copains d'abord | Lien permanent | Commentaires (0)
02/06/2008
Autour de Claude Pélieu
On travaille ferme ces temps-ci avec Benoit Delaune et Alain Jégou pour mettre au point l'ouvrage collectif qui rendra hommage à Claude Pélieu. Benoit a ressorti de ses cartons les collages nombreux reçus pendant ces années de New York envoyés par Claude Pélieu ou Mary Beach...
Difficile de faire des choix dans autant de matière, de matériau. Ginsberg, Gregory corso, Patty Smith... Et la vie incroyable du frenchie au milieu de tout ça....
Tiens une photo juste une seule de leur quotidien: Mary, Claude et Allen et un quatrième...
On va essayer de retranscrire tout ça avec les témoignages de beaucoup de monde...
« Écraser les souvenirs comme des feuilles mortes » par Claude Pélieu
23:35 Publié dans Les copains d'abord | Lien permanent | Commentaires (1)