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21/10/2010

Le Fou Rire de la Joconde...

Deux critiques à propos du livre "Le fou rire de la Joconde" d'Alain Germoz, paru aux Carnets du Dessert de Lune, dans la collection Pleine Lune.
Alain GERMOZ, Le fou rire de la Joconde,
Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 2010, 73 p., 13 €. ISBN 978 2 930235 99 8

Vitrine à fantasmes
Le sourire de la Joconde est-il un leurre? Ses ambiguïtés souvent évoquées offrent en tout cas à Alain Germoz l'occasion de contestations majeures autant sur l'art en soi que sur les comportements humains qu'il suscite. Sous-titrée « variations sur un thème trop (mé)connu », cette mosaïque rassemble, dans un mélange des genres, une gerbe de réflexions et de dialogues moissonnés au long des années à travers le prisme de cette vitrine à phantasmes signée Vinci. Textes tout en intelligence, en irrévérence et en rouerie, qui soumettent cet ectoplasme de la nommée Mona Lisa à tous les traitements possibles (des plus gratifiants aux plus mortifiants), à toutes les interrogations et à tous les regards posés sur un pli de bouche passible de refléter le catalogue de nos grimaces et de nos contradictions. Saccage magistral des certitudes hautaines, des idées toutes faites, des engouements grégaires et de l'imposture d'icônes en toc du monde de l'art, mais mené avec l'élégance d'un jeu d'esprit qui pourrait, le cas échéant, s'apparenter au fameux sourire. Si toutefois celui-ci cache bien un fou rire réprimé, face aux conjectures mêmes qu'il suscite, ou exprime le doute fondamental et créatif qui anime en toutes circonstances et à tout propos, un auteur dont la liberté de pensée constitue le seul credo.
© Ghislain Cotton in Le Carnet et les instants

Comment qualifier un des derniers écrivains francophones de Flandre, homme de la plus grande liberté de ton et de la plus grande rigueur de langue, Alain Germoz. Est-ce un surréaliste, un dadaïste, un ancien ou un moderne ? Je me refuse à le classer dans un petit ou grand casier de ce genre. Son dernier live prouve une fois encore qu’il peut se contenter d’être lui-même, avec sa fantaisie et son énorme culture. Le fou rire de la Joconde est cependant, malgré son humour et sa belle méchanceté, tout autre chose qu’une potache. A preuve s’il en fallait le chapitre « Point à la ligne » véritable cours sur l’Art (il tient à la majuscule) qu’il définit comme la « potion magique librement consentie. » Le reste de ce petit livre digne des « propos des buveurs » de Rabelais se permet toutes les insolences et même pire, s’amusant à désacraliser le tableau de Léonard en jouant de toutes les ressources de la bonne blague, y compris une réjouissante grossièreté à l’occasion. Décidément ce fils de l’étonnant Roger Avermaet (encore un oublié ou gommé) n’a rien perdu à près de nonante ans de la faconde estudiantine. Comme les précédents, cet opus a aussi conservé le souci de ne jamais écrire (ou dessiner, voir ses scromphales) n’importe quoi, comme c’est la mode aujourd’hui dans les milieux dits intellectuels où croupissent des écrivains surtout préoccupés de subventions et d’une retraite confortable et si possible académique.
© Paul Van Melle, in Inédit Nouveau

Si vous souhaitez commander ce livre envoyez un mail à dessertdelune@skynet.be. Un exemplaire de la version complète du dessert "Le caribou mal équarri" d'Alain Germoz vous sera offert avec votre commande.

Le Fou Rire de la Joconde...

Deux critiques à propos du livre "Le fou rire de la Joconde" d'Alain Germoz, paru aux Carnets du Dessert de Lune, dans la collection Pleine Lune.
Alain GERMOZ, Le fou rire de la Joconde,
Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 2010, 73 p., 13 €. ISBN 978 2 930235 99 8

Vitrine à fantasmes
Le sourire de la Joconde est-il un leurre? Ses ambiguïtés souvent évoquées offrent en tout cas à Alain Germoz l'occasion de contestations majeures autant sur l'art en soi que sur les comportements humains qu'il suscite. Sous-titrée « variations sur un thème trop (mé)connu », cette mosaïque rassemble, dans un mélange des genres, une gerbe de réflexions et de dialogues moissonnés au long des années à travers le prisme de cette vitrine à phantasmes signée Vinci. Textes tout en intelligence, en irrévérence et en rouerie, qui soumettent cet ectoplasme de la nommée Mona Lisa à tous les traitements possibles (des plus gratifiants aux plus mortifiants), à toutes les interrogations et à tous les regards posés sur un pli de bouche passible de refléter le catalogue de nos grimaces et de nos contradictions. Saccage magistral des certitudes hautaines, des idées toutes faites, des engouements grégaires et de l'imposture d'icônes en toc du monde de l'art, mais mené avec l'élégance d'un jeu d'esprit qui pourrait, le cas échéant, s'apparenter au fameux sourire. Si toutefois celui-ci cache bien un fou rire réprimé, face aux conjectures mêmes qu'il suscite, ou exprime le doute fondamental et créatif qui anime en toutes circonstances et à tout propos, un auteur dont la liberté de pensée constitue le seul credo.
© Ghislain Cotton in Le Carnet et les instants

Comment qualifier un des derniers écrivains francophones de Flandre, homme de la plus grande liberté de ton et de la plus grande rigueur de langue, Alain Germoz. Est-ce un surréaliste, un dadaïste, un ancien ou un moderne ? Je me refuse à le classer dans un petit ou grand casier de ce genre. Son dernier live prouve une fois encore qu’il peut se contenter d’être lui-même, avec sa fantaisie et son énorme culture. Le fou rire de la Joconde est cependant, malgré son humour et sa belle méchanceté, tout autre chose qu’une potache. A preuve s’il en fallait le chapitre « Point à la ligne » véritable cours sur l’Art (il tient à la majuscule) qu’il définit comme la « potion magique librement consentie. » Le reste de ce petit livre digne des « propos des buveurs » de Rabelais se permet toutes les insolences et même pire, s’amusant à désacraliser le tableau de Léonard en jouant de toutes les ressources de la bonne blague, y compris une réjouissante grossièreté à l’occasion. Décidément ce fils de l’étonnant Roger Avermaet (encore un oublié ou gommé) n’a rien perdu à près de nonante ans de la faconde estudiantine. Comme les précédents, cet opus a aussi conservé le souci de ne jamais écrire (ou dessiner, voir ses scromphales) n’importe quoi, comme c’est la mode aujourd’hui dans les milieux dits intellectuels où croupissent des écrivains surtout préoccupés de subventions et d’une retraite confortable et si possible académique.
© Paul Van Melle, in Inédit Nouveau

Si vous souhaitez commander ce livre envoyez un mail à dessertdelune@skynet.be. Un exemplaire de la version complète du dessert "Le caribou mal équarri" d'Alain Germoz vous sera offert avec votre commande.

12/10/2010

Quand Malanga parle de Charley....

TE BOUFFE PAS LA TÊTE par Gerard Malanga
Charles Plymell
Glass Eye Books / Ecstatic Peace Library


D’embée, Charles Plymell balance son premier coup en une fantasia de vibrations rythmiques dans « La théorie de la poussière meurtrie », qui surpasse même les premiers jets de Ginsberg. Et, ainsi donc, « Te bouffe pas la tête » est un recueil de dimensions modestes (29 poèmes réunis en 34 pages), empli de sévères mises en garde contre le mauvais sort et la destruction et des souvenirs de la planète Terre lorsqu’elle traversait des âges plus innocents, avec des vagues de blés chaleureux s’étendant aussi loin que le freux peut voler dans ces rêves du Kansas. J’ai lu ce plaisant petit recueil à haute voix de la première à la dernière page tout en écoutant, presque en sourdine, « Gaspard de la nuit » de Ravel et c’était pareil à l’émotion retrouvée dans l’un ou l’autre scopitone, comme si j’avais regardé par la fenêtre d’une voiture, avec Charlie au volant.

« Agenouille-toi, l’Amérique, et embrasse l’asphalte, tu as voté pour » est précisément l’un des vers mêmes qui fait mouche d’instinct. « (…) les succès trop répétés sont à coup sûr le prologue d’un désastre » en est un autre et, ainsi, la cupidité surgit çà et là, au moment où Charley se met à singer le jargon du Wall Street Journal afin que tous ces gusses en costard & cravate puissent comprendre entièrement une fois qu’ils auront terminé leur pause lunch et qu’ils se retrouveront sous une lumière aveuglante.

Charley est un homme au volant et il a passé beaucoup de temps sur les routes avant que Kerouac s’y mette (mais celui-ci ne conduisait pas) et, ainsi, il est solidement campé sur ses deux jambes :

« La création nous reproduit en double
à travers des éternités de sang et de savoir
de néons synchrones avec des lumières de tableau de bord
pirouettant dans toute une vie électrique. »

(de « Toi, regarde autour de toi »)

« Aujourd’hui, les autoroutes ne sont que des voies secondaires
et aucune ne suit ma propre voie. »

(de « Cette manie de rire au revoir »)

« Son esprit rouillé roule dans un pick-up
Jupiter hors sono
électro-corps précambrien
la banquette arrière pleine de canettes de Bud. »

(de « Les alambics crachotent séparément »)

« Fais du stop depuis la zone grise
Vire du côté de la route vers le sud
Sors du sud imaginé quelque part
En direction de la Gadoue du delta
Là où le coton est pur
Et où la chemise à pois clapote dans le vent »

(de « Lierre »)

… et ça continue sans arrêt, pour se terminer par « Poussière meurtrie » :

« Je me souviens du Kansas où tout étant mort et parti pour de bon
se muait en un tableau de bord presque éteint
avec la lumière verte et douce et des bouts de métal
pour garder les enfants d’un monde écroulé. »

Charley sait. Il sait de quoi il parle. Il vient d’une longue tradition de fileurs de coton et d’avaleurs de rails. Il a regardé dans toutes les directions et d’innombrables fois scruté ces champs où il a traîné quand il était môme, où « les fleurs des couronnes sauvages ne poussent plus » et où « le vent dans l’herbe chasse au loin les années », et « (…) quelle solitude dans les ombres là où ils parcourent la vaste route ! ».

Avec Charley au volant de la poésie et moi sur le siège de droite, je ne voudrais pas d’autre route.