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31/10/2011

Nouvelle édition...

Diffusé en France par Vilo.

Avec toujours l'ami Anto aux pinceaux pour la quatrième fois sur une couverture..

Le travail d'Anto est en lien sur ce blog dans la rubrique peintres.  

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Ils ont dit à propos de La Honte sur nous



Hugo Marsan.
Ce deuxième roman vibre d’une belle et saine acuité. Le quotidien est décrit avec lucidité et parfois cruauté, mais l’amour des mots, le chant des phrases, la jouissance du conteur transfigurent une réalité sordide en beau récit d’initiation. L’écriture pour qui écoute son miracle ne transforme pas les injustices sociales mais permet de survivre dans le respect de soi-même.
Le Monde des Livres

Saïd Mohamed va au cœur de la délinquance, du sordide, de la difficulté d’être le fils d’un immigré marocain alcoolique et d’une française pauvre au verbe cru. Roman autobiographique, fiction réaliste, c’est avec poésie et humour que l’auteur écrit ce parcours étonnant d’un jeune rebelle, brinquebalé de foyers en galères, qui survit grâce à un amour immodéré des mots et un sens aigu du beau. Il touche du doigt les paradoxes qui font la vie décousue de marginaux, plus ou moins touchants, et enfermés dans leurs carcans sociaux. Sans complaisance, avec une fluidité narrative exceptionnelle, il captive le lecteur avec une histoire cruelle parfois, mais pleine d’espoir.
Sud Ouest Dimanche
 

 

La honte hante les gens de peu, les moins que rien, dès le plus jeune âge. Le héros de Saïd Mohamed enfant de la DASS, pensionnaire de foyers, hôte éphémère de familles d’accueil avait un destin tracé : " Le berceau était entouré de mauvaises fées et le diagnostic sévère. " Un jour, il découvre les livres grâce à une prof de français baba-cool et la littérature va changer sa vie. Le narrateur exercera divers métiers sans sombrer dans la délinquance prétendument inscrite dans ses gènes. Il lit, il écrit des poèmes que parfois il déclame dans des groupes d’amis de rencontre. On ne le rejette pas, non on l’écoute, on boit ses mots, on l’applaudit. La Honte sur nous raconte l’itinéraire d’un gosse qui a su saisir la perche qu’on lui a tendue. La seconde partie du livre amène à la délivrance. Il quitte son métier d’imprimeur pour partir sur la route jusqu’au Maroc à la recherche de son père. Ces pages de la rencontre avec l’ancien soldat perdu de la guerre, puis ouvrier silicosé en France sont les plus émouvantes du livre. Le narrateur cherche à recoller les morceaux des premières années de sa vie, à bétonner le socle de son enfance. Il pourra alors retourner dans sa Normandie natale, la conscience apaisée.

L'humanité

 

Kenza Alaoui.
Lassé de passer d’un métier à un autre et de changer constamment de situation le narrateur décide de tout laisser derrière lui et de partir à la recherche de lui-même. Il part au Maroc retrouver son père. Le voyage le transforme. Au bout du chemin il ne trouve aucune satisfaction, sauf le soulagement. La Honte sur nous est le récit d’un voyage initiatique qui promène le narrateur dans les méandres d’une vie marquée du sceau du sordide. La mauvaise herbe qu’il était a fait pousser au fond de lui, comme par miracle, un talent précoce de poète.
La Gazette du Maroc

Salim Jay
L’appétit de vivre et l’appétit de raconter vont de pair chez Saïd Mohamed. Il écrit comme on trépigne, donne à percevoir tous les protagonistes de hasard mis en bouquet sur le chemin, de la France vers le Maroc, qui remettra face à face le père enfin en son village natal et le fils abandonné qui n’a rien oublié et ne sait pas ne pas respecter les siens. C’est la belle leçon de La Honte sur nous que cette incapacité à avoir honte de soi ou des siens. Saïd Mohamed sait rendre compte de la réalité apparemment la plus triviale sans l’arrogance d’un donneur de leçons. La Honte sur nous a parfois des accents déchirants et recèle des épisodes drôlatiques. Un récit qui ne démérite pas de l’existence. Tonique en somme.
Revue Quantara, Institut du Monde Arabe

Mustapha Harzoune
Sans concession aucune, Saïd Mohamed décrit les milieux par où il est passé, le sort des laissés-pour-compte, les boulots de misère, la délinquance des uns, l’alcoolisme des autres, la solitude d’une humanité abandonnée à elle-même par une société indifférente, folle," la folie de cette grande mécanique qui broie les hommes et les rend si misérables". Avec le même réalisme, la même brutalité, il rapporte l’histoire, la sordide et terrible histoire familiale. Pas de pleurnicherie ici. Les choses sont ce qu’elles sont et il faudra bien faire avec. La Honte sur nous est une autobiographie écrite à vif. Un témoignage sans tricherie mais sans concession sur cette part honteuse d’elle-même de la société française.
Revue Hommes et Migration

29/10/2011

Festival des Artisans voyageurs

Un événement à ne rater sous aucun prétexte. Le niveau de qualité de la programmation ne se démentit pas... Trois jours de découvertes de partage d'émotions... Un festival porté à bout de bras par Arthur avec le soutien de la municipalité de Pellouailles Les Vignes. 

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Festival Artisans Voyageurs 

17, 18, 19, 20 novembre 2011
à Pellouailles-les-Vignes (10 km d'Angers 49)

Abed AZRIE, compositeur et chanteur : notre invité d'honneur

  • Réalisations audiovisuelles,
    c
    onférences avec les réalisateurs
  • Expositions
  • Musique
  • Salon du livre, dédicaces des auteurs
  • Concours de carnet de voyage
  • Salon de thé sous la yourte, repas exotiques...

28/10/2011

Sebran d'Argent

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Un jour alors que je me promenais dans le quartier st Paul j'ai vu un photographe qui vendait des tirages de ses photos d'Inde. Il avait inventé un appareil photo, une chambre en bois avec lequel il voyage en Asie et il prenait des clichés avec des films négatifs au format 20 x 30 cm. Ces films il les as récupérés dans les stocks de l'armée rouge. Ces négatifs servaient aux avions espions pour prendre des clichés depuis une altitude de 10 000 mètres. Cela donne un piqué extraordinaire à ses photos... Il tirait des planche contact avec ces négatifs qu'il vendait sur le trottoir. C'est là que je lui ai acheté un de ses tirages... Imaginez des planches contacts avec des négatifs de cette taille. Totalement bluffant.

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Pour voir son travail il vous suffit d'aller sur le lien que j'ai mis sur ce blog. Il y a chez ce photographe une puissante ambiance totalement onirique qui reflète ce que j'ai perçu de l'Inde...
Pour le plaisir voici déjà quelques clichés qui étaient en vente à la galerie Verdeau...
 

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07/10/2011

à l'automne les salons sont à l'appel.....

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06/10/2011

Writerly Identities in beur fiction and beyond de Laura Reeck par Mustapha Harzoune

 

Couverture de l'ouvrage

 

Laura Reeck est professeure de français à l’Allegheny College de Meadville (Pennsylvanie).

Elle publie ici son premier ouvrage consacré à quelques écrivains français classés - relégués ? - par la doxa dans le rayon des auteurs "beurs" ou "écrivains de banlieue".

 

Laura Reeck, Lexington Books, USA, 2011

 

 

 

A chacun, elle consacre un chapitre. Elle ne se contente pas d’y analyser les œuvres des uns et des autres mais se livre également à des mises en perspectives théoriques, sociales et biographiques. Elle illustre ainsi, avec rigueur et conviction, la fameuse opinion qui veut que la littérature en dise plus sur nos sociétés et sur leur devenir que nombre de doctes traités, lourdement lestés de statistiques. A l’ère du chiffre-roi, les poètes ne seraient pas tout à fait morts…

L’auteure détrousse les écrits d’Azouz Begag, Farida Belghoul, Leïla Sebbar, Saïd Mohamed, Rachid Djaïdani et Mohamed Razane. Un autre écrivain traverse à plusieurs reprises le livre, sans qu’un chapitre lui soit pour autant dédié : Mounsi. Le choix, personnel, pourrait être discuté, mais l’éventail présenté offre plusieurs intérêts. Il est constitué d’hommes et de femmes appartenant à trois générations. Certaines personnalités ne rechignent pas à occuper le devant de la scène quand d’autres choisissent volontairement de s’en retirer. Les acteurs de la politique y côtoient des intellectuels engagés dans le débat public. Certains acceptent de jouer le jeu médiatique pour se faire entendre quand d’autres refusent, en actes et par écrit, de faire la danse du ventre. Tous ont à voir avec l’Algérie, sauf un esseulé qui laisse s’exhaler quelques fragrances franco-marocaines. Socialement, ils sont issus des bidonvilles, des cités, de la DDASS ou de ces armoires franco-algériennes, riches en secrets et non-dits. Tous mettent en avant la littérature et l’universalité de leurs propos. Le style et la langue avant tout ! Ils écrivent une "littérature engagée", un engagement qualifié d’"extraverti" pour Begag ou d’"introverti" pour Belghoul, une "autofiction extravertie" pour Said Mohammed, une "littérature au miroir" pour Rezane ou une littérature "tout court" pour Djaïdjani. Le premier livre présenté est paru en 1986 et le dernier en 2007 ; ce large spectre littéraire permet de rendre compte des évolutions, des formes et des objets de ces engagements.
Laura Reeck dissèque "ses" auteurs, convoque tour à tour Fanon, Camus et le concept d’absurde, Ralph Ellison et les notions de visibilité et d’invisibilité, le Tout-Monde d’Edouard Glissant, le philosophe Kwame Anthony Appiah, Michel Serres, Michel De Certeau, Salman Rushdie ou Le Clezio.
Elle replace les œuvres dans le contexte sociohistorique. Elle part des rodéos de Venissieux en 1980 en passant par la Marche de 1983 et Convergences 84 pour arriver aux émeutes de 2005. C’est dire si, en matière d’identité, ce n’est pas seulement celle de quelques "gratte-papier" qui intéresse l’universitaire nord américaine mais bien les identités en devenir des populations issues de l’immigration ("postcoloniales" ou "minorités ethniques" selon son vocabulaire) et les chambardements induits au sein de la société française. Comme l’écrivait récemment Amin Maalouf, "l’intimité d’un peuple c’est sa littérature" (Le Dérèglement du monde, Le Livre de poche, 2010). Avec ces écrivains - français ! - on plonge au plus profond des entrailles et de l’âme française.

Des revendications politiques de la Marche de 1983 à la violence des années 2005, la même blessure taraude ces Français un peu trop à part : comment faire entendre qu’ils sont partie prenante de l’histoire et du devenir national, qu’ils partagent les valeurs héritées des Lumières et de la Grande Révolution et qu’il constituent une clef du futur de (et pour) leurs concitoyens ? Le titre du manifeste Qui fait la France ? résume à merveille cette double disposition vieille maintenant de plus de trente ans : ils "kiffent" la France et participe de son dynamisme.

Laura Reeck dissèque justement les processus de métissages - ce qu’en bonne américaine elle nomme le "multiculturalisme" de la société - qui traversent les romans de ces auteurs et, au-delà, les populations dont ils sont issus. La société française se métisse. Et ce n’est pas simple ! Ce processus est difficile et douloureux. Pour les intéressés d’abord qui en subissent les premiers et rudes coups. Mais aussi, ce que montre ce livre en creux et peut-être même involontairement, pour la société dans son ensemble. On peut adopter telle ou telle grille de lecture - échec et tromperie du modèle d’intégration (A. Begag), reproduction de la société coloniale (F. Belghoul ou L. Sebbar) ghettoïsation en périphérie (R. Djaïdjani ou M. Razane), injustices sociales (S. Mohamed) - la question qui est au centre du propos de Laura Reeck porte sur la capacité de la société française à se réinventer, à se régénérer dans le monde du XXIe siècle devenu le "Tout-Monde". La France sera-t-elle capable de repenser les liens entre l’ici et l’ailleurs, le local et le monde, ses parties et le tout, l’horizontalité des relations et la verticalité des dominations, l’écoute et donc la disponibilité à l’autre qui est aussi le tout proche, l’échange comme cheminement et non comme volonté de convaincre, la question des langues et des cultures débarquées clandestinement avec ses populations venues d’ailleurs, l’écoute des autres voix du monde dont ils sont (un peu) les ambassadeurs et qui expriment l’essence des jours présents et la lumière des prochaines aubes ? Pourra-t-elle concevoir des identités "déterritorialisées" et l’irruption d’un "Je" autonome et complexe ?
Bien sûr, la question sociale est au cœur des évolutions attendues. Ce n’est pas une nouveauté : la priorité (l’urgence) exige une prise de conscience et une volonté politique en faveur notamment des populations reléguées aux périphéries des grandes villes. Du travail, de l’éducation, des conditions de vie décentes... De l’espoir et du rêve aussi ! Si, comme le disent ces auteurs, la violence – celle de la sphère publique mais aussi celle des sphères privées et même intimes - renferme des causes sociales, il n’en reste pas moins que cette prise de conscience politique (pré)suppose un bouleversement culturel. Que le "centre" se décentre, qu’il change de logiciel et voyage vers d’autres imaginaires pour écouter, autrement plus sérieusement que le spectacle du cirque médiatique, ce que ces écrivains ont à dire d’eux-mêmes ; et de tous. Alors, peut-être que oui, la parole des poètes ne sera pas galvaudée.

Mustapha Harzoune

Laura Reeck, Writerly identities. In Beur fiction and Beyond, Lexington Books, USA, 2011, 191 pages.

02/10/2011

Verdi contre Berlusconi


 L’Italie fêtait le 150ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti.

 Nabucco de Verdi est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, qui dans les années 1840 - époque où l'opéra fut écrit - était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée.
Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi.

Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu, d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à la représentation…
Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution : « Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ».

 Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : « Bis ! » Le public commençait à crier « Vive l’Italie ! » et « Vive Verdi ! » Des gens du poulailler (places tout en haut de l’opéra) commencèrent à jeter des papiers remplis de messages patriotiques – certains demandant « Muti, sénateur à vie ».
 Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésita à accorder le « bis » pour le Va pensiero.

Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. « Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intention particulière.  », raconte-t-il.

 Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur son podium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilà ce qui s'est produit :

 [Après que les appels pour un "bis" du "Va Pensiero" se soient tus, on entend dans le public : "Longue vie à l'Italie !"]

Le chef d'orchestre Riccardo Muti : Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie" mais...
 

[applaudissements]


Muti : Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le "Va Pensiero" à nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et perdue".

[Applaudissements à tout rompre, y compris des artistes sur scène]

 Muti : Depuis que règne par ici un "climat italien", moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant... nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre Maison, le théatre de la capitale, et avec un Choeur qui a chanté magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble.

C’est alors qu’il invita le public à chanter avec le Chœur des esclaves. « J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magique dans l’opéra. »

« Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens.»