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27/05/2007

Des relations humaines entre auteur et éditeur

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Cette photo provient du site du photographe Cara Barer cliquez sur son nom pour voir son travail...

Cette fois-ci on ne s’est pas pris de bec comme à l'accoutumée. Il a lu et accepté le manuscrit, tel quel, sans vouloir imposer sa grosse intelligence sur le texte. Un seul paragraphe de trois lignes a souffert de nos débats qui n’ont pas duré une minute. J’en ai de suite convenu, ces phrases n’étaient pas indispensables. Elles rendaient incompréhensible ce qui suivait. Je m’étais préparé un pugilat digne d’intérêt, à des joutes oratoires, comme seul en existe dans ce métier. Partir en claquant la porte, en se maudissant et revenir trois mois après, en ayant intégré presque toutes les corrections demandées et recommencer. Cela m’a presque frustré de ne pas avoir à subir ce rituel. C’était signe que le manuscrit a du ressort, qu’il était capable d’encaisser pareil régime et de revenir lors de la lecture à sa forme primitive.
Ce silence n’augure rien de bon. Je vieillis ? Il devient moins exigent ? Il s’est habitué à mon style. C’est mauvais signe. Cela voudrait-il dire qu’il ne sera plus capable à l’avenir de discernement ? Je vais devoir être obligé de changer encore de crémerie. Cela ne lui à donc pas suffit de faire faillite et de m’emporter par le fond trois textes, passés à la concurrence, chez un fou dingue. Un de ces emplumés du chiffre, pas foutu de parler de style, seulement de pognon. Un de ces gestionnaires sorti d’une de ces usines à crétin, sec comme un bilan. J’aurais pu aller lui porter le nouveau manuscrit à celui-là, parce que finalement c’est mon nouveau patron. Pas question je préfère encore mon Thénardier, au moins je sais à quoi m’attendre avec lui. L’autre avec sa tronche de médecin légiste m’inquiète plus encore. Oh non, il ne cause pas, il compte l’emplumé et je ne pèse pas lourd dans son bilan à cette enclume. Il pinaille avec des arguments de premier de la classe, finalement les quelques écrivaillons avec un peu de souffle qu’il aurait pu ramener dans son écurie, ils sont passé à la concurrence. Soit envolés du nid les piafs, soit retournés chez le vieux soit planant vers des plus prometteurs encore. Je lui suis resté fidèle, je ne sais pas pourquoi. Par fainéantise sûrement, par amitié peut être aussi, par empathie, par compassion, un peu tout ça à la fois. Peut-être aussi parce que j’espérais qu’on allait continuer à s’engueuler avant chaque publication...

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