Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/09/2007

Tanger-Port

medium_img032ter.jpg


Mon passeport a posé problème aux fonctionnaires. Ils m'ont retenu. Il m'aura fallu attendre que tout le monde débarque. Je suis resté seul passager fortement encadré, sur le pont, pendant que d'autres embarquaient pour retraverser le détroit. Un jeune flic en civil est venu me poser la rituelle série de questions administratives. Puis il est reparti emmenant mes papiers et m'a abandonné à mon sort. Après une demi-heure, on m'a demandé de les suivre avec mes bagages au dépôt de police du port.

Etait là, un cul-de-jatte ivre qui avait déclenché une bagarre sur le navire. Le commandant l'avait menotté et mis aux arrêts. Dans ce local attendaient quelques petites frappes ainsi qu'un homme venu d'Italie, vêtu d'un costume gris perle de la dernière mode. L'italien inquiet tremblait des mains. Le cul-de-jatte n'est pas parvenu à allumer sa cigarette. Sa jambe de bois posée à côté de lui, il s'est gratté le moignon. Une chaussette et une chaussure étaient enfilées sur sa prothèse. Il a attendu que son dossier soit complété pour être conduit à la maison d'arrêt. Un garde a imposé le silence. Un homme transportant des kilos de café, des cartouches de cigarettes blondes, des cassettes vidéo, des briquets, des montres est venu nous rejoindre. Il a offert quelques cartouches de cigarettes et des breloques à des flics en civil. Il connaissait bien son monde, était entré de son plein gré, et n'est pas resté longtemps.

On m'a reposé les mêmes questions dans un ordre différent. Je devenais nerveux. Ils s'en apercevaient. J'ai quémandé une cigarette au cul-de-jatte, et l'ai remercié de sa gratitude.
Né en France... De mère... En vacances… De l'argent... Traveller's chèques... Liquide... Travail...

Des policiers, avec des gueules de tueur, sont sortis d'une Mercedes crème. Un tenait une enveloppe de papier couleur saumon à la main. Il en a extirpé un fax. Je devinais qu'il était destiné à mon cas. Ce genre de situation stimule l'imagination.

Le chauffeur m'a fait signe de prendre place avec un policier dans la voiture. Je n'ai pas essayé d'ouvrir la porte de l'intérieur, pressentant qu'elle était fermée. Ce qu'il m'a confirmé lorsque nous sommes arrivés au dépôt central, en venant donner le tour de clef nécessaire. J'ai pris mon sac. On m'a conduit au troisième étage d'un immeuble crasseux et installé dans un bureau. Un homme a pénétré, costume bleu foncé, chemise rayures bleu ciel, cravate noire, chaussures vernies... Le deuxième bureau... Potentiellement je n'existais plus...

Activité... Lieu de destination... Numéro de téléphone... Adresse du père... Nom... Prénom... Des amis... Adresse... Un rituel.
La rapidité et la précision des réponses l'ont étonné. Il a cessé de noter. Il semblait visiblement contrarié et s'est excusé du dérangement, après avoir insulté un cerbère qui n'en menait pas large.
On m'avait confondu avec un terroriste qui travaillait pour un pays ennemi. Et on l'avait dérangé pour un simple touriste. Il suffisait de regarder la photo pour comprendre qu’à part le nom je ne lui ressemblait en rien. J'en ai été fort aise. Il n'y avait rien à redire à ce contrôle de routine.


Extrait de: Point de fuite publié dans la revue Propos de campagne

Explication de texte



Saïd Mohammed From Wikipedia, the free encyclopedia

Saïd Mohammed is a citizen of Afghanistan, held in extrajudicial detention in the United States Guantanamo Bay detention camps, in Cuba.[1] Mohammed's Guantanamo Internee Security Number is 1056. Joint Task Force Guantanamo counter-terrorism analysts estimate that Mohammed was born in 1977. Joint Task Force Guantanamo counter-terrorism analysts listed his place of birth simply as Afghanistan.


Pour connaître le dossier de cet homme Cliquez ICI

Les commentaires sont fermés.