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25/10/2006

La preuve par le neuf

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Collage: Maryvonne Le quellec
Pour retrouver le travail de Maryvonne Le Quellec



Les groupes éditoriaux semblent être devenus des géants aux pieds d’argile, comme s’ils s’étaient embourbés dans des structures de plus en plus lourdes les rendant incapables de raisonner autrement qu’à coups de best seller.
Là, où des petits éditeurs s’estiment s’en sortir royalement avec mille ou deux mille exemplaires vendus sur trois ou quatre ans, l’éditeur classique aura l’impression de sombrer dans le ridicule s’il tire à moins de deux mille, même s’il sait qu’il ne vendra que cinq cent exemplaires. La sacro-sainte mise en place et la philosphie du marketting et des ouvrages en pile est passé par là.
Là, où une colonne de mulets sur un sentier de montagne se faufile haut la main et tiens tête à une armée, classique en y infligeant de lourdes pertes, les colonnes de blindés et les pilonnages intensifs ne servent à rien. Chaque petit éditeur épouse l’aspérité du terrain et s’adapte dans sa niche de résistance. La légèreté semble être la taille idéale pour survivre en milieu hostile. Si des généraux pestes contre la montagne et les périodes économiques escarpées, c’est parce qu’ils ne savent pas faire la guerrilla. Ce sont marins de beau temps qui roulent bien seuls sur l’autoroute de leur raison. Voir l'édition sans éditeurs
Pourquoi ce savoir faire des petits éditeurs ne peut-il pas être repris par des structures plus importantes? C’est ce feu sacré retrouvé dans les yeux de ces apôtres qui fait toute la différence. Il semble qu’aucun de ces apôtre ne peut fonctionner dans le girond d’une marketting manager. Ces putschistes des temps modernes. Pourtant ils tâtent, pèsent le pour et le contre, recomptent… Plus rien ne va comme ils l’avaient prévu. Bien que dans leurs plans tout semblait clair. L’auteur malmené, les contrats renégociés, le travail délocalisé... Malgré cela, impossible d’arrêter l’hémorragie.

Pourquoi les micros éditeurs se mettent à pulluler ?

C’est grâce un seuil de rentabilité très bas…
Car la technique est passée par là entre-temps. Il existe des machines à impression numériques qui produisent une qualité qui s’approche d’un tirage imprimé par un procédé offset. Bien sûr le produit ne peut pas recevoir une couture classique, mais éventuellement une couture à la japonaise comme celle que font les éditions Moundarren.
L’avantage dans ce procédé révolutionnaire qui n’est en fait, -en grossissant un peu le trait-, qu’un photocopieur qui a énormément progressé, réside dans la possibilité d’impression sans stock. Ce qui n’est pas négligeable.
Zéro stock : pas ou peu d’immobilisation de capital, zéro ou guère de risque financier, délai de fabrication très court… Rien que du flux tendu, un stock tampon minimal -au cas où- de cinquante ou cent exemplaires au maximum. C’est bien suffisant pour notre futur Beckett. Qu’il se contente de trouver ses deux cent lecteurs et on vendra ses deux cent exemplaires à l’année… Et le tour est joué.
Pain béni pour le petit éditeur, il n’est plus jamais en rupture de stock, il continue à exploiter le titre au goutte à goutte. En poésie, ce n’est pas négligeable, en théâtre non plus. Et pour nos premiers romans ? A quoi donc cela sert-il d’imprimer deux ou trois mille exemplaires, quand cinq cent suffisent ?
La gestion de production pour des flux plus importants est parfaitement maîtrisée et le parc machine est capable de produire très rapidement des quantités importantes (Goncourt) en limitant la prise de risques financière. La machine Cameron se cale à partir de deux mille exemplaires et produit tranquillement ses cinq mille exemplaires finis à l’heure. Il suffit seulement d’imprimer des couvertures d’avance.
Trois quart d’heure de calage, deux heures de roulage et vous obtenez vos dix mille exemplaires sur palette… Si vous avez bien prévu votre planning vous aurez juste le temps d’aller casser la croûte au bistrot pendant qu’on vous remplira la camionnette d’exemplaires tous chauds… Une blague, dites-vous ? Que nenni… C’est là tout l’argument de vente de cette machine que j’ai vu et revu en production… Réactivité, efficacité, les deux mamelles pour perdurer sur ce marché.
Alors pourquoi ne pourrions-nous pas faire dans la dentelle, alors que nous savons si bien faire dans la cavalerie…
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Laissons-là, les problèmes d’industriels, le petit éditeur n’est pas de cette famille industrieuse-là, mais de celle de l’artisan même s’il travaille maintenant avec des outils très puissants.

L’impression numérique est l’avenir du petit éditeur…

En quelques années, un micro éditeur peut se constituer un catalogue avec un apport financier ridicule, ce qui relève littéralement de l’hérésie. L’édition s’est démocratisée grâce à la technologie.
Quid des ventes ?
Si le E book qui fut en son temps célébré comme un outil totalement révolutionnaire a fait long feu, par contre l’Internet et la vente par correspondance, qui n’en est qu’à ses débuts ont évoluées.
L’éditeur peut vendre sur la toile, soit en passant par le biais d’une librairie qui travaille aussi par correspondance, soit router lui-même ses ouvrages. Rien ne lui interdit. Des librairies virtuelles se constituent. La part de marché qu’elles représentent est certainement infinitésimale. Mais comment va évoluer le marché de la vente par correspondance dans l’avenir ? Déjà quatre à cinq pour cent en si peu de temps, alors que les libraires et les éditeurs classiques croulent sous les flux de retour… Quel sera le comportement des lecteurs futurs… Se contenteront-ils des ouvrages proposés en librairie ou curieux iront-ils dénicher ces auteurs inconnus qui peuvent être produit en passant sous le rideau de fer de la pure raison économique par des apôtres du livre dans le regard desquels brûle la flamme de la passion ?
Article à consulter: mort aux petits éditeurs

A méditer : l’éditeur Robert Morel pensait que chez un bon éditeur on pouvait acheter les yeux fermés.

09:30 Publié dans Analyses | Lien permanent | Commentaires (0)

24/10/2006

De la prétention littéraire.

Parlons argent puisque ça fâche…

Le livre va mal… Faillite d’un éditeur, départ à la retraite d’un libraire, absorption de marques par des groupes, coups tordus dans la profession, le livre va mal. Le livre va semble-t-il, mal, très mal.
Ce paysage, -bien que mal-en-point- est paradoxalement en bien meilleur état qu’à New York, puisqu’à Paris il reste dix fois plus de librairies… Et tout cela est à mettre au bénéfice de notre éternel jeune ministre, Jack Lang. Je le précise, à effet, pour les moins de vingt cinq ans qui n’étaient pas encore de ce monde en 1981.
Revenant d’une réunion professionnelle, qui si elle avait le mérite d’être publique n’en était pas moins à cercle restreint, semblait avoir des airs de conspiration dans un sous-sol parisien. J’avais, excusez du peu, l’impression de revivre une expérience qui remontait à vingt-cinq ans en arrière, lorsque dans des discussions sans fins, dans un village haut perché des Pyrénées orientales, nous rejouions la résistance et que Marcevol se déclinaient dans des discussions interminables où les joutes oratoires fleuraient bon l’empoignade.
L’idée de l’époque, qui depuis à fait du chemin, c’est que la culture appartient à tous. Qu’il n’en existe pas une seule qui serait dominante que l’on doit se laisser imposer, mais des milliers et que toutes sont aussi respectables. Et qu’il faut désacraliser l’acte de création pour le mettre à la portée de tous. Qu’en aucun cas la culture est une marchandise qui appartient à un groupe économique aussi puissant soit-il, mais le ciment de toutes sociétés humaines. Que l’accès aux cultures et aux savoirs est à la base de l’émancipation qui permet de transgresser le déterminisme social. Que tout le monde peut écrire et publier son livre, car tout le monde à quelque chose à transmettre aux autres. Même si souvent c’est maladroit, mal écrit, même si « la chose finale » est mal fagotée, même si le texte est de guingois, qu’importe ! Que le seul témoignage d’un poilu avait même valeur que tous les ouvrages répertoriés dans le corpus de cette période. Que le récit d’un survivant de la shoah comportait dans le texte toute la douleur du monde depuis sa création. Il nous semblait que la force qui animait la démarche était bien plus intéressante que le résultat de la démarche. Tout un état d’esprit d’une époque… Sympathique au demeurant et qui laisse une nostalgie incroyable, car du haut de nos vingt ans nous pensions que tout était encore possible et nous voulions refaire le monde. Au résultat, c’est plutôt lui qui nous à méchamment refait. Il faut bien perdre ses illusions. Mieux vaut tard, que ne pas en avoir du tout eu .
Les éditeurs de l’époque étaient moins bien armés pour l’activité économique que pour la joute oratoire. Mémorables les prises de bec d’une Martine Delort, les engueulades d’un Xavier D’arthuys, les positions d’un Carité. S’il en est resté certains dont les livres ont depuis marqué le paysage éditorial, Castor astral, Atelier du gué, Brémond, d’aucun comme S’éditions sont restés moribonds ; d’autres sont tout simplement passés aux oubliettes, Chiendent, et Ressacs pour votre serviteur et pour ne citer qu’eux.
Les années avant dix-neuf cent quatre-vingt et un, étaient marquées de cette fin imminente et catastrophique annoncée pour l’édition et le livre en France… Et la loi Lang est arrivée… Vingt-cinq ans de sursis. Des secteurs qui tournent le feu de l’enfer, BD, Jeunesse. La poésie qui était en total collapsus, revigorée. Même si elle n’a pas retrouvée sa vitalité d’antan et ses tirages hugoliens.
Six cent romans à chaque rentrée littéraire. Et il paraît que le livre va mal. Tiens donc ? À moins qu’il aille mal de cette boursouflure. Serait-ce à cause de ce fameux marketing, auquel je comprends toujours couic.

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Dans ce sous-sol de l’immeuble parisien étaient-là des éditeurs de la mouvance des litteratures pirates, certains jeunes et d’autres un peu moins, mais tous fauchés et tous atteints de cette fièvre des apôtres du livre que j’ai toujours connu chez tous, comme si la vie dépendait des productions…
La question du jour était : comment trouver une appellation pour ces livres, qui si parfois ils n’en sont guère aux yeux des libraires, en sont encore moins à ceux des diffuseurs, bien que le marché existe auprès d’un public initié. Livres d’art et d’essai ; comme il existe un cinéma de la même appellation.
Il semble que les limites de la loi Lang soient atteintes et qu’à nouveau, le livre soit malmené par le marché parce que les libraires ne peuvent plus faire leur travail convenablement sous ce flot incessant de nouveautés. Parce que ce sont les libraires les seuls garants de la biodiversité culturelle qui sont atteints par un mal qui ronge leurs magasins. Ils s’écroulent littéralement sous les flux des livres. Et ils ont l’impression de servir de trésorerie aux groupes éditoriaux de plus en plus axés sur le marketting et de moins en moins sur la pertinence des contenus, comme l’analyse Dominique Autié.
Si les chiffres de vente s’effondrent, sous l’effet de masse le marché, lui, se maintien en chiffre d’affaires. Mais avec combien de fois plus de titres qu’avant ? Cherchez donc l’erreur. Cela veut dire qu’on vend moins d’exemplaires tout en vendant plus de titres différents… Si vous ne comprenez pas, c’est normal… C’est du marketting.
Le livre est bien le seul produit alimentaire qui n’en soit pas un… Car s’il nourrit l’esprit et c’est à ce titre qu’il bénéficie de la même TVA qu’un kilo de nouille, son commerce, n’en est pas vraiment un.
La ratification du traité sur le commerce des biens culturels l’attestant… La culture est un bien commun à mettre au même rang de progrès social que la déclaration des droits de l’homme. N’en déplaise à nos cousins d’outre océan.
La preuve la plus étonnante de ce non commerce se trouve dans le fait que le livre est le seul produit qui s’il n’est pas vendu est retourné à son producteur. Imaginons un pécheur de limandes : si celui-ci ne trouve pas acquéreur pour sa marchandise, voilà notre brave homme obligé de reprendre ses cageots et de remettre tout ça à l’eau. Hérésie de comparer gens instruits avec le quidam bourru hirsute et iodé. Point tant, il me semble.

18:05 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)

19/10/2006

ANTO journal d'octobre

L'ami Anto qui tient son journal de peintre…
En fait profiter en exclusivité les lecteurs de Ressacs...



Les esquisses d’octobre
Écris au jour le jour Avec des avec et des sens.


Je parcours sur les photos de mes petits boulots
Des commentaires qui asticotent mon vécu… Le plaisir d’y sentir les épreuves et le rythme créatif en noir et blanc.

C’est Lundi et il fait un soleil radieux…Belle journée pour peindre et dessiner en camaïeu de gris.
Photos et autres balivernes argumentent ma journée…

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Tiens voilà les dessins en boîte sur l'ordi.
Technicien et pas des moindres nous devons prendre des précautions pour l’avenir, avoir trace de nos images.
Je prends du temps pour archiver le nouveau boulot pour l'expo prochaine,
dont je t'ai parlé toute à l'heure. Celle de novembre à Akwaaba.

Voilà le premier est plus réussi, enfin à mon sens...

Arpente la complexité d'avoir des enfants dans l'ébauche, le
naturel d'un trait, souvenir blanc de jouissance...

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Mon ami, le plaisir est grand de te le montrer en premier sur ton ordi. Il est classé
dans la "Sans idées autour du ventre"… C’est en cours mais l’idée me plaît. L’art me fait manger. Alors…


Tiens en voici un autre... C'est le travail de ces derniers temps sur un dessin la ville continue à me hanter... Beau temps aujourd'hui...? Les ennuis sont passés... Pour combien de temps...
La télé, elle est cassée. Chouette ... VivE l'imagination!...

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Divagation sur papier autour "d’eux"… Très peu de couleurs...
La gamme des gris emprisonne les strates d'un paysage d'hiver où le coeur y est planté.


Nous sommes mardi 17 octobre et le temps va changer. Cette après midi… Le gris
Voici les deux derniers boulot du jour…
L’envie de continuer la série « sang idées avec du ventre » est intact et pense l’exposer en novembre…

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Le petit baigneur ou la main tendre...

Le lundi, 16 oct 2006, à 16:45 Europe/Paris, Didier Simon a écrit :
Attention,
Le bien être te porte à la famille, espèce de géniteur fou !! écrivait Didier

Et oui...
Prolixe en bonheur...
Gris noir et surtout blanc...


Mon journal a repris vie… Je continue…

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Les montres peuvent s’en retourner.
Le contre-la-montre, j'en n’ai rien à faire... Le temps à l'envers pour un carnet débuté en juillet sous la chaleur d'un été en questionnement.
Et tant pis pour le tour de France... Le mondial a primé.
Au fur et à mesure, le temps passe, les réussites aussi... Allez, attendons les escargots… C’est pour bientôt...


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L’attente…
Dans les grands blancs d'une attente.
Gertrude s'assoit sur son passé le temps d'une petite pause.
La noire d'une pensée, comme le noir d'un sol... La terre en colère.
L'avenir déterminé par l'envie d'un moment tranquille...
L’agitation pour préserver les fumées du temps.

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Baignade
A Rome ou ailleurs sous la chaleur, le couple se rafraîchit à la tombée de nuit.
La baignoire est leur mer et le jeu de sa main évoque en elle;
l'offrande d'un câlin
sur ses petits seins.


Risque et progrès… Tout un programme
Estienne… le jeudi 23 à 11heures… J’y parlerai
C’est décidé. Faut bien semer des graines d’art dans les métiers d’art… C’est mercredi….

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Chamaille
La faim pousse quelques fois le ventre vers un jeu de mains.
La mère protège le chérubin et le ciel réclame l’amour sans retour.


Mercredi, Saïd a appelé…
Me rappelle L’Enfant de cœur notre première collaboration…
Espèce de Chacal…-« Puant »… a t-il ajouté… Un soir.

Nous, les mots ont les peints en noir.
Je lui envoie ses quelque images sans être gris.

Pascal est passé…
Fred a téléphoné
Solange ne travaille pas.
Et moi j’attend l’idée suivante.


Jeudi : on verra bien…

18/10/2006

De la prétention littéraire

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Idiot j’étais, je le confesse, -la jeunesse n’étant pas l’apanage de la discrétion ni du discernement- en concourrant à tous les prix de la Navarre persuadé qu’un bedonnant ratiboisé de la touffe reconnaîtrait mon talent, et que le jury unanime me consacrerait par-delà le département… Idiot triple, plus truffé de certitudes qu’un blockhaus de mines. Atteint d’une vision prophétique, j’étais sûr qu’on allait consacrer mon talent, voir mon génie et je m’accrochais à ça comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. Je demande clémence à mes juges pour qu’ils m’accordent les circonstances atténuantes, le quotidien d’ouvrier imprimeur était loin d’être folichon. Ceci expliquant cela.
Á combien de concours ai-je participé ? À tous absolument. J’ai envoyé des manuscrits à Rodez au prix Artaud*, à Lyon au Kowalski, à st Quentin en Yvelines au Snyder*, même à Lourdes au Max Pol Foucher* croyant encore au miracle. Partout il doit encore traîner pour les forcenés de la recherche de mes manuscrits sur des étagères poussiéreuses. De quoi faire une thèse pas moins sur l’obsession d’un auteur ayant été à l’origine de l’assassinat verbal de jurys entiers.
Ce n’est que bien plus tard que je compris après avoir maintes fois pesté contre ces idiots, ces bornés abrutis non éclairés à la science de la ligne mélodique, que pour être élu il fallait produire une écriture consensuelle, non pas un ramassis de vociférations outrancières juste bonnes à effrayer le bourgeois bien pensant. Ce n’étaient point des gens de ma caste qui me jugeaient mais des ennemis. En rentrant dans leur jeu, je me comportais comme un traître désireux de se faire adouber par des vieilles badernes boursouflées de certitudes. Combien de lettres d’insultes ai-je envoyé à ces gens? Je n’ose savoir. J’évite encore de croiser certains membres de jury sur les salons, toujours tellement couvert de honte, je suis aujourd’hui encore. Á l’époque, je m’en foutais de passer pour un voyou. Et je levais ma chope à l’audace de la jeune garde qui allait cul par-dessus tête faire gicler ce ramassis de timorés de bonbonnières. Je n’ai jamais réclamé leur pardon, et préfère encore le romantisme d’une balle en plein front de ma révolte adolescente.
Je n’avais rien à attendre d’eux et pourtant j’attendais. Rageant et pestant tout en ne remettant pas en cause l’utilité de mon geste. M’inventer un prix littéraire à moi, taillé sur mesure, décerné par mon jury fait d’autres plumitifs. Impossible. Tous l’auraient voulu…
Depuis j’ai appris à m’en foutre. Je ne participe plus à rien et j’entasse mes manuscrits de poésie dans mon tiroir. Pour le cas où je devienne à la mode sur mes derniers jours quand je ne pourrais plus voyager, alors que l’argent coulera à flots.
Heureusement qu’il me reste un éditeur pour la prose, qui est ce qu’il est, ni pire, ni meilleur -bourrique à ses heures-, il ne m’en veut pas de ne guère vendre. Tant qu’il rentre dans ses finances, il continue à me publier et je suis bien trop content qu’il me publie. Je ne cherche plus la gloire, et lui ne rechigne pas le bougre, entre ses faillites, à m’accepter encore un texte. Oh, il ne m’en donne pas cher non, mais il l’imprime à mille exemplaires. Et il les vend à sa vitesse, en deux ou trois ans. Que demander de mieux ? Je me contente de ce peu, qui est déjà beaucoup.
Et tout ça, sans même un articulet dans la presse. Pour sa défense, il n’envoie même plus un seul exemplaire à un journaliste en service de presse. Il ne va pas inutilement gâcher des exemplaires. Ça ne sert à rien de contacter des gens qui sont aussi critiques littéraires que danseur étoile à l’opéra de pékin. Pourquoi voulez-vous que ces gens parlent d’un petit éditeur qui ne les as pas publiés, qui ne les fréquente pas, qui n’a pas de pognon à dépenser dans des raouts mondains et qui préfère s’acoquiner avec des grattes papiers inconnus.
Et si par miracle, il m’arrive de rencontrer un lecteur qui me parle avec de la sincérité dans la voix, -tant pis s’il ment- d’un de mes manuscrits, je suis tout prêt à le croire. S’il s’étonne que je ne sois pas publié chez un grand éditeur. Je lui réponds qu’il n’y a pas de risques puisque je ne leur envoie plus rien. Fatigué de ces lettres qui se terminent toujours par une réponse négative.

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10/10/2006

De la prétention littéraire.

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Écrire c’est bien, mais qu’est donc l’écriture sans lecteur ?
Un passe-temps sympathique, une thérapie à peine suffisante pour les plus méchamment atteints, une manie comme une autre, pas pire ni mieux que du tricot ou de l’onanisme. Ca tient chaud, c’est agréable et confortable et ça permet de passer le temps. Guère de prétention, pas moins d’exigence. Aucun souci du lecteur, ce voyeur prêt à savourer un épanchement intempestif, une tournure de phrase par trop osée.
C’est bien souvent ce qu’on finit par se dire, à quoi sert tout ce cirque. Noircir son clavier avec ses mains pleines de doigts, puis aller courir les antichambres comme si sa survie en dépendait. Faut être un peu toqué, non ? Alors qu’on peut débloguer en direct, et faire du trapèze sans filet. Enfin un peu de sensationnel pour une infâme carcasse. Allez zou, tout le monde en piste… On va s’amuser.
Le niveau d’exigence de la rédaction du texte augmentant en fonction de sa destination. Et comme la publication relève quasiment de l’œuvre à part entière. On n’imagine pas à quel point le moteur est complexe. La facilité d’accès à la lecture de ses textes est bien le pire danger qui guette l’écrivant. Parce que c’est le lecteur qui fait l’auteur, et l’auteur est le pire ennemi de l’écrivant.

Le parcours du combattant pour publier n’empêche en rien nombre de textes ne méritant point la publication de se retrouver sur l’étalage de nos bonnes vieilles librairies, de plus en plus âgées.
La première question qui vient à l’esprit de tout honnête homme étant celle-ci: la staracadémisation est-elle la cause de la pauvreté de telles publications ?
En d’autres termes : pourrait-on imposer pareilles âneries à un esprit sain ?
Certes il aura au préalable fallu, rendre perméable et malléable le cortex de nos contemporains pour y faire rentrer le contenu des émissions littéraires qui vantent les mérites de pareils brouets.
On pourra d’ailleurs remarquer au passage que le mot émission contient déjà la nocivité du propos. Une émission de gaz, et les sirènes retentissent. Malheureusement il n’existe pas une côte d’alerte pour les émissions cathodiques. Pourtant arriverons-nous un jour à quantifier la somme des dégâts que cela provoque ?
Qui retrouve-t-on lors de ces émissions ? Un bec à foin, un bon gros gigolo de service, un micheton allumé, une génisse extra-conjugale, et vas-y de la tirade à te faire pondre un dindon.
On peut donc observer le phénomène suivant : par un principe de mécanique inverse, plus l’émission cathodique à été forte, plus les dégâts collatéraux sont intenses et plus le niveau d’exigence littéraire des textes qui se retrouvent à l’étal des marchands de papiers noircis voient leur qualité décroître. Tout ça me laisse bien glaçon mon brave monsieur.
Les chiffres de vente annoncés feraient pâlir Beckett, lui qui à ses débuts arrivait péniblement à ses deux cent exemplaires par an de En attendant Godot… Imaginez le topo au jour de notre époque. Il y aurait long feu que le père Lindon et sa pseudo œuvre aurait méchamment été prié de prendre la porte et que feu le sieur Samuel aurait été remercié par les actionnaires pour n’avoir pas atteint le bénéfice à deux chiffres tant escompté par le fond de pension américano marxiste à tendance Groucho
Confondant produit et œuvre pérenne, chiffre de vente et qualité. Confusions largement entretenues par les sirènes du système pour que perdure l’illusion. Car il faut que la mécanique continue à cracher du profit.

Quant au lecteur, il guette l’animal le nouveau cru comme un pinardier la fermentation de son jus. Il en veut pour son pognon si durement gagné. Qu’il se rassure… L’éditeur est là pour lui donner la belle illusion qu’il est capable de lire un titre sérieux en lui dopant le volume rien qu’en lui gonflant la tranche. Le bouffant, comme son nom l’indique, ça vous donne tout de suite de l’épaisseur à un méchant cahier. Le même ouvrage sur bible, aucun quidam ne voudrait le payer le dixième du prix annoncé, pourtant, foutre dieu, c’est bien la même quantité de signes qui se trouve à l’intérieur. Un Harry Potter corps douze interligné treize sur un quatre-vingt-dix grammes en bouffant avec une main de deux, ça vous donne l’équivalent d’un papier en cent vingt grammes. Notez que le bible est en vingt huit gramme avec une main en dessous de l’unité, vous commencez à comprendre la supercherie… C’est trois quarts du vent dans la cellulose noircie que s’achète au prix fort notre benêt. Alors qu’un titre Pléiades des siècles ça vous dur et ça en contient du texte, bien plus que toutes ces foutaises.
Quid alors de la culture dans ces conditions ? On peut l’espérer longtemps le prochain Beckett… En attendant faudra se farcir du Cohelo, se rincer au Lévy, se dilater au Harry, se péter la fantaisie avec Amélie, se frotter d’aise au Angot, se soulager au Houellebecq. Foutre dieu, quelle belle perspective. Rien que du pur jus de littérature de premier choix. Pas étonnant qu’après ça, en banlieue, on ait envie de mordre… Si c’est là tout l’avenir intellectuel qui les attend, ils font bien de foutre le feu aux facultés qu’ils n’ont plus… Ils ne perdent pas grand-chose et s’amusent pendant ce temps-là.
Le chiffre d’affaires ne doit pas choir, aussi le maintient-on artificiellement par une pléthore de titres nouveaux. Qu’importe alors si les trois quarts du stock repartent dans la chaîne sous forme de cellulose recyclée. Tant que les machines ne s’arrêtent pas…
A un moment donné il faut bien que quelqu’un trinque… Mais qui pressurer dans ce foutoir ?
Il y a un gugusse qui encaisse pas mal dans cette affaire, et c’est sur lui que devra s’abattre la compression pour maintenir les centres de profit avec le même ratio.
Ce n’est pas l’imprimeur : les coûts d’impression sont maintenus en déflation depuis plusieurs années. Chez l’éditeur : baisse de l’exigence de la qualité des images, de la relecture, compression de personnel, ambiance de négrier et salaires au ras des pâquerettes avec dépression nerveuses à tire-larigot, suicides, tabagisme, cancers et sièges éjectables à tous les coins de rue.
Continuons à chercher l’erreur. L’auteur, bon sang mais c’est bien sûr, c’est lui le bougre qui coûte cher. Bien sûr, de bien sûr. Il n’a pas besoin d’argent pour vivre puisqu’il produit en dehors de ses heures par hobby ou par prétention. Ratiboisées à sa part congrue l’avance sur recette. Quand un écrivain encaisse en tout et pour tout un chèque de mille euros à la signature du contrat il faut savoir raison garder, et pas tout dépenser en une soirée au lupanar du coin. Remplir le bas de laine pour se payer du toner et des ramettes de papier. Parce que ça finit par coûter cher un tel vice. Et les envois postaux malheureux y avez-vous pensé ?
Bien sûr il ne faut pas envisager renouveler son traitement de texte avec pareils émoluments. L’abbé Pierre vous aidera bien avec du matériel déclassé. Certains de ses compagnons sont doués en réparation. Anciens informaticiens qui ont failli sur leur parcours, pour cause d’out sourcing, comme disent les actionnaires aux ratios belliqueux.
Le libraire aussi, le petit malin, il file profile bas et il collabore de mieux en mieux ne devenant plus qu’une grosse caisse de résonance du prêt à mâcher. Les résistants sont rares, timides et n’usent pas du fiel qui leur serait salutaire. le diffuseur
Mais l’auteur, c’est la fiente, la pire des chienlits, le mac à sa poulette. Le lichou à mémère… Charly la fiotte. L’enclume. La bourrique qui s’entête ni queue a l’ego boursouflé. La belle chose que voilà, l’ego. Vite sortir la brosse à reluire pour le haut du crâne. Comme c’est beau l’ego. Comme ça brille.
Celui qui dix ans auparavant, avec vous partageait, café noir et passes d’armes langagières à fines lames grivoises, hé bien l’ami c’est fini, tout ça. Le ministre lui a remis son hochet au garçon. Le voilà avec sa quincaillerie, son prix sous le bras, ses entrées au palais rue de Valois. Un sourire à peine esquissé, alors qu’avant c’était la virée assurée chez madame Andrée, pour tâter les nouvelles. Il a resserré son jabot. L’engeance. Jamais homme de cette qualité n’a fricoté en bistroquet enfumé, avec barbot de basse caste. L’enflure, le minet, le bon compagnon plumitif qui en a laissé son duvet sous la couette. Le voilà emplumé, tout poudré, roulant en carrosse. Qu’elle est loin la saucisse frite de la fête de l’huma dans son estomac. A le voir dans son costume tout noir, chemise de même couleur largement ouverte, portant chaussures vernies, jamais l’homme par le passé n’a fréquenté la piétaille. Il fricote maintenant en haut lieu. L’auteur, bientôt ministre à ce régime traîne déjà sur les plateaux du fumigène cathodique.
Pas l’humble écrivain qui doute de son travail, mais l’auteur, la petite fumure qui rampe au fond de chaque plumitif. L’auteur au fion boursouflé par son tout à l’ego. La crapule à chaque instant prête au coup d’état à museler le bec à l’artisan qui baratte sa moisson de mots jusqu’à ce qu’il en sorte un clairet buvable. Ce n’est pas simple de dire ce qui n’est pas encore perçu. Ce qui n’est qu’ébauche du monde, petite voix fluette dans tout ce foutoir. Alors quand on tend le micro à l’auteur croyez-moi il le prend et il y va de sa fiente de neurones… Et vas-y du réchauffement de la banquise, du match de foot, de la politique des banlieues. Il finit même ministre l’auteur quand il marche dans la combine. Il n’a qu’à dire Amen. On a besoin de ses lumières en haut lieu. Il accourt l’homme. Il est pas regardant du tout. Oh non, la soupe est bonne alors pourquoi s’en priver.
ET UN PETIT DESSIN DE L'AMI GABS, UN!!!!!
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07:25 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)