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10/10/2006

De la prétention littéraire.

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Écrire c’est bien, mais qu’est donc l’écriture sans lecteur ?
Un passe-temps sympathique, une thérapie à peine suffisante pour les plus méchamment atteints, une manie comme une autre, pas pire ni mieux que du tricot ou de l’onanisme. Ca tient chaud, c’est agréable et confortable et ça permet de passer le temps. Guère de prétention, pas moins d’exigence. Aucun souci du lecteur, ce voyeur prêt à savourer un épanchement intempestif, une tournure de phrase par trop osée.
C’est bien souvent ce qu’on finit par se dire, à quoi sert tout ce cirque. Noircir son clavier avec ses mains pleines de doigts, puis aller courir les antichambres comme si sa survie en dépendait. Faut être un peu toqué, non ? Alors qu’on peut débloguer en direct, et faire du trapèze sans filet. Enfin un peu de sensationnel pour une infâme carcasse. Allez zou, tout le monde en piste… On va s’amuser.
Le niveau d’exigence de la rédaction du texte augmentant en fonction de sa destination. Et comme la publication relève quasiment de l’œuvre à part entière. On n’imagine pas à quel point le moteur est complexe. La facilité d’accès à la lecture de ses textes est bien le pire danger qui guette l’écrivant. Parce que c’est le lecteur qui fait l’auteur, et l’auteur est le pire ennemi de l’écrivant.

Le parcours du combattant pour publier n’empêche en rien nombre de textes ne méritant point la publication de se retrouver sur l’étalage de nos bonnes vieilles librairies, de plus en plus âgées.
La première question qui vient à l’esprit de tout honnête homme étant celle-ci: la staracadémisation est-elle la cause de la pauvreté de telles publications ?
En d’autres termes : pourrait-on imposer pareilles âneries à un esprit sain ?
Certes il aura au préalable fallu, rendre perméable et malléable le cortex de nos contemporains pour y faire rentrer le contenu des émissions littéraires qui vantent les mérites de pareils brouets.
On pourra d’ailleurs remarquer au passage que le mot émission contient déjà la nocivité du propos. Une émission de gaz, et les sirènes retentissent. Malheureusement il n’existe pas une côte d’alerte pour les émissions cathodiques. Pourtant arriverons-nous un jour à quantifier la somme des dégâts que cela provoque ?
Qui retrouve-t-on lors de ces émissions ? Un bec à foin, un bon gros gigolo de service, un micheton allumé, une génisse extra-conjugale, et vas-y de la tirade à te faire pondre un dindon.
On peut donc observer le phénomène suivant : par un principe de mécanique inverse, plus l’émission cathodique à été forte, plus les dégâts collatéraux sont intenses et plus le niveau d’exigence littéraire des textes qui se retrouvent à l’étal des marchands de papiers noircis voient leur qualité décroître. Tout ça me laisse bien glaçon mon brave monsieur.
Les chiffres de vente annoncés feraient pâlir Beckett, lui qui à ses débuts arrivait péniblement à ses deux cent exemplaires par an de En attendant Godot… Imaginez le topo au jour de notre époque. Il y aurait long feu que le père Lindon et sa pseudo œuvre aurait méchamment été prié de prendre la porte et que feu le sieur Samuel aurait été remercié par les actionnaires pour n’avoir pas atteint le bénéfice à deux chiffres tant escompté par le fond de pension américano marxiste à tendance Groucho
Confondant produit et œuvre pérenne, chiffre de vente et qualité. Confusions largement entretenues par les sirènes du système pour que perdure l’illusion. Car il faut que la mécanique continue à cracher du profit.

Quant au lecteur, il guette l’animal le nouveau cru comme un pinardier la fermentation de son jus. Il en veut pour son pognon si durement gagné. Qu’il se rassure… L’éditeur est là pour lui donner la belle illusion qu’il est capable de lire un titre sérieux en lui dopant le volume rien qu’en lui gonflant la tranche. Le bouffant, comme son nom l’indique, ça vous donne tout de suite de l’épaisseur à un méchant cahier. Le même ouvrage sur bible, aucun quidam ne voudrait le payer le dixième du prix annoncé, pourtant, foutre dieu, c’est bien la même quantité de signes qui se trouve à l’intérieur. Un Harry Potter corps douze interligné treize sur un quatre-vingt-dix grammes en bouffant avec une main de deux, ça vous donne l’équivalent d’un papier en cent vingt grammes. Notez que le bible est en vingt huit gramme avec une main en dessous de l’unité, vous commencez à comprendre la supercherie… C’est trois quarts du vent dans la cellulose noircie que s’achète au prix fort notre benêt. Alors qu’un titre Pléiades des siècles ça vous dur et ça en contient du texte, bien plus que toutes ces foutaises.
Quid alors de la culture dans ces conditions ? On peut l’espérer longtemps le prochain Beckett… En attendant faudra se farcir du Cohelo, se rincer au Lévy, se dilater au Harry, se péter la fantaisie avec Amélie, se frotter d’aise au Angot, se soulager au Houellebecq. Foutre dieu, quelle belle perspective. Rien que du pur jus de littérature de premier choix. Pas étonnant qu’après ça, en banlieue, on ait envie de mordre… Si c’est là tout l’avenir intellectuel qui les attend, ils font bien de foutre le feu aux facultés qu’ils n’ont plus… Ils ne perdent pas grand-chose et s’amusent pendant ce temps-là.
Le chiffre d’affaires ne doit pas choir, aussi le maintient-on artificiellement par une pléthore de titres nouveaux. Qu’importe alors si les trois quarts du stock repartent dans la chaîne sous forme de cellulose recyclée. Tant que les machines ne s’arrêtent pas…
A un moment donné il faut bien que quelqu’un trinque… Mais qui pressurer dans ce foutoir ?
Il y a un gugusse qui encaisse pas mal dans cette affaire, et c’est sur lui que devra s’abattre la compression pour maintenir les centres de profit avec le même ratio.
Ce n’est pas l’imprimeur : les coûts d’impression sont maintenus en déflation depuis plusieurs années. Chez l’éditeur : baisse de l’exigence de la qualité des images, de la relecture, compression de personnel, ambiance de négrier et salaires au ras des pâquerettes avec dépression nerveuses à tire-larigot, suicides, tabagisme, cancers et sièges éjectables à tous les coins de rue.
Continuons à chercher l’erreur. L’auteur, bon sang mais c’est bien sûr, c’est lui le bougre qui coûte cher. Bien sûr, de bien sûr. Il n’a pas besoin d’argent pour vivre puisqu’il produit en dehors de ses heures par hobby ou par prétention. Ratiboisées à sa part congrue l’avance sur recette. Quand un écrivain encaisse en tout et pour tout un chèque de mille euros à la signature du contrat il faut savoir raison garder, et pas tout dépenser en une soirée au lupanar du coin. Remplir le bas de laine pour se payer du toner et des ramettes de papier. Parce que ça finit par coûter cher un tel vice. Et les envois postaux malheureux y avez-vous pensé ?
Bien sûr il ne faut pas envisager renouveler son traitement de texte avec pareils émoluments. L’abbé Pierre vous aidera bien avec du matériel déclassé. Certains de ses compagnons sont doués en réparation. Anciens informaticiens qui ont failli sur leur parcours, pour cause d’out sourcing, comme disent les actionnaires aux ratios belliqueux.
Le libraire aussi, le petit malin, il file profile bas et il collabore de mieux en mieux ne devenant plus qu’une grosse caisse de résonance du prêt à mâcher. Les résistants sont rares, timides et n’usent pas du fiel qui leur serait salutaire. le diffuseur
Mais l’auteur, c’est la fiente, la pire des chienlits, le mac à sa poulette. Le lichou à mémère… Charly la fiotte. L’enclume. La bourrique qui s’entête ni queue a l’ego boursouflé. La belle chose que voilà, l’ego. Vite sortir la brosse à reluire pour le haut du crâne. Comme c’est beau l’ego. Comme ça brille.
Celui qui dix ans auparavant, avec vous partageait, café noir et passes d’armes langagières à fines lames grivoises, hé bien l’ami c’est fini, tout ça. Le ministre lui a remis son hochet au garçon. Le voilà avec sa quincaillerie, son prix sous le bras, ses entrées au palais rue de Valois. Un sourire à peine esquissé, alors qu’avant c’était la virée assurée chez madame Andrée, pour tâter les nouvelles. Il a resserré son jabot. L’engeance. Jamais homme de cette qualité n’a fricoté en bistroquet enfumé, avec barbot de basse caste. L’enflure, le minet, le bon compagnon plumitif qui en a laissé son duvet sous la couette. Le voilà emplumé, tout poudré, roulant en carrosse. Qu’elle est loin la saucisse frite de la fête de l’huma dans son estomac. A le voir dans son costume tout noir, chemise de même couleur largement ouverte, portant chaussures vernies, jamais l’homme par le passé n’a fréquenté la piétaille. Il fricote maintenant en haut lieu. L’auteur, bientôt ministre à ce régime traîne déjà sur les plateaux du fumigène cathodique.
Pas l’humble écrivain qui doute de son travail, mais l’auteur, la petite fumure qui rampe au fond de chaque plumitif. L’auteur au fion boursouflé par son tout à l’ego. La crapule à chaque instant prête au coup d’état à museler le bec à l’artisan qui baratte sa moisson de mots jusqu’à ce qu’il en sorte un clairet buvable. Ce n’est pas simple de dire ce qui n’est pas encore perçu. Ce qui n’est qu’ébauche du monde, petite voix fluette dans tout ce foutoir. Alors quand on tend le micro à l’auteur croyez-moi il le prend et il y va de sa fiente de neurones… Et vas-y du réchauffement de la banquise, du match de foot, de la politique des banlieues. Il finit même ministre l’auteur quand il marche dans la combine. Il n’a qu’à dire Amen. On a besoin de ses lumières en haut lieu. Il accourt l’homme. Il est pas regardant du tout. Oh non, la soupe est bonne alors pourquoi s’en priver.
ET UN PETIT DESSIN DE L'AMI GABS, UN!!!!!
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07:25 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)

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