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26/03/2018

Paroles et chansons comme ci - comme ça

Par Georges Catalho

 

La veine locutoire et la verve langagière de Saïd Mohamed sont plus que jamais présentes dans ce livre qui regroupe de longs poèmes qui pourraient s’apparenter, comme l’annonce le titre, à des paroles de chansons. On y retrouve tous les thèmes majeurs qui se recoupent dans l’œuvre déjà importante de ce poète écorché-vif. D’ailleurs, dès la première ligne du livre, le lecteur est prévenu : « Je ne suis pas un poète, mais un piètre fumiste. » On pourrait parler ici d’autodérision mais il faut savoir que l’auteur ne se délivre jamais de son manque de confiance : « Et moi je n’aurais jamais été / Un petit bicot ou un enfant de putain. » Il revient fréquemment sur son vécu douloureux sans s’appesantir toutefois à partir d’un simple coup d’œil dans le rétroviseur pour évoquer en quelques mots le rude passé qui fut le sien.
Le format de la chanson au sens large du terme convient parfaitement à l’objectif qu’il s’est fixé, à savoir une percée vers l’imaginaire à partir de fait réels et de sensations personnelles. On sourira en lisant des chansons gaillardes et paillardes. On y croisera le métèque Moustaki, le grand Jacques (Brel) ou le nostalgique Souchon. On n’oubliera pas également de lire le règlement de comptes à « nos grandes icônes nationales » de la chanson. Quant aux « poètes officiels », ils en prennent pour leur grade dans un long poème qui fustige les flagorneurs et « les petits laquais du verbe. » Un beau livre à lire, à relire et à chanter aussi.

(Saïd Mohamed : « Paroles & Chansons comme ci- comme ça ». Gros Textes éd., 2018. 68 pages, 8 euros – Fontfourane – 03580 Châteauroux-les-Alpes ou gros.textes@laposte.net )

Au sommaire du cafard hérétique....

Numéro 10 

 

Sortie le 16/03/2018 – 140 pages – ISBN : 979-10-94318-08-9

Photo de couverture : Oscar Sergent

Illustrations intérieures : Vincent Normand

Tableaux reproduits : Gilles Ascaso, Cleo Jansen & Saïd Mohamed

 Les nouveaux : Benjamin Fouché, Corine Pourtau, Jasmin Limans, Jean-Claude Leroy, Juliette Penblanc, Maëlan Le Bourdonnec, Sandrine-Malika Charlemagne, Witold Bolik

Les récidivistes : Alexandre Nicolas, Antonin Crenn, Cleo Jansen, Ève Vila, Jean-Marc Sire, Julien Boutreux, Michel Antoine Chappuis, Sandra Bechtel, Thierry Moral, Yan Kouton

Éditeurs à l'honneur : Erosonyx & Le Laboratoire Existentiel

Édito :

Ce numéro s'est élaboré sur la base d'une sélection de tableaux de Gilles Ascaso et de Saïd Mohamed. Mêlant, avec la désinvolture qui lui est désormais coutumière, genres littéraires, thèmes et écritures, Le Cafard hérétique partage ses pages entre talents confirmés - qu'il lui plaît de suivre et d'encourager - et voix nouvelles, grinçantes ou graciles.

Ce numéro 10 ne déroge pas à la règle : couleur (peinture), saveur (écriture)... que du bonheur (lecture) !

 

 

Paroles & Chansons comme ci-comme ça.....

Par Lucien Wasselin 



L’éditeur, Gros Textes, continue ses publications avec les moyens du bord (à la cave, comme il est indiqué en page 67). Ce titre parle de soi ! C’est une poésie sans prétention, bourrée de coups de pattes, d’attaques et de vitriol…

C’est émaillé de rimes parfois occasionnelles et convenues en fin de vers, de rimes intérieures tout aussi occasionnelles… et des idées d’une banalité exemplaire pour le lecteur boulimique que je suis. Mais voilà, tout y passe : les étrangers (qui ne le sont pas autant que cela !), les filles de mauvaise vie (!), les poètes officiels (eh oui, ça existe !), la mort (devant qui nous sommes tous semblables !), la religion, les enfants atypiques (parce que nés de parents différents !) …

Et puis, il y a le ton relâché, pince sans rire ; et puis, il y a ce que promet le titre : on pense alors aux chansons de Renaud (je sais que ce n’est pas un compliment : il suffit de lire le poème, Nos grandes icônes nationales, pp 40-41), ou au poème (pardon, la chanson !) sur la religion (Dix Pater cinq Ave) qui dit raisonnablement les espoirs du poète… Et ce n’est pas un hasard si chaque strophe commence de la même façon, Notre père qui êtes aux cieux, ainsi que dans ce texte des pages 31 & 32…

Ce vers fonctionne comme un refrain (d’où le titre de Paroles et Chansons donné au recueil), ainsi le poème Au caboulot du radoub  (pp 36-37)… On entend comme un écho aux chansons populaires (p 44) ou la poésie (Allo Papa Tango Charlie). Et encore il y a la fantaisie verbale comme dans « les voyelles, les voyous » sur un air de Jacques Brel. Mais tout cela n’empêche pas Saïd Mohamed d’être lucide : ainsi ces vers d’une chanson dédiée à Paul Déroulède (par le titre) remarquent-ils que les fils d’ouvriers servent de chair à canon mais non les fils de généraux, de ministres ou de banquiers !
La politesse des rois, c’est la postface que signe le poète dans laquelle il présente Pierre Lebas et ses dessins qui ponctuent le recueil de Saïd Mohamed. Et qui disent la nécessité de la révolte contre ce monde qui nous est imposé