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02/10/2015

Marie Dubot danseuse de Bûto

 

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D'abord le Bûto késako?

Si kon allait voir koikidi wiki....

 

Les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki ne sont que contingents à une dynamique que vivent toutes les populations que la guerre a meurtries. Comme le dadaïsme et le surréalisme après la première guerre mondiale, à partir de la fin des années 1940 et dans les années 1950, nombre d'artistes japonais se posent la question de l'identité japonaise dans la modernité. La résistance se manifestera contre l'intronisation de la culture américaine, autant que dans le rejet du conservatisme et de son système de valeur. Puisant les formes de cette résistance dans leur propre culture, tout en s'inspirant des actions avant-gardistes des pays occidentaux, la rue et la scène déploient toutes les expérimentations, plastiques et scéniques, jusqu'à provoquer l'ordre public. Exprimer les sentiments plutôt que de les illustrer, créer des actions plutôt que des images. Tel est le défi que posent les artistes de cette époque, riche en éclats. Le butô s'inscrit dans cette évolution et dans le contexte de ces actions, déjà à l'œuvre avant sa naissance. C’est le cas du groupe Gutaï, Association de l'art concret, réunissant une quinzaine d'artistes dont les peintres et acteurs de happenings, Yoshihara Jiro, Kazuo Shiraga, puis de Tetsumi Kudo, qui dénonce l'impuissance sous toutes ses formes et met l'accent sur les pulsions sexuelles dans les comportements. Ce dernier crée par exemple des installations avec d'énormes phallus pendus au plafond au Festival de la libre expression Instant sperm. Il se situe dans la mouvance révolutionnaire de l'avant-garde japonaise dans les années 1960, au même titre que les groupes Zero Jigen, (dimension Zéro), Kuro Hata, (Drapeau Noir), Kokuin (l'Ombre Parole), ou encore Jūrō Kara, du théâtre de la Tente rouge, et Terayama Shuji, du théâtre de la Tente noire, cinéaste, auteur, et homme de théâtre de renom. Ces groupes organisent de nombreuses manifestations de rues et happening subversifs. Leurs leaders sont arrêtés régulièrement et leurs actions interdites parfois. Le Japon est en état de crise et en 1960 la population refuse le renouvellement du traité de sécurité avec les Américains. C'est également au cours de ces années de turbulences que se forgeront les idées qui donneront naissance au butō, qui n’est donc pas un cas isolé, mais le produit d'un développement artistique et d'une résistance socioculturelle globale au Japon. Les motivations sont apolitiques, au sens d'une adhésion à un quelconque parti, mais évidemment « politique » au sens étymologique d'engagement personnel des artistes et de positionnement conscient dans la vie sociale.

Toutes les actions des artistes d'après-guerre dans le monde moderne tendent à universaliser l'art, à sortir de l'influence spécifique de la tradition et des conventions esthétiques et techniques de l'art établi. Plus que la pérennité de l'art et son commerce, c'est son identité provisoire, l'exploration du sens, la communication immédiate et physique avec le public qui semblent s'imposer comme ultime nécessité. La séparation dichotomique de l'acteur et du spectateur est abolie, mais aussi l'art et la vie, et plus tard, poussée plus loin encore, celle du corps symbolique et du corps réel.

Le butô a hérité de tous ces concepts et de toutes ces expérimentations.

 

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Le butō est imprégné de bouddhisme et de croyances shintô. Cette danse, proche de la performance, n'est pas spectaculaire au sens où elle relève d'une introspection, d'une disponibilité au monde. Explorant les spécificités du corps japonais, le butō aborde des thématiques universelles. Née dans un contexte sociopolitique d'après-guerre, cette danse subversive se caractérise par sa lenteur, sa poésie et son minimalisme. Elle évoque une imagerie grotesque, des sujets tabous, des environnements extrêmes, absurdes. Le butō est couramment dansé avec le corps presque nu, peint en blanc et le crâne rasé, souvent interprété avec des mouvements extrêmement lents avec ou sans public. Mais, il existe autant de formes de butō qu'il existe de danseuses et de danseurs. Il n'y a pas de style fixé, cela peut être purement conceptuel sans aucun mouvement. Ici, l'artiste sonde les instances de son esprit, sa relation au cosmos et l'inscription de son être au cœur de l'univers.

  

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Trois générations de danseurs et danseuses butō se sont succédé.

De la première génération, Yoshito Ohno, fils de Kazuo Ohno et un des premiers élèves de Tatsumi Hijikata, continue à transmettre le butō dans le studio de son père à Kamihoshikawa, près de Yokohama1. Il accueille des élèves japonais et étrangers, et se produit au Japon et à l'étranger. Il est un des piliers de la mémoire historique du butō, en activité constante, et il crée régulièrement des événements mémoriaux qui rassemblent les descendants de ce courant d'avant-garde.

La seconde génération désigne les danseurs et danseuses né(e)s dans les années 1940. Au début du XXIe siècle, Yoko Ashikawa, principale danseuse de Tatsumi Hijikata, est encore active sur la scène japonaise, ainsi que Natsu Nakajima (troupe Mutekisha) qui enseigne toujours et se produit chaque année, notamment au Mexique, où elle dirige des chorégraphies de danseurs connus. Ishii Mitsutaka et Akira Kasai sont également toujours actifs, à leur manière, au cœur de leur quotidien. Akaji Maro dirige toujours avec brio et succès au Japon la troupe Dairakudakan, qu'il a cofondée avec Kô Murobushi. Également acteur, Akaji joue dans des films, aux côtés, notamment, du célèbre Beat Takeshi 2Ushio AmagatsuCarlotta Ikeda(compagnie Ariadone), Masaki IwanaToru Iwashita (du groupe Sankaï Juku), Sumako Koseki, sont aussi parmi les danseurs/danseuses-chorégraphes les plus connu(e)s à l’extérieur du Japon, notamment en France. Ils sont sponsorisés par des institutions culturelles locales, non sans influence, depuis plus de trente ans.

  • La troisième génération (danseurs nés dans les années 1950 et 1960) compte des danseurs confirmés, comme Atsushi TakenouchiYumi FujitaniNobuyoshi Asai et Gyohei Zaitsu, et des danseurs plus jeunes. Car l'on enseigne aujourd'hui le butô comme on enseigne le tai-chi ou le qi-kong, et nombre de thérapeutes du bien-être ont intégré son enseignement au cœur de leur pratique.

Dans la nouvelle génération de danseurs butō, il existe surtout une danse contemporaine, japonaise ou non-japonaise, d'inspiration butô. La question aujourd'hui du legs d'une avant-garde née de la rébellion est une question qui reste ouverte. En attendant, les archives de l'héritage Tatsumi Hijikata et de Kazuo Ohno prennent de l'ampleur : à l'université de Keio, Tokyo 3, au sein de la fondation bankART (ville de Yokohama) et à Bologne en Italie. La célèbre danseuse Carlotta Ikeda a elle-même pratiqué le butō.

 

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 Marie Dubot pratique le bûto depuis de nombreuses années. Cela fait une sacrée paie que je la connais, Marie... Bientôt un demi siècle. J'étais tout môme encore... Elle si blonde, si belle et ses grands yeux bleus d'océan dans lesquels on ne peut que se jeter. Empreinte d'une immense force intérieure. Et toujours ce regard de bienveillance sur les autres et sur tout ce qui l'entoure. Elle est venue au bûto naturellement, c'était sa voie évidente. Dans cet art, la beauté de l'intérieur est la base de la démarche. Le corps n'est qu'une enveloppe. 

 

 

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