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15/11/2011

Des coqs, des coquilles et des coquillages.....

Gallimard : le dernier Goncourt corrigé par la communauté pirate [MAJx3]

 

Vaut-il mieux pirater des ebooks que de les acheter légalement si l’on veut un fichier de qualité ? Malheureusement, le mauvais travail de certains éditeurs risque de donner raison à ceux qui ont cette pratique. On connaissait le très bon travail de certains teams de pirates sur la qualité de leurs fichiers EPUB (ou Mobipocket) et sur les corrections effectuées avant la mise en ligne. Visiblement, la pratique n’est pas la même chez Gallimard qui vend un fichier rempli de coquilles. Et pas n’importe quel livre : le dernier Goncourt, L’art français de la guerre d’Alexis Jenni.

Un des plus importants réseaux d’ebooks piratés a publié sur Twitter une courte sélection des erreurs typographiques ou des fautes trouvées dans le fichier EPUB commercial. La liste n’est pas longue, mais laisse penser qu’il n’y a pas eu de véritable travail de relecture sur le fichier numérique mis en vente. Surtout lorsque l’EPUB coûte 16,80 € sur la FNAC et le Mobipocket chez Amazon !

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À quoi peut-on imputer ces erreurs ? Visiblement, il s’agit de coquilles de numérisation : les « ç » qui deviennent des « c », les « é » qui se transforment en « e », les points qui apparaissent après des mots en milieu de phrase, etc. Cela relève la méthode de production utilisée par Gallimard : un PDF qui passe par un système d’OCR (ce qui était une boutade n’a pas été pris comme tel visiblement…). Autant dire, une pratique que l’on pensait disparue pour les dernières nouveautés des grandes maisons. Espérons que la maison centenaire va rapidement rectifier son fichier et proposer une mise à jour à ses clients (un processus simple à mettre en oeuvre sur l’iBookstore et le Kindle Store).

 

L’influence des teams pirates est indéniable, surtout dans un marché encore embryonnaire. Face à une offre de contenu encore limitée et parfois de piètre qualité (nous ne manquerons pas de revenir sur cette question), l’offre illégale est souvent de bien meilleure qualité. Les teams d’ebooks sont-elles les corsaires de l’édition numérique ? Verra-t-on émerger des éditions revues et corrigées par les lecteurs, tant les éditeurs semblent s’affranchir de certaines étapes essentielles du travail éditorial ?

Une fois de plus, la présence de DRM ne protège pas les fichiers de leur diffusion illégale. Nous ne ferons que répéter que ces mesures de protection sont vaines et que l’abandon de tels dispositifs sera bénéfique au développement du marché. Supprimer les DRM, c’est rendre les ebooks hackables, transportables sur n’importe quelle plateforme et libres de permettre à l’utilisateur de le lire selon son propre usage de lecture numérique (application et niveau de partage). Et puis, cela permettra aux lecteurs de corriger les coquilles…

MAJ : Suite aux commentaires sur Twitter et aux mails de certains lecteurs, il semble que cette dizaine de coquilles soit aussi présente… dans la version papier ! En tout cas, elles sont bien présentes dans l’EPUB commercial. Pour la version Mobipocket, dont la qualité de mise en page n’est idéale (mais la faute est à partager avec le moteur de lecture Kindle assez capricieux et rustique), nous n’avons pas encore pu vérifier les similitudes. En effet, l’ebook n’est pas encore « indexé » pour notre reader. La technologie… ;-)

MAJ 2 : Péniblement, la recherche plein texte du Kindle se met à fonctionner mais l’ebook n’est pas encore totalement indexé. Pour l’instant, les coquilles sont aussi présentes ce qui n’est pas étonnant sachant que le fichier source est un EPUB converti par Amazon (à moins que Gallimard travaille ses Mobipocket mais vu la qualité du fichier, cela serait étonnant) avec KindleGen.

MAJ 3 : Compte tenu de l’évolution de cette histoire, il est nécessaire de faire un point sur les derniers éléments révélés sur le web ou les réseaux sociaux.

Tout d’abord, un point sur les faits : ce qui n’était que quelques coquilles dans une version numérique a vite pris de l’ampleur puisque ces erreurs se sont aussi révélées être présentes dans la version papier (dans leur grande majorité, même si l’absence de recherche plein texte sur un livre papier ne facilite pas la chasse aux coquilles ;-) ). Logique donc que l’erreur ait été répliquée dans les différentes déclinaisons du texte. Moins logique qu’elle soit passée au travers du filtre d’un éditeur comme Gallimard.

L’objet de ce billet était de relever, non sans un certain amusement, que les pirates, pourchassés par les grandes maisons, ne sont pas si inutiles à l’écosystème du livre numérique. Si l’on a relevé ici des coquilles, il aurait bien plus à dire de la qualité des fichiers numériques commerciaux. En cela, le dernier Goncourt n’échappe pas à la règle. On ne peut même pas appeler la table des matières dans la version vendue sur le Kindle Store ! Un comble pour un fichier commercial…

Les moins complaisants s’amuseront aussi de révéler que les dernières assises du numérique du SNE avait justement pour sujet la fabrication de fichiers, notamment en EPUB 3. Avant de passer à la version 3, pourquoi ne pas essayer de faire des fichiers EPUB et Mobipocket corrects ?

La conception de fichiers numériques, EPUB et Mobipocket, est un véritable enjeu économique et pointer du doigt ces négligences n’est pas sans risque. À une époque où ses prestations sont constamment externalisées, le risque de défaillance augmente. Gallimard n’est pas le seul éditeur à proposer des fichiers dont la qualité laisse à désirer ou à oublier de corriger certaines erreurs. Une bonne partie des éditeurs commerciaux (« 100% numérique » ou traditionnels) est logée à la même enseigne.

Nous ne manquerons donc pas de revenir sur ce sujet, images à l’appui, pour démontrer que les ebooks commerciaux sont d’un niveau très inégal, en terme de qualité et d’ergonomie. Comme dit dans l’article d’origine, je pense que le développement du marché du livre numérique doit se faire avant tout sur la qualité des textes commercialisés pour faciliter l’émergence d’usages de lecture numérique et limiter l’essor du piratage. Affaire à suivre.

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