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28/03/2009

SONIC YOUTH

Par BEN de FRERETOC

Sonic Youth sont des amis à Claude Pélieu, raison suffisante pour en parler sur ce blog, Non?


Si j'avais suivi l'ordre chronologique, Washing machine aurait été le premier dans la liste des "disques qui ont changé ma vie". Bien-sûr, avant les Sonic Youth, j'ai dû choper un ou deux Beatles, mais ça n'avait rien à voir, les Beatles appartiennent à tout le monde, ce sont des génies universels. Leur imagerie, leur musique sont connues de tous, imprimés, qu'on le veuille ou non, dans toutes nos rétines. Et surtout, ils n'étaient plus là. Enfin, je veux dire, difficile de les voir en concert quand on a 15 piges en 1996... La rubrique "disques qui changent la vie" est, je m'en aperçois, devenue régulièrement le lieu de flashbacks sentant légèrement le renfermé, la nostalgie maladive. Mais qu'on ne me jette pas la pierre, 2008 a eu son lot de disques qui ont changé ma vie, et qui auront leur place, j'en suis sûr, dans quelques années dans cette même rubrique. Le temps fera son affaire et saura choisir les grands et reléguer les moins grands aux oubliettes, au rang des anecdotes...

Mais pour le moment, l'heure est au flashback. Sonic Youth. Washing machine. J'enclenche le mode "Grand-père Simpson" : à l'époque... euh à l'époque, rien. Nada. A la télé, Johnny, jusque là, rien de nouveau. Pour moi, la musique c'est le classique, celui de mes parents. La musique est donc sacrée. Elle est toujours associée dans mon imaginaire de gosse à quelque chose de particulièrement grave, une affaire sérieuse. Chants grégoriens, requiems, messes, j'aimais tout ça. J'aime encore d'ailleurs. Le rock, j'avais vaguement entendu parler, mais encore une fois, les seuls trucs qui me revenaient aux oreilles n'étaient que des daubes fm, et ce connard ultime qu'est Johnny, qui sacralise tout ce que j'ai toujours haï : musique, paroles, voix de merde, personnalité à gerber, à la fois beauf et réac', l'horreur. A 12 ans je le sentais déjà, et pourtant ça fait 40 ans que 60 millions de français se font berner... Passons.

Et puis, il y a eu la médiathèque, la porte de sortie de cet univers étriqué et la porte d'entrée vers de nouveaux univers musicaux... Et ce fameux Washing machine, des non moins fameux Sonic Youth. La pochette ne ressemblait à rien de ce que j'avais vu jusqu'alors. Elle semblait bricolée, le cliché sorti tout droit d'un appareil jetable, pris au début d'une soirée entre potes. L'intérieur est à l'avenant, on peut voir les quatre membres de Sonic Youth (des potes à moi depuis le temps...) : soit, oyez, oyez Mister Lee Ranaldo, Mr Steeve Shelley, Mr Thurston Moore et Miss Kim Gordon. Les clichés sont naïfs, gorgés de soleil, il s'en dégage une honnêteté à des kilomètres des horreurs pondues à l'époque. Un côté "do it yourself" que j'ai tout de suite adoré.

Même si je commençais à peine à m'intéresser au rock, et que mes connaissances dans ce domaine étaient extrêmement limitées, je savais tout de même l'importance d'un groupe comme Sonic Youth. Leur réputation était déjà énorme. D'après ce que j'avais compris, ce groupe était intouchable. Respecté par tous. Une référence. En écoutant pour la première fois leur musique avec Washing machine j'ai pu réaliser à quel point tout ça n'était pas volé. Quand j'y repense : c'est le premier disque de rock que j'ai écouté, et il y avait tout dedans : de la pop, du punk, de l'expérimentation, des mecs qui jouaient de leurs grattes d'une manière indescriptible. Ils les faisaient sonner comme personne, entre arpèges pop, dissonances, saturation. J'ai pris en pleine tronche leur musique sur ce disque : compromis parfait entre leurs expérimentations bruitistes et hypnotiques et leurs envies de mélodies pop. Là, il y avait quelque chose de terriblement novateur : ces gars faisaient de l'expérimentation un terrain de jeu, débarrassé de prises de tête esthétiques. La pop redevenait sauvage, jouée toutes guitares dehors.

Sur ce disque, il n'y a que des grands morceaux, traversés de grands moments. Sonic Youth, ce sont trois voix, celle de Thurston Moore, celle de Lee Ranaldo et celle de Kim Gordon. Chaque morceau a donc son ambiance, sur laquelle vient se poser une de ces voix. Impossible, dès lors, de s'ennuyer à l'écoute d'un disque du groupe. Ecouter Washing machine c'est s'offrir un kaléidoscope hallucinant des meilleurs musiques de la seconde moitié du XX è siècle, rien de moins. De la pop empoisonnée de la superbe et inquiétante Little trouble girl (laissée aux bons soins de miss Gordon), au punk de Panty lies en passant par le déluge de la fin de Unwind morceau dans lequel on entend un enchevêtrement génial de guitares, qui donnent l'impression d'assister au début d'un orage, avec les premières gouttes qui tombent, puis tout se fait plus violent, puis puissant, un vrai déluge sonique. Mais le morceau de bravoure reste The diamond sea, qui clôt l'album. Vingt minutes touchées par la grâce, entre rêve et cauchemar, qui nous embarque dans une odyssée homérique, dont on ressort désorienté, hébété, sans savoir réellement ce qui nous est arrivé. Un trip intense, qui brouille durablement les repères.

Après Washing machine, la messe était dite : mes classeurs se couvriraient de machines à laver griffonées au stylo bic, je chercherai toujours une Little trouble girl, ma jeunesse serait sonique. Après ça, tout a changé. Tout a pris un sens nouveau. Les Sonic Youth ont déchiré le rideau de fumée qui obscurcissait ma vision des choses, ils m'ont montré un autre chemin, que je n'ai jamais cessé de suivre.

Commentaires

Merci, c'est sympa de voir une de mes bafouilles sur Ressacs !

Pour info, les Sonic Youth sortent un album dans quelques semaines. L'histoire continue, et leur intégrité, leur longévité et leur constance forcent l'admiration.

Écrit par : Ben | 28/03/2009

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