Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/02/2009

Au quotidien....

Des assistantes sociales et de la première d(r)ame de France
Par Mouloud Akkouche




Le 25 février 2009 dans une gare française, je croise un gosse d’environ sept ans. Un dépliant publicitaire à la main, il marche très à l’aise dans la foule. Pourtant son visage porte des traces de coups dont deux yeux au beurre noir.

Il suit un homme qui lui ressemble beaucoup, sans doute son père ou un autre membre de la famille. Je les observe et pense évidemment que cet homme ou un autre adulte maltraite cet enfant.

Que faire dans la cohue? Alerter l’un des flics flanqués de jeunes bidasses promenant leur fusil mitrailleur? Aller demander des explications au type avec l’enfant? Si je me trompais? Comment intervenir sans aucune preuve?

Et, finalement pressé comme tous les autres passants -d’autres l’avaient aussi remarqué-, je continue mon chemin. Lâche et impuissant, incapable de lui apporter la moindre aide. Après tout je ne suis pas éduc de rue, me dédouane-je en accélérant le pas.

Aujourd’hui, je me rappelle cette expression qu’il m’arrive parfois d’employer en rigolant: "Fais pas ton assistante sociale" ou "Arrête de nous la jouer éduc". Facile à dire quand on passe sa journée à écrire, protégé de la boue du monde par un écran.

Ce jour-là, face à un regard vide, j’ai compris réellement la nécessité des travailleurs sociaux. Heureusement que toutes ces petites mains de la République sont présentes au quotidien dans nos villes et campagnes.

Contrairement à un célèbre porteur de sac de riz, ces travailleurs sociaux ne passent pas leur temps devant des caméras ou à cirer les pompes de dictateurs africains ou grand ponte de l’industrie pétrolière. Après la perte d’un maroquin de ministre lors d’un changement de gouvernement, Bernard Kouchner s’était plaint à un journal télévisé de son sort de nouveau chômeur. Aussi bon comédien qu’un autre Bernard.

Pas assez rentables ces feignants!
Peu après son arrivée à l’Elysée, la nouvelle première dame de France déclarait:

"Je voudrais aider les femmes, les enfants, lutter contre l'ignorance et contre l'exclusion."

On ne peut qu’applaudir à une telle initiative humaniste. Apparemment moins portée sur l’argent que son mari qui se fit augmenter de 170 % et qui, pendant un certain temps, cumula salaire de ministre de l’Intérieur et de président de la République, sans parler du reste, dénoncé par quelques journalistes.

Mais la façade sympathique s’effaça très vite; en excellente pro pour son actu, elle n’hésita pas à faire l’article de son nouveau disque en l’offrant aux ministres qui, ravis d’une dédicace élyséenne, s’en firent immédiatement l’écho sur le petit écran.

Mais, très altruiste, notre première dame distribuera une grosse somme à une association caritative. Un geste qui la rend désormais intouchable. Comme une autre première dame avec ses pièces jaunes. Danielle Mitterrand ou Claude Pompidou, même si je ne partage pas du tout leurs idées politiques, ont une autre envergure.

Des milliers de postes qui ne seront pas renouvelés dans la fonction publique
Tandis que madame la Présidente officie donc dans son rôle de dame patronnesse, son époux décide de supprimer -de ne pas renouveler passe mieux- des milliers de postes dans la fonction publique. Pas assez rentables, ces feignants qui interviennent pendant les tempêtes ou vous soignent à l’hôpital public…

Certains énarques, critiquant sans cesse le manque de rentabilité du service public et les impôts trop lourds, oublient que leur années d’étude dans une école publique ont été financées par les impôts de tous. Mais l’écrire ou en parler vous relègue aussitôt dans le clan des horribles poujadistes.

Bref, parmi cette charrette de fonctionnaires, il y aura des assistantes sociales et éducateurs: professionnels -sans disque à vendre- qui, jour après jour, s’échinent sur le terrain. Pas des citoyens qui, comme moi et d’autres, se contentent de constater et dénoncer après une bouffée d’indignation. Puis on passe à autre chose.

Peut-être que, en ce moment, un éducateur de rue rescapé du dégraissage tente, lui, d’apporter une aide réelle à ce gosse paumé dans une gare. Un gosse sans Rolex qui n’a pas attendu 50 ans pour rater sa vie.

publié pour la première fois par Rue 89

Les commentaires sont fermés.