Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/05/2008

l'Adieu au compagnon qui tire sa révérence... Dominique Autié

Banni dans l'enfermement du regard,
Empreintes d'humains, ombres vivantes malgré tout,
Ces destins piétinés persistent comme la faim.
Aucune honte n'affleure les lèvres.
L'insignifiance est devenue possible.

L’annonce du crépuscule donne proximité à l'innocence.
Dans l'aube des rues porteuses de tant de destins
psalmodier l'oraison charnelle du remord d'amour.
Le silence supplémentaire cueille à la radio
l'étrange symphonie des bonimenteurs.

La pluie fine n'est pas un hasard au fond des cours
Elle retient l'abandon où se reposer pendant ces escales
Comme un ouvrage à terminer loin de tous.

Ceux qui témoignent, riposte dérisoire,
Le font ceint de hoquets et de douleur
Sans joindre les mains, hantés par l'âme des morts.
Comment accepter, l’abjection du quotidien ?

Esprits autant vivants que morts
Apaisés par le seul savoir.

1463887723.jpg





L'hiver nous laisse sans voix
Cultivant des moissons sur des terres ingrates
Il faut découvrir des noms pour chaque semence.

Vivant dans le miroir des lieux-dits
Nous marchons vers le désert de nous-même
Aveugles aux feux brûlants dans la nuit.

Le Métal forgé nous étreint.
Les perles de la mémoire nient le désespoir
Arceau de l'instant qui soutient
La voûte du temps où nous ployons.
Que nous reste-t-il à conquérir ?
La vie s'est vidée effrayante.
L'homme s'est tu et a haussé les épaules.

Il n'avait pas la parole
Pour apprendre à désapprendre.

Dominique Autié est parti dans la nuit de lundi à mardi,
des suites de sa maladie.

Bon voyage à toi, compagnon de l'encre et du papier,
des mots et du savoir, du silence et de la discrétion,
de la compassion et des colères, tendre avec les faibles,
et de salve d'acier avec les lâches, furieux contre
les imbéciles qui savent et patient avec ceux qui apprennent.

Merci encore pour tout ce que tu m'auras enseigné
pendant ces trois ans de travail auprès de nos étudiants
du BTS édition de Toulouse... Cela a été une grande leçon de noblesse.
Un repère pour les années à venir.
Bien fraternellement aux tiens qui restent.




28/05/2008

Quand on reparle de Claude Pélieu....

1463089461.JPG
Claude Pélieu par Alain Jégou


Claude Pélieu, « l’iconoclaste, le déflagrateur » Francœur dixit, s’est éclipsé, après bien des morflances, le 24 décembre 2002, à Norwich, dans l’état de NY. Après avoir plaisanté avec Mary au téléphone en lui détaillant le programme des festivités organisées par l’hosto pour ce jour de Noël, il a chambré une dernière fois l’infirmière de service, a souri à la vioque coquette bigleuse qui, le prenant pour un Chippendale, lui avait quelques jours plus tôt glissé un billet d’un dollar dans la ceinture de son bénard et a gratifié d’un clin d’œil gouailleur la Camarde qui l’attendait à la porte du réfectoire. Claude s’est tiré pour de bon et nous sommes restés comme une flopée de ronds de flan, nous ses amis, avec notre douleur et le souvenir de lui à jamais rivé au cœur. La mort ne parviendra jamais à effacer certaines alliances, ni les mots qui cimentent les fortes complicités. Six années se sont écoulées depuis sa disparition. Afin de ne plus rester prostré, assis au bord du vide creusé par son absence, j’ai décidé, un jour de mai 2004, de retour de Cherry Valley, avec l’accord et le soutien de Mary, de rassembler quelques témoignages, plus des textes de lui, des images, des lettres et collages, pour réaliser un ouvrage qu’il aurait pu apprécier, sans pour autant se priver du plaisir de brocarder comme à son habitude. « Ça sert à rien d’faire ça ! Te fais pas chier ! Laisse tomber ces conneries ! » sans doute ce qu’il aurait dit, tout en étant ravi et reconnaissant pour le boulot accompli. La collecte des textes et documents a duré plus d’un an et presque tous les auteurs et artistes contactés ont répondu à l’invitation, ce dont je leur sais gré. Ce succès, je le dois essentiellement au rayonnement de l’œuvre et de la personnalité de Claude, à l’amour et l’admiration que tous lui portaient, mais aussi à l’aide précieuse de Mary et de sa fille Pamela Plymell qui ont intercédé pour moi auprès de bon nombre de leurs amis Américains. Mary, à son tour, nous a quittés le 26 janvier 2006, partie rejoindre son Cloclo dans son Vaisseau Spécial. Et je les imagine à nouveau réunis, découpant et collant côte à côte quelques morceaux de nova ou de météorite, avec Allen, Bomkauf, le vieux Bill, et toute la clique des poètes de la Beat swinguant dans le cockpit. Comme Claude écrivant sur son lit d’hôpital son poignant poème La Crevaille, jusqu’au bout Mary a peint, collé, traduit. Claude disparu, elle s’est acharnée à poursuivre l’œuvre de leur vie pour résister à la tristesse et combler le manque de lui. Je regrette qu’elle n’ait pu voir notre projet abouti, car elle y tenait beaucoup. Elle a cependant pu lire la plupart des témoignages et documents dont je lui faisais suivre les copies, et elle était profondément émue par ces marques de reconnaissance et d’amitié témoignées à Claude. La rencontre avec ces deux êtres d’exception a bouleversé mon existence, comme celle de bon nombre de ceux et de celles qui ont eut le privilège de les rencontrer. Ce livre collectif consacré à Claude est un hommage à l’homme et à son œuvre de poète-collagiste, mais aussi à celle qui partagea sa vie et participa activement au rayonnement de cette œuvre en traduisant et éditant ses premiers poèmes aux USA, puis travaillant avec lui sur les traductions des textes des poètes de la Beat Generation, avant d’associer son talent de peintre à celui de collagiste de Claude pour réaliser de multiples et incomparables œuvres croisées.
Tout au long de son existence, au fil de ses rencontres ou échanges épistolaires, Claude a tissé un formidable réseau d’amitiés indéfectibles. Par delà les océans et les continents, il a permis à de nombreux poètes, musiciens et artistes de se rencontrer et de fraterniser. Malgré leurs multiples voyages et déménagements, avec Mary, il est toujours resté le point de convergence pour bon nombre d’entre nous. Et il le demeure encore, cet ouvrage en est la preuve irréfutable, même par delà la mort.
472765755.JPG



Dans les semaines et les mois à venir il sera beaucoup question de l'oeuvre de Claude Pélieu, et d'un ouvrage que je vais publier aux éditions l'Arganier dans la collection Ressacs concocté par Alain Jégou et aussi de l'édition de textes inédits et la réédition de textes introuvables de Claude Pélieu et de ses collages...