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27/01/2008

Malaise dans la Civilisation...

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dessin Yves Budin

par Régis Debray

"L'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance." Qu'en auraient pensé, devant le peloton d'exécution, Jean Cavaillès, Marc Bloch, Jean Prévost, Léo Lagrange ? Ils avaient assez de foi en eux pour hausser les épaules. Mais du temps où il y avait une gauche en France, cette injure - dans la bouche d'un président de la République - eût mis un million de citoyens sur le pavé. Une "politique de civilisation" ? Certes, mais laquelle ? Chacune se définit par sa façon de souder ou de distinguer le temporel et le spirituel. Des Eglises libres de l'Etat, dans une nation élue, comme aux Etats-Unis, ce n'est pas un islam inféodé à l'Etat, comme en Turquie, ni un Etat libre des Eglises, comme en France, fille de sainte Geneviève et de Diderot. Après d'heureux aperçus sur le considérable apport du christianisme, le discours du Latran a dérivé vers une falsification de notre état civil. Et la prière psalmodiée dans la capitale du fanatisme, Riyad, louant Dieu comme "le rempart contre l'orgueil démesuré et la folie des hommes", oublie que le Dieu unique a été autant cela que son contraire.

C'est entendu : si aucune civilisation ne peut vivre sans valeur suprême, le temps est passé des messianismes de substitution qui demandaient à un accomplissement politique de pallier mort et finitude. Une république laïque n'a pas à promouvoir une quelconque Vérité, révélée ou "scientifique". Mais que notre chose publique, par une chanceuse exception, se soit affranchie, en 1905, des religions établies ne la réduit pas à une courte gestion de l'économie, notre intouchable état de nature. Enraciné dans l'instruction publique, le projet républicain d'émancipation a sa noblesse. Il y a un code des libertés publiques, mais la Fraternité n'est pas réglementaire. C'est une fin en soi, qu'on peut dire transcendante, sur laquelle peuvent se régler pensées et actions.

Tout citoyen à la recherche de ce qui le dépasse se verrait enjoint de regarder l'au-delà ? Cela revient à délester la République de toute valeur ordonnatrice. Il y a loin de l'enseignement laïque du fait religieux, que j'avais recommandé, que l'Assemblée nationale a approuvé, à ce détournement dévot du fait laïque. Notre propos n'était pas d'humilier l'instit pour vanter l'iman ou le pasteur. Mais d'étendre les Lumières jusqu'au "continent noir" des religions, non de les abaisser. Encore moins de les éteindre. "La mystique républicaine, disait Péguy, c'était quand on mourait pour la République. La politique républicaine, c'est quand on en vit." Cette dernière ne sera pas quitte envers la première avec une gerbe de fleurs le 14-Juillet ou une belle envolée quinquennale. Faut-il, parce que les lendemains ne chantent plus, remettre aux détenteurs d'une Vérité unique le monopole du sens et de la dignité ? Entre la high-life et la vie consacrée, il y a le civisme. Entre le top model et Soeur Emmanuelle, il y a l'infirmière, l'institutrice, la chercheuse. Entre l'utopie fracassée et le Jugement dernier, il y a ce que l'on se doit à soi-même, à sa patrie, à autrui, à l'éthique de connaissance, au démon artistique. Ces transcendances-là, qui se conjuguent au présent, sans dogme ni magistère, ne sont pas les seules, mais elles ont inspiré Marie Curie, Clemenceau, Jean Moulin, Braque, Jacques Monod et de Gaulle (dont la lumière intérieure n'était pas la religion, mais l'histoire). Etaient-ce des professeurs de nihilisme ? Dans le rôle du mentor et du liant entre factions, la franc-maçonnerie des rich and famous semble avoir remplacé celle des loges radicales d'antan, moins flashy mais plus éclairante. Faut-il, parce que le Grand Occident succède au Grand Orient, réduire le gouvernement à une administration, la scène nationale à un music-hall et la foi religieuse au statut de pourvoyeuse d'espérance aux désespérés ? Après l'opium des misérables, l'alibi des richards ? Les vrais croyants méritent mieux.

Au forum, la frime, à l'autel, l'authentique ? Dieu pour les âmes, l'argent pour les corps, ceci compensant cela. C'est l'idéal du possédant. Ce cynique équilibre entre indécence matérialiste au temporel et déférence cléricale au spirituel soulagerait nos élus de leurs obligations d'instruire et d'élever l'esprit public en payant d'exemple. Ce grand écart est possible dans un pays-église, formé au moule biblique, où neuf citoyens sur dix croient en l'Etre suprême et où l'Evangile peut faire contrepoids au big money. La France, où un citoyen sur dix reconnaît l'Inconnaissable, n'est pas la "One Nation under God". Les civilisations ne se délocalisent pas comme des stock-options ou des serials télévisés - anglicismes désormais de rigueur. Fin des "Chênes qu'on abat", à La Boisserie, face à la forêt mérovingienne. "S'il faut regarder mourir l'Europe, regardons : ça n'arrive pas tous les matins. - Alors, la civilisation atlantique arrivera..." Encore une prophétie gaullienne confirmée ? Le divin atlantisme désormais à l'honneur donne congé à une tradition républicaine biséculaire au nom d'une tradition théodémocratique inexportable.

L'actuel chef de l'Etat s'est donné dix ans pour rattraper le retard de la France sur la "modernité", nom de code des Etats-Unis, passés maîtres des arts, des armes et des lois. Et voilà que, sur un enjeu crucial où nous avions de l'avance sur la Terre promise des people, un born-again à la française nous mettrait soudain en marche arrière ? Bientôt la main sur le coeur en écoutant La Marseillaise ? Les lapins, faute de mieux, feront de la résistance.

20/01/2008

Ciel de lune (extraits)

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Quand on voyage, on sait quand on part. Jamais comment, ni quand, ni si on reviendra un jour. Comme les migrateurs, on passe d’un continent à l’autre, au fil des saisons de la vie, et on revient parfois mourir à la case départ en suivant la trajectoire des saltimbanques comme un trapéziste, un musicien volage, un chemineau tricard, un voleur de poules. En partance pour l’espoir, à fond de cale ou au bord d’un quai, ces clandestins aux dos mouillés du Rio Grande, ces rouliers qui filent en direction de l’ouest, traversent rivières et deltas, marais et montagnes pour découvrir un autre possible. Le nez rivé sur le fil de l’horizon. Dans cette maison, j’avais eu l’impression d’y revenir après un siècle d’errance, pour m’enraciner à nouveau dans ces terres quittées par obligation.
Aux nôtres, ce pays n’a laissé que la peau sur les os et a offert la fuite comme seul salut. Et depuis, avec ceux de ma tribu insoumise à tous les pouvoirs depuis tant de siècles, nous errons. Parce que les nouveaux arrivants nous ont chassés de nos terres. Hommes de terres arides, irriguées par les sources venant des hauteurs enneigées. Il n’y a pas pire climat que sur ces terres-là : sec et venteux, brûlant et froid. Quand la pluie tombe, c’est seulement un peu, parfois. Par endroits émergent des failles vertes, dans le repli des collines, de petites parcelles en espaliers, arrachées et défendues dans ce paysage lunaire, irriguées par un filet d’eau chichement partagé.
L’administration coloniale ne s’est pas salie les mains pour mettre les nôtres au pas. Elle s’est contentée de sous-traiter le travail au pacha de Marrakech, le Glaoui, dont tous vantait l’efficacité de la méthode. Le monde civilisé a fermé les yeux, seul importait le résultat. Il a levé sa harka à Tazert en mille-neuf cent vingt et un et il est monté dans le haut Atlas faire régner l’ordre des temps modernes. Il s’est approprié les terres, a laissé mourir les vieux, envoyé les femmes dans ses bordels, réduit en esclavage les plus jeunes. Les têtes des nôtres ont pourri sur une pique place Jemaa el Fna. La nostalgie est inutile. Elle ne donne rien de bon. De la rancune, sur le temps passé… Un jour, il faudra bien pourtant aller chercher par-là pour comprendre ce qui s’est passé. Ecrire l’histoire des nôtres. Laisser une trace sur le papier et leur redonner la noblesse de la fierté qui leur a été volée. Ecrire, encore écrire, contre le mensonge.
À quoi sert-il d’avoir un passé quand il faut à nouveau partir ? Accepter de n’être qu’un rhizome qui dérive au gré des fleuves et des courants pour prendre racine dans chaque coin de terre, dans chaque espace le permettant. Tel est devenu notre destin. Ici aujourd’hui, demain là-bas. Avancer tant que la vie le permet. Des nuages dans les yeux, des mirages dans le ciel et des miracles à portée de la main.


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19/01/2008

En voila une excellente nouvelle...

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c'est du beau, du bon, du Ballouhey....

17/01/2008

C'est la faute à Rousseau

L’article 104 de Maastricht (qui est devenu l’article 123 du traité de Lisbonne).
Il dit ceci : « Les États n’ont plus le droit d’emprunter auprès de leurs banques centrales ». Pour le commun des mortels c’estincompréhensible.
De quoi s’agit-il ?

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Peinture: Jean-François Veillard
Retrouvez son travail en cliquant dans la colonne de gauche sur JF de Menilmontant.....

Depuis des siècles, les États ont abandonné une partie de leur pouvoir de créer la monnaie aux banques privées : les banques ont obtenu des gouvernants, très certainement par corruption, le droit (fondamental) de créer la
monnaie. Mais au moins, jusqu’à une période récente (1974 en France), les États partageaient encore avec les banques privées le droit de créer la monnaie : quand un État avait besoin d’argent pour créer des voies ferrées, des logements ou des hôpitaux, l’État créait lui même sa monnaie, et il ne devait pas payer d’intérêts pendant les remboursements - ne relâchez pas votre attention et n’oubliez pas : c’est le point crucial, celui qui vous condamne aux travaux forcés au profit de rentiers oisifs. C’est comme cela que l’État créait la monnaie : l’État
empruntait auprès de sa banque centrale (qui créait cette monnaie pour l’occasion) et, au fur et à mesure où l’État remboursait cet emprunt, la Banque centrale détruisait cet argent, mais sans faire payer d’intérêts à l’État !
Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État —et c’est sans doute pareil dans les autres pays européens— s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à-dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.
Dans quel intérêt ? L’intérêt général ?
Vous plaisantez, sans
doute ! Je vous fais remarquer que, précisément depuis 1974, la dette publique ne cesse d’augmenter et le chômage aussi. Je prétends que c’est lié. Ce n’est pas fini : depuis 1992, avec l’article 104 du traité de
Maastricht, cette interdiction pour les États de créer la monnaie a été hissée au plus haut niveau du droit : international et constitutionnel. Irréversible, quoi, et hors de portée des citoyens. On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers, propriétaires de fonds à prêter à qui voudra les emprunter », il y aurait eu une révolution.
Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an (*) et nous ruine année après année ; mais on ne peut plus rien faire. Ce sujet devrait être au coeur de toutes nos luttes sociales, le fer de lance de la gauche et de la droite républicaines. Au lieu de cela, personne n’en parle. C’est consternant.

12/01/2008

Du coté des utopistes

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L'association Tabaa Ninga, créée en Haute-Garonne, a pour objectif de financer la transformation d'un autocar en centre de soins mobile.
TABAA NINGA veut dire en MOORE : "on est là pour s'aider".
C’est une association à qui a été donné un car de ramassage qui transportait des enfants en France et qu'une équipe d'amis a décidé de transformer en DISPENSAIRE MOBILE DE SOINS pour aller soigner les plus défavorisés au BURKINA FASO et ailleurs.

Là-bas, un homme meurt à 42 ans.
Là-bas une femme meurt en moyenne à 47 ans...
... Comme au moyen âge chez nous avant.
Là-bas, il faut faire parfois 50 Kms pour faire soigner son enfant qui meurt quelquefois avant.
Rien que pour çà il faut le faire.
Là-bas la mortalité des enfants est de près de 70%...
Parce qu'il est INADMISSIBLE qu'au XXIème siècle près de nous, des enfants meurent faute de soins à proximité.
Parce que ce rêve humaniste nous voulons le réaliser, nous cherchons un budget de 200.000 € pour le faire réaliser par des bénévoles professionnels.
Notre car comprendra 3 espaces :
Un espace extérieur sous auvent pour tous les soins légers ; un espace soins lourds à l’intérieur ; et un espace de vie pour 1 médecin et 2 infirmières.
Ce projet est novateur, clonable et ambitieux.
Nous avons aussi eu l’idée de mobiliser les bonnes volontés, mais en traduisant ces horreurs quotidiennes par des messages d’amour et d’HUMOUR porteurs d’espoirs (cf. notre Blog !)
Tabaaninga
Nous voudrions éditer un livret qui pourrait être vendu, recueil d’environ 50 dessins portant sur ce bus, l’Afrique, les soins, les médecins, les infirmières, ce projet, TABAA NINGA, ou toute autre idée qui prêterait à sourire dans ce monde de brute.
Nous imaginons bien sûr dans celui-ci réserver une double page pour tous les amis dessinateurs qui nous aideront dans cette récolte de fonds indispensables OU NOUS METTRONS LEUR SITE ET LEURS LIVRES PARUS.
Il faut préciser que TOUT le fonctionnement est bénévole, ni frais, ni salaires, tout à 100% est investi.

MERCI A TOUS DE VOTRE ECOUTE ET DE VOTRE AIDE SI CELA VOUS EST POSSIBLE.

Prenez contact avec nous pour vos DONS & AIDES !
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Bon de commande de l'album en cliquant ici

100 dessins, 40 dessinateurs : Aurel, Babouse,
Ballouhey, Barros, Bauer, Bézian, Biz, Brito, Brouck, Cambon, Carali, Caritte, Catherine Beaunez, Chacha, Chimulus, Colonnier, Delambre, Deligne, Faujour, Glez, Goubelle, Haddad, Herlé, Isa, Jiho, Lefred Thouron, Lerouge, Lindingre, Mutio, N'Guessan, Pichon, Plantu, Remi Malingrey, Samson, Sibylle Delacroix, Tignous, il est à vendre il faut l'acheter, il est très beau très drôle, très émouvant.
Et ça soigne de petits n'enfants qui-z-ont du bobo.
dixit Ballouhey....


Association Tabaa Ninga
DRAY
BP 1
31380 GRAGNAGUE