20/05/2007
Voyage au bout du monde....
Photo: Bénédicte Mercier
Au café chez Raymonde où j’allais poser mes oreilles comme d’autres leur chevalet c’est là que j’ai croqué mes personnages. Ils sont publics, certains notoirement connus des services de police, d’autres : s’ils ne sont pas payés chers gagnent à être connus ; un peu, beaucoup, passionnément. Et c’est autour d’une bière comme on se noie lentement, verre après verre que s’est tissée l’écoute de ces êtres sans âge que tout semble avoir broyé, réunis là par le seul hasard de vents mauvais. Comme un bateau échoué au fond de ces rades sans nom, qui se ressemblent tous. Dans ces bars de turfistes, enfumés et bruyants, prés des halles ou le long de la jetée. Quand il fait trop mauvais pour sortir dehors sous la pluie et que l’odeur de vêtements humides et de tabac froid prend le pas sur tous les autres parfums. C’est celui de la vie trop forte qui prend le dessus, et le reste paraît fade, trop fade. Il ne fallait rien dire et écouter surtout ne pas essayer de discerner le vrai du faux, l’énorme du censé, le gag du bon mot. Si la légèreté est rarement au rendez-vous, elle vaut mieux que l’indifférence.
Dans le café chez Raymonde le tube cathodique déversait son flot d’informations et son quotidien d'oiseaux mazoutés, de guerres, de catastrophes. La conversation continuait de plus belle, car rien de tout cela ne peut avoir de l’importance.
-C’est encore le pape à béquilles qu’est pas bien…
-Non à mobiles…
-J’y arriverais jamais à me souvenir…
-Alors, la ramène pas tout le temps.
-Il sent de plus en plus le sapin, le pape, dit son voisin…
-C’est pas drôle !
-Non mais t’en as déjà vu un rigolo toi ?
-Le pape, il est contre l’avortement, renchérit un autre qui semblait vouloir s’imposer dans la conversation.
-C’est normal, on fouille pas dans le sac à main des dames, lui rétorqua-t-on du bout du bar.
Un Monsieur du bar s’écria comme s’il était en colère : Si c'est dieu qui à créé l'homme; il s'est bien foutu de sa gueule! T’imagine ça il a même fait l'homme l’égal de la femme. Moi personnellement qui vous cause je suis pour l'égalité des sexes.
-Oui mais, quel dénominateur commun?
-En tout cas je trouve le mien bien comme il est… Et toi ?
-Je sais pas, je l’ai pas vu...
-Mais ce que tu peux être con…
-Il falloir qu’on leur mesure le clitoris et qu’on leur pèse les ovaires, pour savoir si la femme est l’égale de l’homme…
-Et inversement!
-Pas légal, létal!
-Toi tu causes sans savoir ce que ça veux dire.
-J’ai fait des études moi monsieur, je suis allé aux grandes écoles
-Mais t’es sorti par la petite porte.
-Où il vont chercher toutes ces conneries?
-Dans la boîte à sucre avec le peigne…
Un monsieur était devant son demi et regardait les bulles monter à la surface
-Moi je dis que c'est en pétant dans l'eau que les têtards ont inventé la limonade!
-OOOOOOOOOOOh! Ça c’est une trouvaille.
-C’est Einstein qui a découvert la loi de la relativité mais on n’a pas eu besoin de ça pour découvrir Robert?
-C’est pas Robert c’est Albert !
-Non Robert c’est le nom du monsieur qui a mis des têtards dans sa limonade…
Puis une histoire de pédophilie aux informations
-Avec toutes ces conneries qu'on entend, maintenant quand les gamins sortent des écoles, je vérifie que mon imper est bien boutonné!
-Violer des mômes; c'est enfantin!
-Ah toi t’es vraiment drôle. Si, si, je t’assure.
Un partisan de la peine de mort: faudrait les zigouiller ces fumiers pour leur apprendre à vivre!
Et ça continuait pendant des heures. De la parole inutile, pour jongler avec le rien ou le néant. Qu’importe, alors... Il savaient qu’ils n’iront pas plus loin que ce bout de comptoir en formica seul lieu où quelqu’un peut faire attention à eux. La solitude en bandoulière, et le silence à jamais refermé sur eux.
Dans le café chez Raymonde le tube cathodique déversait son flot d’informations et son quotidien d'oiseaux mazoutés, de guerres, de catastrophes. La conversation continuait de plus belle, car rien de tout cela ne peut avoir de l’importance.
-C’est encore le pape à béquilles qu’est pas bien…
-Non à mobiles…
-J’y arriverais jamais à me souvenir…
-Alors, la ramène pas tout le temps.
-Il sent de plus en plus le sapin, le pape, dit son voisin…
-C’est pas drôle !
-Non mais t’en as déjà vu un rigolo toi ?
-Le pape, il est contre l’avortement, renchérit un autre qui semblait vouloir s’imposer dans la conversation.
-C’est normal, on fouille pas dans le sac à main des dames, lui rétorqua-t-on du bout du bar.
Un Monsieur du bar s’écria comme s’il était en colère : Si c'est dieu qui à créé l'homme; il s'est bien foutu de sa gueule! T’imagine ça il a même fait l'homme l’égal de la femme. Moi personnellement qui vous cause je suis pour l'égalité des sexes.
-Oui mais, quel dénominateur commun?
-En tout cas je trouve le mien bien comme il est… Et toi ?
-Je sais pas, je l’ai pas vu...
-Mais ce que tu peux être con…
-Il falloir qu’on leur mesure le clitoris et qu’on leur pèse les ovaires, pour savoir si la femme est l’égale de l’homme…
-Et inversement!
-Pas légal, létal!
-Toi tu causes sans savoir ce que ça veux dire.
-J’ai fait des études moi monsieur, je suis allé aux grandes écoles
-Mais t’es sorti par la petite porte.
-Où il vont chercher toutes ces conneries?
-Dans la boîte à sucre avec le peigne…
Un monsieur était devant son demi et regardait les bulles monter à la surface
-Moi je dis que c'est en pétant dans l'eau que les têtards ont inventé la limonade!
-OOOOOOOOOOOh! Ça c’est une trouvaille.
-C’est Einstein qui a découvert la loi de la relativité mais on n’a pas eu besoin de ça pour découvrir Robert?
-C’est pas Robert c’est Albert !
-Non Robert c’est le nom du monsieur qui a mis des têtards dans sa limonade…
Puis une histoire de pédophilie aux informations
-Avec toutes ces conneries qu'on entend, maintenant quand les gamins sortent des écoles, je vérifie que mon imper est bien boutonné!
-Violer des mômes; c'est enfantin!
-Ah toi t’es vraiment drôle. Si, si, je t’assure.
Un partisan de la peine de mort: faudrait les zigouiller ces fumiers pour leur apprendre à vivre!
Et ça continuait pendant des heures. De la parole inutile, pour jongler avec le rien ou le néant. Qu’importe, alors... Il savaient qu’ils n’iront pas plus loin que ce bout de comptoir en formica seul lieu où quelqu’un peut faire attention à eux. La solitude en bandoulière, et le silence à jamais refermé sur eux.
21:15 Publié dans A hauteur d'homme | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Il ne faudrait pas répondre à ces commentaires pour éviter de dire des conneries.
Les carottes sont très jolies.
Écrit par : Saturnin Abadie | 21/05/2007
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