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27/01/2010

LE SOURIRE DU KLEENEX

Une nouvelle de Mouloud Akkouche

 

Pour tous les sans lumière.

     Le maître d’hôtel, un grand brun énergique, me conduisit jusqu’à mon rang. Sur chacune des cinq tables étaient disposés des cartons d’invitation.

-T’auras de bons pourliches et des autographes en plus pour le même prix.

     Dès qu’il s’éloigna, je fis le tour de la salle pour lire chaque nom : que des patronymes connus de la télé et du cinéma. Je zappais d’une table à l’autre. La vedette de la soirée était Marc Parly. Un prix allait être décerné au ‘’formidable acteur au grand cœur‘’ comme l’encensait les thuriféraires de la presse locale. Tel un catalogue de bonnes actions, le journaliste avait listé toutes les associations caritatives parrainées par l’acteur depuis 25 ans.  Un grand humaniste.

     Pas comme Philippe !

     La moitié de ma vie se mit brusquement à se rembobiner. Déjà presque un quart de siècle que Philippe m’avait larguée ! Pour une paire de seins qui passait par-là… Au retour du boulot, j’avais vu le mot sur le frigo et commençai à le lire machinalement en pensant qu’il manquait un produit de cuisine. Une courte phrase écrite au marqueur noir : Je te quitte.  Le frigo doit encore se souvenir de mes larmes et violents coups de bottes.  Depuis ce jour là, j’ai l’impression de n’être qu’un kleenex.

-Josiane, fit le maître d’hôtel. Allez terminer la mise en place de votre rang.

     ***

     A 19H15, Marc Parly descendit de l’avion en provenance de Paris. Il portait une casquette et des lunettes noires. Le pied à peine sur le tarmac, deux femmes et un garde du corps le réceptionnèrent puis le guidèrent jusqu’à une berline. Sans un mot, il s’assit à l’arrière et poussa un soupir.

     Imperméable aux propos de l’attachée de presse volubile, il alluma une cigarette et regarda la neige tomber derrière la vitre fumée. Perdu dans ses pensées.

     Son mobile  sonna.

-Allô !

-C’est Max, tu as fait un bon voyage ?

     Il fronça les sourcils.

-Pfff…. Non.

-Pourquoi ?

      Marc secoua la tête.

-Je n’ai pas envie d’y aller.

- C’est pas possible ! Ils doivent te décerner le grand prix du cinéma.

-Rien à foutre du grand prix !

L’attachée de presse pâlit.

-Mais…

-Ça me gonfle tous ces trucs !

     D’un geste sec, il  coupa son mobile et flingua du regard l’attachée de presse qui se tut.  L’homme qu’il venait de jeter était son agent.  Et aussi son plus vieil  ami.

     Quelques mois déjà que le moral de Marc menaçait de flancher. Son médecin n’avait diagnostiqué que les effets du surmenage. Marc savait bien qu’il s’agissait d’autre chose. Une poussée de lucidité. Les années de course à la gloire lui semblaient bien vaines, une gesticulation pour se sentir vivant. Rien de plus. Toutes ses mesquineries, trahisons et intrigues pour voir son nom en grandes lettres sur l’écran… Pour rien. Le tueur n’avait plus de dents. Même si le public l’adulait, Marc sentait au fond de lui le pantin trimballé de plateau télé en festival, un pantin gonflé de larmes qui, chaque nuit dans sa chambre d’hôtel de luxe, laissait glisser le masque à sourires et tentait de repousser les démons à grand renfort d’alcool. Le doute l’avait alpagué. Peut-être son cinquantième anniversaire ? Virginie, sa dernière conquête- une très jeune comédienne férue de mystique tout terrain-, tenta de lui donner une explication : c’est l’enfant que tu trimballes en toi qui est encore insatisfait et veut autre chose. ‘’Qu’est-ce que tu veux que je fasse ! avait-il rétorqué. Que je le noie ce gosse ! ‘’ Depuis, Virginie, excédée par ses crises de colères et ses montées de violence, était allée exercer ses talents de psychologue dans d’autres bras.  Une phrase -d’ado dépressif- obsédait Marc, griffonnée sur un cahier de collégien : je me suis tiré une balle dans la tête ; elle circule dans mon corps mais n’a pas encore trouvé son point d’impact. Quoi qu’il fasse, cette sentence écrite 34 ans auparavant revenait à la charge.

-S’il vous plait !

-Oui, fit aussitôt le garde du corps assis à côté du chauffeur.

-Arrêtez-vous là.

     L’attachée de presse plissa le front :

-Nous risquons d’être en retard.

-J’ai bien le droit de pisser, non ?.

     Le chauffeur se gara devant le Bar-tabac.

***

     Depuis mon arrivée, un commis ne cessait de faire des pitreries devant moi. Un beau gosse bourré d’humour qui rêvait de monter à Paris pour devenir acteur. Un doux rêveur sans collier. Malgré son jeune âge, il me plaisait beaucoup et j’avais l’impression de ne pas le laisser indifférent. Plusieurs serveuses, dont une brune très sexy,  étaient prêtes à le croquer à la fin de leur service. Un extra pour une extra.  Mais  pas avec une vieille comme moi.

-Josiane, on a pas le droit d’être triste comme ça, quand on est vivante, fit-il avec un clin d’œil

     Il avait tort. Même si mon visage portait par habitude un voile d’amertume, je n’étais pas triste pour autant. Au contraire ; jamais depuis des années, je n’avais ressenti un tel plaisir. Un grand bonheur. Je n’étais plus l’esclave d’une histoire. Fini la soumission. Enfin j’allais pouvoir devenir, pour reprendre les mots ressassés par l’assistante sociale qui s’occupait de mon surendettement : actrice de ma propre existence. 25 ans verrouillée de l’intérieur.

     Bientôt libérée.

  Sourire malicieux aux lèvres, le jeune commis-comédien de salle fouilla dans la poche de son gilet et sortit un brumisateur de la taille d’un stylo-plume. Interloquée, je regardais l’étrange bouteille de parfum. Ma stupéfaction augmenta lorsqu’il ouvrit soudain la bouche et s’envoya plusieurs giclées.

-C’est du cognac ! s’enthousiasma-il, c’est pour les invités officiels mais j’en ai piqué un. C’est pour le parfum intérieur. T’en veux ?

-Non… Je ne bois plus.

     Je jetai un coup d’œil à ma montre et gagnai les vestiaires. Le service allait commencer. Je devais être prête.

     Le tube de rouge à lèvres à la main, je restai un moment devant le miroir. Une femme me regardait ; elle n’avait pas envie de finir la nuit seule. Ni sa vie. Une femme  avec encore de beaux restes. De beaux restes à réchauffer…

     Ce 5 mars 75, un nommé Philippe Leroux  avait détruit mes rêves de bonheur, cassé mon jouet. Brisé un couple et un petit garçon de six mois. Un lâche incapable de me regarder dans les yeux pour me jeter à la face : je te plaque Josiane. Je l’avais harcelé au téléphone des mois et des mois  pour qu’il revienne mais, chaque fois, il m’avait envoyé paître en me disant que je n’en voulais qu’à son fric. Sa réussite sociale. Un jour, une voix de synthèse m’avait expliqué que le numéro de mon correspondant n’était plus attribué. Pendant des années, j’avais travaillé pour qu’il puisse se consacrer uniquement à ses projets et, jamais, je ne l’avais culpabilisé car il ne rentrait pas d’argent. Jamais. Orgueilleuse et têtue comme tous mes ancêtres bretons, j’avais décidé de m’en sortir seule et de le lui prouver. Pas besoin de son fric. Puis les années ont passé  par là; Adrien a grandi sans père, et moi je me suis aigrie.

     Mais aujourd’hui, je vais remettre les compteurs à zéro. Et enfin vivre moi aussi.

***

-Qu’est-ce qu’il fout ? s’inquiéta l’attachée de presse qui faisait les cent pas dans le hall de l’hôtel. Quel emmerdeur !

-C’est comme ça les stars, ricana le garde du corps. Elles sont pas sur les mêmes fuseaux horaires que nous.

     Elle lui jeta un regard méprisant.

-Ouais mais… j’ai tous les journalistes qui l’attendent pour la conférence. En quinze ans de carrière, j’ai jamais vu un type avec une grosse tête comme ça !

    Pendant ce temps, Marc Parly fumait sur le balcon de sa chambre. La culpabilité s’était renforcée. Les images du passé cognaient de plus en plus fort à la porte. Tout se mélangeait. Où se trouvait la balle tirée 34 ans plus tôt ?

     Il finit par descendre dans le hall de l’hôtel.

-Les journalistes  vous attendent, s’empressa de dire l’attachée de presse. Ils ont hâte de vous voir.

-Pas moi, grommela-t-il en poussant la porte tambour. Bon, on va le chercher ce putain de prix !

     ***

     Parmi tous ces j’aimebeaucoupcequevousfaites qui ne cessaient de se léchouiller les joues et regarder dans la gamelle du voisin, je me sentais très mal à l’aise. Personne ne s’en rendit compte. D’ailleurs : qui aurait remarqué une extra ? Une marathonienne de plus de 50 ans cavalant avec des assiettes à la main, entre la salle et la cuisine. Juste un kleenex sachant tenir son rang dans un banquet.

     Chacun son rang.

     A pas lents, je m’approchai de la table de l’invité d’honneur. Cachée derrière un pilier, il ne pouvait pas me voir. Il ne ressemblait guère à la photo sur les affiches placardées dans toute la région. L’acteur au grand cœur n’avait pas l’air dans son assiette que, d’ailleurs, il ne touchait pas. Même derrière ses lunettes, on sentait qu’il faisait la gueule. Contrairement à tous les autres invités dégustant des vins à pedigree, il ne buvait que de la bière. De banals demi issus de la pompe. Personne n’osa lui en faire la remarque, une star a tous les droits… même de  continuer de broyer du noir en pleine lumière. Quelle indécence ! Pourtant à la fin du repas, les membres du jury allaient lui décerner le prix le plus important de la profession. Quel égoïste !

-Josiane, qu’est-ce que tu fous là ! s’écria le maître d’hôtel. Retourne à ton rang.

     Le kleenex obtempéra. Mais dès que le maître d’hôtel s’éloigna, je me rapprochai encore plus près de la star. La serveuse en charge de sa table me lança un œil noir. Elle devait croire que je voulais lui sucrer son pourboire.

     Au garde à vous derrière le passe plats, le commis me fixait. Il gratta sa main sur sa joue, impatient de terminer son service et larguer son costume de Pingouin. Je lui souris. A quand remontait mon dernier sourire ?

-S’il vous plait !

     Le moment tant attendu se présenta. La star me fit  enfin un signe. Les yeux baissés, je me plantai devant elle et détaillai le carrelage. Très tendue.

-Oui, mon… monsieur.

-Une bière.

     Sous le regard agacé de ma collègue, Je gagnai le comptoir et demandai au barman une pression pour l’invité d’honneur. ‘’ Avec ce qu’il s’enfile le père Parly,, j’aurais dû prévoir un fut de rechange.’’ Dès qu’il déposa le demi sur mon plateau, je retournai vers la salle. Mais après un détour par les  toilettes.

***

     Acclamé par toute la salle debout, Marc Parly chaloupa vers l’estrade déjà chargée d’officiels. Ivre mort, il avait beaucoup de mal à marcher. Il ne réussit pas à monter. Un maître d’hôtel se précipita pour l’aider à grimper les quelques marches.

     Le président du jury lissa sa cravate et arma son sourire avant de déclarer :

-Cher Marc Parly, je suis très honoré de vous remettre ce grand prix qui, dans la famille du cinéma, est le plus important. Vous qui, à travers de nombreux rôles, avez su incarner…

     Soudain, Marc lui arracha le micro des mains.  Il ôta ses lunettes. Ses yeux n’étaient plus que deux poches rougies par l’alcool,  des poches vides.

-Trêve de blabla  ! Merci pour ce prix mais… Je tiens à vous dire, bafouilla-t-il avec l’index tremblotant, que je dois partager ce prix avec quelqu’un.

Un applaudissement l’interrompit.

-Je vous vois venir, reprit-il avec un sourire cynique. Non, ce prix… je ne le partagerai pas avec quelqu’un du milieu… Un milieu de dents longues comme moi et de cireurs de pompes comme vous tous, là, en ce moment…D’ailleurs, j’ai plus besoin de m’acheter de cirage. Regardez comme elles brillent.

     Agrippé à l’épaule de la femme du maire qui grimaça un sourire gêné, il souleva son pied. 

     Un silence s’était abattu sur  la salle, même les serveurs et cuisiniers avaient cessé leurs activités pour écouter les délires éthyliques de Marc Parly. C’est fastoche de cracher dans la soupe quand on la boit à la louche !  pesta le jeune commis qui aurait tué tout son arbre généalogique pour être à  la place de la star.

     Le président du jury tenta de reprendre le micro.

-Mon cher Marc, je… Vous avez un sacré sens de l’humour qui….

-Garde ton cher dans ta poche, mon cher… Et je n’ai plus d’humour, mais  que de la haine contre des cons de ton genre.  Je… Je tiens à remercier quelqu’un que personne ici ne connaît. Quelqu’un à qui je dois tout, quelqu’un qui a été le paillasson de ma gloire…Et ouais, j’en vois qui rit en se disant que je suis bourré mais c’est la vérité… Ma carrière s’est construite sur ses ruines.

***

     Souriante, je traversai rapidement la ville dans ma vieille R5. Une dizaine de minutes avant la remise du prix, j’avais quitté la salle de banquet. Sur la nationale bordée de platanes, j’entrouvris la fenêtre et jetai la petite bouteille. Un poison très efficace n’agissant que 12 heures après absorption.

     Seul le 5 mars 75 manquera dans les nécros officielles de Marc Parly : pseudo de Philippe Leroux.

     Je roulais vite, pressée de réchauffer mes beaux restes avec le commis.

 

18/01/2010

Pierre Guitton....

Pierre Guitton c'est beau tout simplement... Comme lui, sa façon d'être au monde, sa vie, sa peinture... Pierre tel quel, sans autres arguments que ses pinceaux pour dire... ce qu'il sent, perçoit, depuis toujours... Pierre peint, Pierre est peintre... Rien à dire d'autre...
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16/01/2010

Les poings sur les i.........

14/01/2010

À L'ÉCOUTE DU MALI...

Koiki di Wiki pour Afel Bocoum?

Il dit  qu'il est un musicienguitariste et chanteur malien, né à Niafunké en 1955.

Afel Bocoum est né d’une mère peule et d’un père sonrhaï, musicien. Ayant fait des études agricoles, il travaille à partir de 1978 dans le secteur du développement agricole1.

En 1968, âgé de 13 ans, Afel Bocoum rejoint son oncle Ali Farka Touré, natif aussi de Niafunké, au sein du groupe Asco2. Il quitte le groupe en 1978 mais poursuit sa collaboration avec Ali Farka Touré pendant une trentaine d’années.

Dans les années 1980, il fonde son propre groupe qu’il baptise Alkibar — ce qui signifie « messager du grand fleuve », en langue sonrhaï. Il utilise des instruments traditionnels comme la njarka (violon à une corde), la njurkel (guitare à deux cordes), la calebasse, à côté de la guitare acoustique3. En 1997, il produit un premier album.

Afel Bocoum chante principalement en sonrhaï, sa langue maternelle, mais aussi en tamasheq, la langue des Touaregs, ainsi qu'en bambara1. Ses chansons évoquent l’évolution de la société malienne, la reconnaissance de la femme, les mariages forcés, le respect.

Discographie 

  • 1999 : Alkibar
  • 2002 : Musique du Mali avec d'autres artistes
  • 2006 : Niger

Afel Bocoum
envoyé par Agnese

 

10/01/2010

Au bord de la crise..... de nerfs....

Simon Johnson, du MIT et du Peterson Institute for International Economics est le 4e, après Ambrose Evans Pritchard, Gerald Celente et Zero Hedge a annoncer le Grand Crash. Il a déclaré sur CNBC que "la crise vient tout juste de commencer" et que sur le "court terme les banques ont gagné", mais pas sur moyen terme: "des choses folles vont se passer car les banques se croient maintenant tout permis et le système financier devenu fou". Il a aussi ajouté que la Fed est folle de laisser sortir des milliards à 0% pour être reinvestis au Kazakstan et ailleurs ... dans tous les cas, les douze prochains mois vont être intéressants car nous nous préparons pour une énorme catastrophe". Boum. Cela a fait l'effet d'une douche froide sur CNBC et observez la réaction du présentateur: "Oooh meeen... here we go again...".

 

 

 

 

Donc cette année est celle de tous les risques puisque Zero Hedge note que 2009 a été l'année du gel du crédit et celle de la planche à billets qui a redonné vie au cadavre de l'économie. Quels que soient les calculs, le budget US de 2010 ne tient compte tenu de tout ce qu'elle doit rembourser et tout ce qu'elle doit émettre. "Out of the $2.22 trillion in expected 2010 issuance, $200 billion will be absorbed by the Fed while Quantitative Easing continues through March. Then the US is on its own: $2.06 trillion will have to find non-Fed originating demand. To sum up: $200 billion in 2009 and $2,1 trillion in 2010. Good luck.". Et selon Zero Hedge, il ne reste que 3 solutions à la Fed: 1) annoncer une nouvelle planche à billets... 2) augmenter les taux d'intérêt (boum) et 3) organiser la chute de Wall Street ce qui permettrait de mettre les comptes à zéro... avec un -30% minimum... Dans les trois cas, c'est une saignée à la Molière, mais dans tous les cas, les bons du trésor US ne sont qu'un immense système Ponzi qui va forcément exploser à un moment. Le plus tard possible... 

07/01/2010

Marcoeur à la clarinette, Lubat au piano...

Comme dit le proverbe: Noël aux tisons Pâques au balcon, il en existe un autre pas mal non plus: Quand Marcoeur est à la clarinette, Lubat est au piano....
Albert Marcoeur et ses frangins, lesquels chantaient dans les années 70 "c'est raté c'est raté, quand on s'énerve on rate toujours... sévissent toujours, avec autant de talent...
D'habitude il n'y a que des belges pour faire des choses comme ça... Allez, nos petits de Bourgogne....

Et puis on a aussi notre BERNARD LUBAT (lou Gascon) et Patrick Auzier, ces deux-là, côtoyés il y a bien longtemps entre Béarn et Landes, déménagent et démangent...
 

Deux de perdus... La fête continue...

Vic chesnutt, Lasha de Sela disparus, c'est une semaine chargée en émotions lourdes... Comme c'est pas notre habitude de sortir la planche à chialerie, même si y en a gros sur la patate, il en reste des artistes qui font toucher le ciel bleu... Ani Difranco, elle, est encore bien vivante... alors hommages aux morts et honneurs aux vivants... De la lignée des Moriarty, des Cat Power... du song, du sang, de l'âpre gris qu'on roule entre les doigts, du swing... Du vivant aussi...

 

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04/01/2010

Quand Vic Chesnutt fout le camp... Il nous reste Carla Bruni....

Décidément... c'est la série noire.... voir les hommages à ces deux-là sur le blog Ressacs il y a quelques mois...... bon Dieu que c'est rageant... On essayera de se consoler comme on pourra....

Sourions quand même au dérisoire de l'existence... il nous reste Carla Bruni...

 

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Ce qu'en dit le Carnet du Monde:

Né le 12 novembre 1964, à Jacksonville, en Floride, cet enfant adopté a grandi à Pike County, en Géorgie. Dans ce Sud profond, il se révèle un auteur-compositeur précoce. "Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours composé des chansons", se souvenait-il pour Le Monde, en 1995, "même quand je recevais une fessée, j'en inventais une". Accompagné d'une guitare sèche, ce musicien volontiers mélancolique et solitaire est marqué très tôt par le folk et le verbe de Bob Dylan et Leonard Cohen, les humeurs sombres de musiciens country comme Willie NelsonHank Williams ou Johnny Cash.

Il a 18 ans, après une soirée arrosée, un accident de la route le prive de l'usage de ses jambes. Loin de décourager sa vocation musicale, ce handicap précipite ses envies de quitter son Sud rural, pour la ville universitaire d'Athens. C'est là que Vic Chesnutt se consacrera à ses chansons et à la peinture. De sa chaise roulante, immergé dans la bohème locale, il se façonne un répertoire marqué par l'alcool et une ironie maniaco-dépressive. Seul ou avec un groupe, il écume les bars de la ville jusqu'à ce qu'un admirateur bouleverse son destin. En l'occurrence Michael Stipe, chanteur du groupe REM, star du rock alternatif, originaire lui-même d'Athens, qui en 1990, lui permet d'enregistrer son premier album, Little, puis un deuxième, West of Rome.

Sans jamais accéder à un large public, Vic Chesnutt, sa poésie cruelle, son humour noir et sa voix écorchée ont fini par séduire un important noyau de fans parmi lesquels beaucoup de critiques rock et d'artistes. En 1996, ces derniers lui rendront hommage dans une compilation, Sweet Relief II : Gravity of the Situation, enregistrée au profit des musiciens malades sans couverture sociale. Vic Chesnutt avouait d'ailleurs crouler lui-même sous les dettes en raison de frais médicaux entraînés par les nombreuses opérations qu'il avait subies. Cet album de reprises de ses morceaux comptait, entre autres, comme interprètes, REM, les Smashing Pumpkins, Garbage, Sparklehorse, Mary Margaret O'Hara et même Madonna.

En vingt ans, cet auteur-compositeur aura enregistré une quinzaine d'albums. Certains sont âpres et anguleux, d'autres témoignent d'un cafard plus lumineux et mélodique comme le formidable Is the Actor Happy ? (1995), souvent considéré comme son sommet artistique. Nombre de groupes et de musiciens de renom auront collaboré avec Vic Chesnutt, tels Lambchop, Elf Power, le guitariste de jazz Bill Frisell, ou récemment les Montréalais de The Silver Mt. Zion, pour l'album North Star Deserter, séduits comme d'autres par ce chanteur, grinçante incarnation de la vulnérabilité.

 

 

Ce qu'en dit  THIERRY COLJON

James Victor, dit Vic Chesnutt, est mort le jour de Noël, à l’âge de 45 ans. Il n’est jamais sorti du coma dans lequel l’avait plongé sa tentative de suicide. Il y a vingt ans, nous découvrions Little, le premier album de ce petit bonhomme doté d’un humour cinglant, voire désespéré.

Victime d’un accident de la route à l’âge de 18 ans, le natif d’Athens, Georgia, était resté paraplégique, se produisant sur scène dans une chaise roulante. On n’oubliera jamais ce concert au Printemps de Bourges qu’il n’a cessé de ponctuer par des « Jack Cheeraaack », tellement il fut amusé d’avoir serré la main du candidat président de la République. On le revit encore en première partie de Kristin Hersh à la Luna ou même au Travers, puis au Botanique.

Vic Chesnutt, c’était une voix et une plume, un véritable songwriter folk aux accents et fulgurances rock, chassant sa mélancolie à coup de grattes électriques. Ses deux premiers albums ont été produits par un ami proche : Michael Stipe de R.E.M., qui n’a jamais hésité à dire que Vic avait beaucoup influencé le groupe. En 1995, quand on rencontre Vic pour nous parler de son quatrième album Is the actor happy ?, il était dans tous ses états car il apprenait l’accident cérébral dont venait d’être victime son ami Bill Berry, le batteur de R.E.M. (à qui il avait d’ailleurs acheté sa maison). Mais Vic n’était pas l’ami que des Géorgiens. Même s’il n’a jamais vendu énormément d’albums aux Etats-Unis, l’Europe étant son principal marché, il avait bénéficié du plus bel hommage de ses pairs sur l’album philanthropique Sweet relief II : gravity of the situation, constitué uniquement de ses chansons reprises par R.E.M., Garbage, Smashing Pumpkins, Joe Henry, Cracker, Indigo Girls, Sparklehorse et… même Madonna.

« Je les connais tous, ce sont des amis. Tous sauf cette fille, comment elle s’appelle déjà ? Madonna ? », nous avait-il raconté à l’époque, amusé et fier à la fois. Car c’était un sacré lascar, le Vic. Dès le petit-déjeuner, il était déchaîné, bourré d’une énergie qu’on retrouvait sur scène et qui lui servait à dynamiter la plus désespérée des chansons, et d’histoires drôles qu’il racontait pour dédramatiser l’horreur de la vie. « J’étais soûl quand j’ai eu mon accident de voiture, nous avait-il raconté, mais ça ne m’a pas empêché de continuer à boire comme un trou. J’ai toujours bu, depuis que je suis gosse. L’alcool est une drogue horrible. Ivre, vous faites des choses regrettables, je suis bien placé pour le savoir. »

Vic n’a cessé d’enregistrer des disques. On retiendra surtout North Star deserter, enregistré en 2007 dans une chambre d’hôtel à Montréal. Il avait l’art de réaliser des chefs d’oeuvre en quelques jours. Il venait de publier l’album At the cut ainsi queSkitter On Take-Off réalisé avec Jonathan Richman. On l’a également vu dans le film Sling blade, avec Billy Bob Thornton, sur une musique de Daniel Lanois. Vic connaîtra certainement une gloire posthume tellement son oeuvre est riche de grandes chansons et de collaborations réussies avec Bob Mould, Kristin Hersh, Lambchop, Bill Frisell, Von Dyke Parks, etc.

Sa voix, ses plaintes déchirantes, sa science des arrangements et son amour immodéré pour l’alcool l’ont rapproché d’un Robert Wyatt qui a réussi, lui, à détruire ses démons. Vic nous a quittés et on ne rit plus.

 

Le blues est là... Quand Lasha s'en va....

 

LHASA DE SELA NOUS A QUITTE.

4 January 2010 par Jeff   Dans DECOUVERTENEWS

La transition 2009/2010 se fait décidément dans la douleur. Douleur de perdre des artistes de talents et trop méconnus. Après Vic Chesnutt, c’est au tour de Lhasa De Sela de s’en aller. Atteinte d’un cancer du sein, contre lequel elle menait un combat depuis 21mois, Lhasa a finit par lâcher prise et mourir.

Âgée de 37 ans, Lhasa De Sela avait séduit à nouveau avec un dernier album édité en 2009. C’était alors mis en place une tournée, malheureusement écourtée face à l’état de santé de la chanteuse. Une nouvelle fois, c’est bien trop tard, que beaucoup s’apercevront du talent immense de cette artiste. C’est dans ce genre de cas, que nous prenons conscience de l’importance de mettre en lumière d’artistes aussi riches et exclus d’un moule conformiste absurde.

Le meilleur hommage que nous pouvons rendre à Lhasa est tout simplement de se plonger dans son univers musical et plus généralement créatif. Fille d’une mère photographe et d’un père écrivain et professeur d’espagnol, elle a sillonné les Amériques et c’est très certainement de là, que lui vient sa richesse scénique. Une présence sur scène proche de celle d’une artiste de théâtre constamment habitée par ce qu’elle évoque. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Lhasa avait lancé son dernier album sobrement intituléLhasa au Théâtre Corona de Montréal.

Lhasa De Sela devrait être inhumée à Montréal, une ville métissée, à l’image de la chanteuse. 97ruedurock, vous propose de découvrir Lhasa à travers plusieurs extraits de ses différents albums

 

 

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