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20/11/2007

Sushelaa Raman (2)

Me revient en mémoire cette anecdote qui a eu lieu début mars 2004 au Idéal River View Resort près de Tanjore, lieu de luxe de calme et de volupté s'il en est...
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J’achevais un périple de plusieurs milliers de kilomètres sur des routes chaotiques à travers le Tamil Nadu, le Karnataka, le Kérala, et je passais ma dernière nuit de route dans cet hôtel. La veille j’étais tombé dans un boxon où se retrouvait pour s'alcooliser toute la faune locale, à la Kingfisher, la bière nationale, une blonde légère et mousseuse, bien agréable sous ces climats... Cassé de fatigue ni le tapage des poivrots, ni le feulement des ventilateurs, ni la chaleur encore supportable à cette époque de l’année, ne m’ont empêché de dormir.
C’est dire qu’arriver dans un tel lieu après ces événements à rendu encore plus perceptible le calme et l’harmonie qui s’en dégageaient. il semblait tellement incroyable qu’un tel endroit existât après tout ce bazar, ces foules, et ces routes poussiéreuses, ce chaos partout. J’avais changé d’itinéraire pour éviter une kumba mela qui se déroulait à Tiruchirapalli et qui devait réunir au minimum deux ou trois millions de pèlerins sur plusieurs jours. N’ayant plus envie de ces bains de chair, encore moins de devenir le centre d’attraction, trouver un lieu pareil m’est apparu comme un oasis.
La pelouse d’un vert phosphorescent resplendissait, taillée en permanence avec des ciseaux par une femme accroupie habillée en sari aux couleurs de l'uniforme de l’hôtel.
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C’est à la main et une par une, qu’elle ôtait la moindre mauvaise herbe qui aurait osé pousser par mégarde dans cette épaisse moquette où l’on enfonçait comme dans une mousse quand on marchait dessus. Partout des bougainvilliers, des ibiscus, des mainates en liberté qui sifflait, des perroquets verts. Jamais je n’ai ressenti une telle sensation aussi paisible en Inde.
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J’étais à ce moment-là si loin de tout, plongé dans les souvenirs de ce voyage essayant de recomposer mon être en rassemblant les morceaux. Une femme au loin vocalisait. Dans un premier temps je ne prêtais pas attention à cette voix qu’il me semblait pourtant connaître pour l’avoir entendu dans une autre vie.
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J’ignorais s’il s’agissait d’une chanteuse ou d’un enregistrement quelconque. Le nez collé dans mon carnet, je notais les premières sensations qui se dégageaient de cet endroit qui agissait sur moi comme un puissant psychotrope. Ici plus besoin de défense, plus besoin d’être sur le qui vive, plus besoin d’avoir le cerveau en alerte, on peut vivre comme suspendu dans les airs. Hors du temps et de toute contrainte...
C’était deux ou trois appartements plus loin...
Je vis passer dans mon champ de vision une indienne habillée d’un shorida jaune et orange, son écharpe pendait dans son dos. Je n’aurais probablement pas levé le nez de mon carnet, si je n’avais remarqué cette démarche princière, elle avançait d’un pas presque dansant comme si ses pieds ne touchaient pas le sol. Il arrive parfois de rencontrer des êtres pareils en des instants fugaces. Et on ne sait pas si ce sont des anges que l’on croise ou de simples mortels. C’est le pas tintinnabulant de clochettes de cette femme qui ne fit la regarder. En la voyant ici dans ce lieu et de façon aussi incongrue je prononçais son nom et ne pus m’empêcher d’être envahi par la chair de poule, car j’ai craint qu’elle ne m’entendit et ne vint vers moi. Il n’en fut rien, Susheela se dirigeait vers la sortie suivie par ce qui semblait être des musiciens...
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