31/08/2007
ciel de lune (extraits2)
Chapitre 15
— Si jamais tu publies ça, je te mets en procès, a été la première phrase que Dalila a prononcée lorsque j’ai décroché le téléphone qui sonnait.
— De quoi parles-tu ? lui ai-je demandé.
— Des saletés que tu as écrites sur moi ?
— Où ça ?
— Dans ton roman que tu as laissé sur mon ordinateur !
— Mince ! J’ai laissé une copie sur ton ordinateur !
— Oui, et je l’ai lue, espèce de salaud.
— Je suis désolé. C’est un acte manqué. Mais ce ne sont pas des saloperies, c’est simplement la vérité nue que je raconte. Ça te dérange ?
— Est-ce que moi je raconte ta vie à tout le monde ?
— Rien ne t’en empêche. Et je ne m’y opposerai pas. C’est simple, il suffit d’écrire. Malheureusement, c’est plus facile à dire qu’à faire…
— En plus, tu as laissé mon nom sur ce manuscrit. On me reconnaît.
— Tu te reconnais. C’est une nuance de taille. Pas de problème, je vais le changer. Que dirais-tu de Dalila, comme prénom. C’est joli, non ?
— Tu n’es qu’une ordure.
— Pas tant d’honneur, je t’en prie. C’est beaucoup trop.
— Je te préviens, je te mets un procès si tu publies ça.
— Ce n’est pas à moi qu’il faut dire que tu veux empêcher cette publication, mais à l’éditeur. À ta place, je lui téléphonerais pour le prévenir que tu vas lui foutre un procès. Qui connaît mon existence dans ta nouvelle vie ? Personne ! Alors, pourquoi veux-tu te mettre en évidence ? Si tu portes plainte pour diffamation, cela ne restera pas secret. Où sera la différence entre réalité et fiction ? Tu savais bien que je me sers de tout ce qui m’entoure pour écrire. Alors, pourquoi n’en aurais-je plus le droit, tout d’un coup ? Ce risque, tu le connaissais ? Si tu dis que je mens, donc cette réalité est fausse. Si elle est fausse, comment peut-on se reconnaître ? Pour rétablir la vérité ? Mais tout est inventé depuis le début ! Cruel dilemme, non ? Ceux qui nous ont connus tous les deux, combien sont-ils encore ? Les doigts d’une main ! Quel intérêt à venir au-devant de la scène, alors ?
J’ai senti un léger flottement sur la ligne. Sa colère semblait s’estomper. J’ai continué.
— Tout le monde peut porter plainte contre moi. La Mère, le Grand, le Petit, ou le facteur qui se reconnaît. Pourquoi pas ? Si je dis que quelqu’un a des varices, je me retrouve à Fleury-Mérogis. Tu peux te permettre tous les coups bas, puisque tu interdis au témoin de témoigner. Le déni parfait.
— Tu as vu comment tu me traites ? Comme une mégère, une marâtre, une dinde acariâtre. Tu bafoues mon honneur, et celui de ma famille.
— L’honneur quel grand mot. Il s’agit de réalité n’est-ce pas ? La perception de la chose est-t-elle plus importante que la chose elle-même ? Ne t’inquiète pas je n’ai pas continué à écrire n’importe quoi. Je suis suffisamment lâche pour ne pas me fâcher complètement avec toi. On a des intérêts en commun, non ? Et je n’ai pas du tout envie d’un procès malgré mes fanfaronnades. Mais je ne vois pas pourquoi tu m’interdirais d’écrire. J’ai le droit de témoigner, non ? Je vais minimiser, rester impartial. Suivant le principe de la ciguë. Si tu ne dis rien, c’est toi qui deviens la victime de mes exactions et de mon délire verbal…
N’importe quel pékin qui sait à peu près lire te dira que c’est moi le crétin dans cette histoire. Le hareng mal dessalé. Il fallait vraiment l’être pour se fourrer dans une telle galère. Adopter toute une famille alors que j’avais eu la chance d’avoir échappé à ce genre de contraintes jusqu’à présent. Toi, tu es une vraie héroïne que j’ai traînée dans la boue. Une victime des temps modernes qui se sacrifie pour aider sa famille issue du tiers monde. C’est beau comme un vrai mélo. J’ai été assez fou pour te proposer le mariage la première fois que je t’ai rencontrée. Par pur intérêt fornicateur. L’avantage dans notre relation c’est qu’elles est suffisamment stéréotypée pour avoir l’intérêt graveleux de l’anonymat.
— Tu as écrit sur moi toutes ces saloperies, alors qu’on était encore ensemble. Tu n’as pas honte ?
— Le papier comme une bande magnétique a enregistré les craquements de mon cerveau. Va savoir, si je n’avais pas écrit, peut-être qu’aujourd’hui je serais mort, un assassin, ou un dépressif chronique.
— C’est ça, comme tu es masochiste, le rôle de martyr te colle bien ! Tu l’affectionnes.
— Oui ! Comme tout explorateur de l’espèce humaine. Des gens vont au bout du monde pour en côtoyer d’autres, pendant quelques jours, et ils ne prennent pas le temps de les rencontrer. Pour connaître quelqu’un, il vaut mieux s’arrêter. C’est certainement du masochisme d’approcher des êtres qui repartiront avec tout ce qu’ils ont apporté.
— Tu te venges comme tu peux... Pour qui tu te prends? Monsieur croit que ses petites histoires vont intéresser les gens...
— Ça n’est pas mon problème, mais celui de ceux que cette histoire intéresse. Je ne suis pas assez prétentieux ni mégalomane pour croire qu’elle est unique. On est des milliers, des millions à nous être fourvoyés dans le mariage mixte. La seule excuse que l’on ait, c’est que le ministre de l’Intérieur ne nous a pas laissé le choix. C’est déjà plus drôle non ? Une fois la pulpe du mariage exotique consommée, il faut se farcir le noyau. Et là, on risque de s’y casser les dents. Si j’avais eu plus d’argent, je crois que tu m’aurais supporté plus facilement. Malheureusement je n’en ai pas.
— De quoi parles-tu ? lui ai-je demandé.
— Des saletés que tu as écrites sur moi ?
— Où ça ?
— Dans ton roman que tu as laissé sur mon ordinateur !
— Mince ! J’ai laissé une copie sur ton ordinateur !
— Oui, et je l’ai lue, espèce de salaud.
— Je suis désolé. C’est un acte manqué. Mais ce ne sont pas des saloperies, c’est simplement la vérité nue que je raconte. Ça te dérange ?
— Est-ce que moi je raconte ta vie à tout le monde ?
— Rien ne t’en empêche. Et je ne m’y opposerai pas. C’est simple, il suffit d’écrire. Malheureusement, c’est plus facile à dire qu’à faire…
— En plus, tu as laissé mon nom sur ce manuscrit. On me reconnaît.
— Tu te reconnais. C’est une nuance de taille. Pas de problème, je vais le changer. Que dirais-tu de Dalila, comme prénom. C’est joli, non ?
— Tu n’es qu’une ordure.
— Pas tant d’honneur, je t’en prie. C’est beaucoup trop.
— Je te préviens, je te mets un procès si tu publies ça.
— Ce n’est pas à moi qu’il faut dire que tu veux empêcher cette publication, mais à l’éditeur. À ta place, je lui téléphonerais pour le prévenir que tu vas lui foutre un procès. Qui connaît mon existence dans ta nouvelle vie ? Personne ! Alors, pourquoi veux-tu te mettre en évidence ? Si tu portes plainte pour diffamation, cela ne restera pas secret. Où sera la différence entre réalité et fiction ? Tu savais bien que je me sers de tout ce qui m’entoure pour écrire. Alors, pourquoi n’en aurais-je plus le droit, tout d’un coup ? Ce risque, tu le connaissais ? Si tu dis que je mens, donc cette réalité est fausse. Si elle est fausse, comment peut-on se reconnaître ? Pour rétablir la vérité ? Mais tout est inventé depuis le début ! Cruel dilemme, non ? Ceux qui nous ont connus tous les deux, combien sont-ils encore ? Les doigts d’une main ! Quel intérêt à venir au-devant de la scène, alors ?
J’ai senti un léger flottement sur la ligne. Sa colère semblait s’estomper. J’ai continué.
— Tout le monde peut porter plainte contre moi. La Mère, le Grand, le Petit, ou le facteur qui se reconnaît. Pourquoi pas ? Si je dis que quelqu’un a des varices, je me retrouve à Fleury-Mérogis. Tu peux te permettre tous les coups bas, puisque tu interdis au témoin de témoigner. Le déni parfait.
— Tu as vu comment tu me traites ? Comme une mégère, une marâtre, une dinde acariâtre. Tu bafoues mon honneur, et celui de ma famille.
— L’honneur quel grand mot. Il s’agit de réalité n’est-ce pas ? La perception de la chose est-t-elle plus importante que la chose elle-même ? Ne t’inquiète pas je n’ai pas continué à écrire n’importe quoi. Je suis suffisamment lâche pour ne pas me fâcher complètement avec toi. On a des intérêts en commun, non ? Et je n’ai pas du tout envie d’un procès malgré mes fanfaronnades. Mais je ne vois pas pourquoi tu m’interdirais d’écrire. J’ai le droit de témoigner, non ? Je vais minimiser, rester impartial. Suivant le principe de la ciguë. Si tu ne dis rien, c’est toi qui deviens la victime de mes exactions et de mon délire verbal…
N’importe quel pékin qui sait à peu près lire te dira que c’est moi le crétin dans cette histoire. Le hareng mal dessalé. Il fallait vraiment l’être pour se fourrer dans une telle galère. Adopter toute une famille alors que j’avais eu la chance d’avoir échappé à ce genre de contraintes jusqu’à présent. Toi, tu es une vraie héroïne que j’ai traînée dans la boue. Une victime des temps modernes qui se sacrifie pour aider sa famille issue du tiers monde. C’est beau comme un vrai mélo. J’ai été assez fou pour te proposer le mariage la première fois que je t’ai rencontrée. Par pur intérêt fornicateur. L’avantage dans notre relation c’est qu’elles est suffisamment stéréotypée pour avoir l’intérêt graveleux de l’anonymat.
— Tu as écrit sur moi toutes ces saloperies, alors qu’on était encore ensemble. Tu n’as pas honte ?
— Le papier comme une bande magnétique a enregistré les craquements de mon cerveau. Va savoir, si je n’avais pas écrit, peut-être qu’aujourd’hui je serais mort, un assassin, ou un dépressif chronique.
— C’est ça, comme tu es masochiste, le rôle de martyr te colle bien ! Tu l’affectionnes.
— Oui ! Comme tout explorateur de l’espèce humaine. Des gens vont au bout du monde pour en côtoyer d’autres, pendant quelques jours, et ils ne prennent pas le temps de les rencontrer. Pour connaître quelqu’un, il vaut mieux s’arrêter. C’est certainement du masochisme d’approcher des êtres qui repartiront avec tout ce qu’ils ont apporté.
— Tu te venges comme tu peux... Pour qui tu te prends? Monsieur croit que ses petites histoires vont intéresser les gens...
— Ça n’est pas mon problème, mais celui de ceux que cette histoire intéresse. Je ne suis pas assez prétentieux ni mégalomane pour croire qu’elle est unique. On est des milliers, des millions à nous être fourvoyés dans le mariage mixte. La seule excuse que l’on ait, c’est que le ministre de l’Intérieur ne nous a pas laissé le choix. C’est déjà plus drôle non ? Une fois la pulpe du mariage exotique consommée, il faut se farcir le noyau. Et là, on risque de s’y casser les dents. Si j’avais eu plus d’argent, je crois que tu m’aurais supporté plus facilement. Malheureusement je n’en ai pas.
20:45 Publié dans Extraits de romans | Lien permanent | Commentaires (0)
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