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17/11/2006

Poétes vos papiers...

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photo: Bénédicte Mercier, carnaval de Pau


Mes papiers ont toujours intrigué l'administration qui n’a jamais cessé de me regarder de travers. Peut-être que je ne conviens pas. Je n’ai jamais rien demandé et ce n'est pas moi qui les ai imprimés, ces papiers….
Pourtant l'administration m'a obligé à avoir une carte. Avant, quand je présentais le bout de papier qui me servait de carte d’identité d’apatride, c'était déjà pareil, on me regardait de travers. À force d'être suspecté, on finit par se penser en suspect. Rien de défini, mais une appréhension persistante.
En passant au poste-frontière, je me voyais déjà au fond d'un bagne, charcuté par des experts en aveux. La trouille ne se raisonne pas. On passe du blanc au verdâtre, les joues s'affaissent, les yeux se creusent, deviennent vitreux. L'air manque. On pense que rien, plus jamais, ne sera comme avant. L'adrénaline, pistonne en jets continus au fond des veines. Même en s’arrangeant pour paraître calme, on ne le reste pas. Les sbires au trois quarts bourreaux ont reniflé quelque chose de louche. Ils subodorent un avion détourné, un navire coulé, une ambassade plastiquée, un général dessoudé.
Vous avez la tête de l'emploi, vous en êtes convaincus. Les cerbères de la sécurité deviennent nerveux. La contagion gagne la fourmilière. Les gâchettes sensibles ont flairé le gros poisson. L'avancement plane dans l'air. C’est tout simplement votre nom… Un homonyme pas sympathique du tout… À ce rythme, vos abattis ne valent plus grand-chose. La bavure n'est pas loin. Un siècle, d'un seul coup, vous tombe sur les épaules. Et vous vous emmêlez les pédales dans les explications. À force d'être suspecté, vous finissez par vous persuader d'être un type dangereux.
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photo: Bénédicte Mercier, carnaval de Pau

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