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15/12/2007

Le chant des gnaouas

ABDELJALIL KODSSI

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l'étrange destin du barbier de la place Jemma el Fnaa


Sur le net je cherchais des informations sur Geoffrey Oryema, je suis tombé en arrêt devant la photo d'Abdeljalil dont j'avais perdu la trace. Il n'était plus coiffeur sur la place Jemma el Fnaa et je n'avais pas retrouvé son adresse, car il avait quitté Marrakech pour Barcelone. C'est grâce à feu Jean Michel Zangronitz, alors directeur du centre culturel français de Marrakech que je l'avais rencontré et nous avions sympathisé. J'avais lu des textes avec lui en accompagnement et son groupe Mluk el Hawa, lors d'une soirée dans le théâtre de plein air du centre route de la Targa, noir de monde. Lui et son groupe on déchaîné l'auditoire. C'est là que j'ai vu pour la première fois des gens en transe. A l'époque le groupe Mlouk el Hawa répétait dans la maison que Juan Goytissolo leur prêtait en son absence. La voix d'Abdeljalil était déjà puissante, envoutante, chaleureuse.

J'avais écrit ce texte, publié dans la revue propos de campagne, en pensant à lui...


Assis chez le barbier, j'ai contemplé le bruit furieux de la place rouge. Offert la gorge tendue je regardais dans la glace cet homme qui affûtait une lame luisante. Et s'il lui venait l'idée de me trancher la gorge ?
J'ai eu un moment de panique. D'une main le coiffeur me tendait la peau, de l'autre tenait le rasoir. La caresse du métal me rongeait les poils. J'ai fermé les yeux pour ne pas montrer mon désarroi. La lame en grattant lentement glissait sur mes veines.
Le bruit de l'acier se répercutait dans les mâchoires. Aucune expression sur le visage du barbier ne laissait présager un tel dessin. J'avais choisi d'accepter et je pensais que quoi qu'il advienne, en me soumettant à la mort, je renaîtrais à mon destin.
Quelqu'un décidait à ma place et me laissait la possibilité de vivre. Je n'avais plus à choisir. Peut-être ne me tuerait-il pas, mais prendrait-il le soin de me balafrer affreusement. Mon sang giclerait sur les flacons de parfums, le fauteuil, le miroir, la céramique blanche. Sur le visage il m'a passé de l'eau chaude, puis froide après m'avoir massé avec un onguent. Il m'a détaché la serviette du cou. Je payais et sortais heureux d'être encore vivant. La cigarette du barbier au parfum gras de haschich achevait de se consumer dans le cendrier.


au devenir d'un Maalem gnaoua



Fils d’une famille gnawa de la région de Marrakech, le chanteur et multi-instrumentiste Abdeljalil Kodssi a officié depuis son enfance au sein de nombreuses formations gnawa, ce « blues du maghreb ». Co-fondateur des mythiques Nass Marrakech, il a joué et enregistré avec des pointures aussi diverses que Al Tall, Jorge Pardo ou Don Cherry.
Après sa carrière avec le groupe Nass Marrakech, et un premier projet solo, Mimoun, produit par Omar Sosa, Abdeljalil Kodssi revient avec Oulad Fulani Ganga, un album enregistré avec Javier Mas.
Riche de ses expériences musicales et humaines, il a édité son album intitulé Mimoun (la chance). Il a facilement convaincu Omar Sosa de jouer avec lui, tellement convaincu que le cubain a décidé de produire l’album !


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KODSSI est comme une figure hybride entre les grandes figures du rock, du jazz, du flamenco et de la musique gnawa, avec son adoption de l'art comme mode de vie. Il résiste à toutes formes de réduction de son art de jouer et de chanter, qui est sa forme d'être. Kodssi se maintient contre vent et marées comme un homme de la rue qui ne conçoit pas la vie sans musique, la musique sans vie : la vie sans vie.

Musicien, barbier, acteur, économiste, bricoleur et médium, dans chaque geste et dans chaque sourire de cet homme, se matérialise un instinct de fraternité. Balsamique, invincible, mythique, ce tendre grand frère de tous, Abdeljalil Kodssi, est le patriarche en fonction d'un clan imparable. Le prénom et le nom d'une certaine compréhension de la musique qui donne du sens à la vie."

VÍCTOR ANDRESCO Extraits de l'article portrait El Gran Hermano

à la reconnaissance internationale



1977: Abdeljalil Kodssi s'expatrie de son Maroc natal pour se dédier à la musique. Sur la place de Marrakech, dans son propre salon de coiffure, il régnait jusqu'à lors comme le meilleur barbier de la ville.

1980: Abdeljalil édite son premier album avec sa formation Mlouk El Hawa, s'en suit quatre autres avec une sortie annuelle et des tournées dans les pays arabes.

1984: Rencontre avec Juan Goytisolo qui va marquer un tournant décisif dans sa carrière artistique puisque c'est grâce à l'écrivain qu'Abdeljalil et son groupe sorte pour la première fois en Espagne à l'occasion de la présentation au public de l'une des oeuvres de l'écrivain. La rencontre a lieu dans le salon de coiffure d'Abdeljalil où les passants ont pour coutume de venir s'asseoir et prendre le thé. Juan Goytisolo découvre la musique de Jalil et decide de le présenter à son ami et plus grand rockeur espagnol Miguel Ríos, qui croit également au talent d'Abdeljalil.

1985: Les multiples apparitions d'Abdeljalil sur les scènes et dans les médias espagnols résultent très fructueux pour l'artiste: il joue avec son groupe dans les villes comme Madrid, Barcelone, Salamanque, Valence ... et entre en contact avec le groupe Al Tall qui leur facilite l'accès à la scène Française avec un premier concert à Marseille.

1986: Kodssi continue à jouer avec Mlouk El Hawa et sont invités pour la seconde année consécutive au Festival Troubadour de Valence. La collaboration artistique de Mlouk El Hawa avec le groupe Al Tall remporte un tel succès auprès du public, qu'ils décident d'enregistrer un album ensemble: Chirk El Andalus. C'est l'année où ils sortent également un nouvel album : Gemah El Frek. Abdeljalil continue son ascension en Espagne et au Maroc.

1987: Rencontre avec Hassan Hakmoun, musicien marocain vivant aux Etats Unis et qui collabore avec des musiciens tels Don Cherry et Peter Gabriel. A Berlin, Hassan présente Abdeljalil à Don Cherry, et Abdeljalil Kodssi est invité à jouer avec eux et Adam Ordorf à Berlin. S'en suit une tournée européenne en Autriche, en Allemagne, en Belgique, en Italie et en Suisse. Abdeljalil est invité aux tournées américaines et sa collaboration avec Hassan Hakmoun, Don Sherry et Adam Ordorf se maintiennent jusqu'en 1995, année de la mort de Don Cherry à Málaga.

1990: Kodssi rencontre Aziz et Sherif, les musiciens actuels de Nass Marrakech, au centre culturel français de Marrakech. L'entente artistique entre les trois musiciens est tellement fusionnelle, qu'ils décident d'enregistrer un album ensemble avec l'appui toujours de Juan Goytisolo.

1991: Nass Marrakech participe au prestigieux Festival GREC de Barcelone et le groupe s'établit définitivement dans la capitale catalane.

1995/1997: Années pendant lesquelles Abdeljalil Kodssi est sollicité par le groupe Ektal et Javier Mas, grâce aux multiples apparitions et succès remporté par Nass Marrakech sur la scène espagnole.

2000: Abdeljalil enregistre avec Javier Mas et Jordi Rallo, Tamiz, album de musique Arabo andalouse .La même année, il rencontre Omar Sosa au Womex de Berlin qui lui tombe dans les bras.

2001: Le second album de Nass Marrakech sort sous le titre de Bounderbala. Avec la colaboration artistique d'Omar Sosa, au piano, et Jorge Pardo, au saxophone.Elu meilleur album de l'année 2001 par l'Association Nord-americaine de Musique Indépendante.

2002: Publication du premier album Mimoun d'Abdeljalil Kodssi en solo, grâce à la réalisation et production artistique d'Omar Sosa pour Ventilador Music.

On trouve ses productions chez son éditeur espagnol Ventilador

IL est diffusé en france par Mosaic Music
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koi ki di wikipédia sur les ganouas?



Selon de vieux et rares érudits Gnaouis, la musique et les rituels Gnawas, tirreraient leurs origines du Vaudou. Ces pratiques ont du se métamorphoser pour survivre et adopter l'islam comme religion afin d'assurer leur continuité (de même pour leurs cousins qui ont dû adopter le christianisme en Amérique).

Les Gnaouas ou Gnawas sont les descendants d'anciens esclaves issus de populations d'origines d'Afrique Noire (Sénégal, Soudan, Ghana...) Il furent amenés par les anciennes dynasties qui ont traversé l'histoire du Maroc et en partie celles de l'Algérie et de la Tunisie, en commençant par l'empire Almohade pour les travaux et les bâtiments des palais et le renforcement des armées. La constitution en confréries des gnaouas à travers le Maroc s'articule autour de maîtres musiciens (les mâallems), des joueurs d'instrument (quasi exclusivement les qraqech - sorte de crotales - et le gambri), des voyantes (chouaafa), des médiums et des simples adeptes. Ils pratiquent ensemble un rite de possession syncrétique (appelé Lila au Maroc, Diwan en Algérie) et où se mêlent à la fois des apports africains et arabo-berbères pendant lequel des adeptes s'adonnent à la pratique des danses de possession et à la Transe.
Le festival d'Essaouira au Maroc est un haut lieu de rassemblement annuel de cette confrérie.