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06/03/2009

Au bord de la crise de nerfs....

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carnaval biarnes cavalcade

La crise, une outre gorgée de fantasmes

Par Mouloud Akkouche


Sans argent ni relations, un ami décida dernièrement d’ouvrir une maison d’édition. Très fier, il m’appela pour m’annoncer la nouvelle et commença à détailler son projet. "Tu es complètement fou !", le coupai-je, inquiet de son intention. Fallait absolument le modérer. Et j’ai alors égrené toutes les difficultés d’une telle entreprise avant de conclure par: "Une véritable folie dans la période que nous traversons!"

Argument imparable. Il répliqua mais, peu à peu, son enthousiasme se réduisit, grignoté par le sacro-saint principe de réalité. En raccrochant, j’étais satisfait: son épouse et ses filles n’auraient pas à rembourser d’inévitables dettes.

Peu après, le flash d’infos -rarement très joyeux- sur France Inter me poussa à m’interroger sur ma réaction. Pourquoi l’avoir dissuadé d’ouvrir sa maison d’édition? D’où provenait mon appréhension?

Après réflexion, j’ai fini par comprendre. Une grande part de mon attitude provenait de mon pessimisme naturel; la bouteille pas à moitié pleine mais brisée. Pour le reste, j’étais sous son influence.

Depuis qu’elle est arrivée, rares ceux qui osent continuer de bouger, projeter, dire "je t’aime"… Elle nous suit partout, se réveille dans nos lits et s’endort entre nos bras. Invisible, elle passe de maison en appartement, de la ville à la campagne, de banlieues huppées en quartiers populaires, de PME en multinationales... Elle court, elle court… Elle est passée par ici, elle passera par-là… Même l’Inuit, isolé sur sa banquise, ne peut lui échapper. Tout le monde l’aura sans doute reconnue.

Est-elle réelle? S’agit-il d’un outil subliminal pour nous rendre encore plus dociles? Une culpabilisation mondiale? En fait, cette crise existe bel et bien et a des répercussions dans tous les secteurs de l’économie. Pas un individu n’échappe au coup de grisou des grandes places boursières.

La planète est une gigantesque salle d'attente

Calculette à la main et visages sombres sur les petits écrans, des spécialistes annoncent doctement chaque jour un lendemain pire. Un peu moins somme toute pour quelques-uns. Toutefois aussi fortunés soient-ils, eux aussi subissent les effets de cette crise planétaire et doivent ralentir leurs trains de vie. Que dire de ceux qui n’ont qu’un train de survie?

Chaque habitant de la planète est donc contaminé par ce virus issu des labos financiers. Autour de moi, je ne cesse d’entendre "Y a plus de fric, la Bourse s’effondre, les décideurs ne veulent plus décider, on peut rien faire, les subventions sont gelées…".

Comme la plupart, je relaie ce genre d’informations qui, répétées en boucle, paralysent même les plus combatifs. A force de tirer ce fil invisible d’une crise déjà fort médiatisée et par surcroît alimentée par tous, chacun se condamne à l’immobilisme. A quoi bon. Plus rien de possible en ce moment. Il faut attendre. Quoi? Personne ne sait vraiment. Et la planète devenue une gigantesque salle d’attente.

Ne pouvant influer directement sur les rouages de la finance, pourquoi ne pas essayer d’entreprendre, écrire, peindre, tourner, aimer, ouvrir une maison d’édition, rêver, rompre, ne rien faire… Tenter -ne serait que quelques minutes par jour- d’échapper à la morosité ambiante.

Les châteaux de sable n’ont certes jamais empêché les raz-de-marée mais égayent les plages. La crise, réelle et chargée de fantasmes, finira bien par se dégonfler.

En attendant, continuons de…
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