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25/01/2009

Le droit à l'indifférence.....

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Métissage : du fait divers de proximité à la "diversité"
par Mouloud Akkouche
Le métissage est mis à toutes les sauces en ce moment. Pas un jour sans en entendre parler depuis l’élection américaine. Bien sûr, il faut se réjouir de la victoire d’Obama et la défaite de Mac Cain. Bien sûr que, pour un pays qui a souffert d’une importante ségrégation raciale, l’élection d’un président noir revêt une énorme importance.

Mais il faut raison garder et ne pas croire au Père Noël le 20 janvier. Les américains ont, j’ose espérer, d’abord élu un homme politique avec un programme, pas un mannequin de United Colors of Benetton. Beaucoup de commentateurs oublient l’homme politique. D’ailleurs, la couleur de peau n’a jamais empêché d’être dictateur. Mugabe, Mobutu et Kim Jong-il ne sont pas blancs.

Telle radio décide de consacrer sa journée à la diversité, tel hebdomadaire en fait sa une. Stigmatiser des citoyens à cause de leur appartenance ethnique me semble aussi dangereux que de claironner sans cesse les vertus du métissage. Effectivement, il y a eu des luttes légitimes et importantes pointant les dysfonctionnements de la société française dans ce domaines, mais méfions-nous par trop plein de bonté de ne pas tomber dans l’excès inverse.

A plusieurs reprises, j’ai entendu certains auteurs français -dont des amis- affirmer: "Vaut mieux être membre d’une minorité pour obtenir une bourse littéraire ou un prix." Des réalisateurs râlent car les sujets de société traitant des problèmes de mixité raflent les honneurs dans les festivals.

Ces récrimination d’artistes "blancs" ont sans doute dû augmenter avec les attributions du Goncourt et Renaudot. Imaginez alors un instant les pensées des citoyens ayant moins de recul, des citoyens touchés comme leurs voisins- issus de l’immigration- par la crise. Ils ne possèdent pas une caméra ou un stylo pour exorciser les démons qui peuvent faire basculer tout un chacun, même les plus cultivés.

Zidane, Debouze cachent la forêt de ceux qui pointent au chômage

Au fond, il me semble que ce métissage à tout prix cache quelque chose de plus profond. Une manière de se dédouaner et occulter la casse sociale et culturelle en cours dans ce pays. Un leurre pour ringardiser les luttes de classe. Pendant ce temps, ministre de la Justice issue de l’immigration ou pas, une foule nombreuse continue de fréquenter les soupes populaires loin des échoppes Prada. Les Zidane, Debouze et autres célébrités, cachent la forêt de ceux qui pointent au chômage. Eux incarnent la diversité internationale, les autres le fait divers de proximité.

Tout compte fait, je reviens toujours à cette heureuse formule de Michel Rocard dans les années 80: le droit à l’indifférence. Aujourd’hui, grâce à certaines luttes, il me semble que nous devrions peut-être laisser les histoires d’amour "mixte" se faire et se défaire, les étudiants se battre pour obtenir leurs diplômes, les entrepreneurs entreprendre, les slameurs slamer… comme tous les autres.

Même s’il est nécessaire de continuer de sanctionner tout propos ou acte raciste et antisémite et rester vigilant sur les discriminations. Le droit à l’indifférence offrirait sans doute une bouffée d’oxygène à une population qui rêve de jouir de la même invisibilité que les autres, se fondre dans la foule. La pire des choses qui puisse arriver à un citoyen est que, à cause de ses origines, quelqu’un se retienne de lui jeter à la face "tu n’es qu’un con!". Pensez que les êtres d’origine étrangère sont potentiellement des délinquants ou terroristes est aussi stupide que croire qu’ils sont tous parfaits. Les bons sentiments enferment autant que les préjugés.

Pour clore sur une note optimiste, réjouissons-nous de la décision de Obama de fermer Guantanamo et la nomination de deux diplomates expérimentés pour l’Afghanistan et le Proche-Orient. Des actes qui portent haut les couleurs de l’intelligence. Un président lecteur ne peut pas être mauvais. Jugeons-le désormais sur sa politique.

NDLR: Il est balèze mon pote Mouloud, hein... Il a vraiment le sens de la formule et celui du discours politique. Bientôt si ça se trouve il va devenir le nègre de Finkielkrault....


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