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17/07/2007

La vie aux indes (3)

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Photos: Bénédicte Mercier

Les trains qui rentrent en gare sont tellement bondés qu’il paraît bien impossible qu’autant de monde puisse tenir dans un espace aussi restreint. Pourtant le miracle à lieu chaque fois que retentit le sifflet, l’ensemble s’ébranle lentement d’abord, puis prend de la vitesse.
Ce qui n’empêche pas les derniers retardataires, de courir en dératé pour réussir à saisir au vol une poignée, un morceaux de grille où s’agripper fortement pour tenter de monter dans le convoi, bien que les portes soient fermées. Si les grilles aux fenêtres interdisent aux resquilleurs de pénétrer dans les wagons, elles interdisent aussi de sortir en cas d’accident. La fenêtre qui n’en possède pas, c’est l’issue de secours. D’agiles jeunes gens ont trouvé refuge sur les toits des wagons. Juchés ainsi ils voyagent. Ayant pour eux la résistance de leur âge, ni La pluie ni le vent ne semblent les déranger.
Celui-là voyagera en plein vent, se tenant comme il le pourra, un seul pied sur le marchepied, car d’autres étaient déjà là avant lui. Il tiendra tant qu’il pourra avant de valdinguer sur le ballast ou de passer sous les roues du convoi. Car il doit bien de temps à autre en tomber quelques-uns pendant le voyage. Mais qu’importe, sur le nombre, cela ne se verra sûrement pas et le train ne s’arrêtera pas. Les corbeaux et autres charognards n’ont qu’à attendre leur pitance le long des voies. C’est bien miracle, si à chaque voyage ils n’ont pas de quoi faire bombance.
Les gares sont le lieu de toutes les transactions. Des caisses des marchandises diverses s’entassent sur les quais. Des sacs en toiles de jute sont empilés. Thé, café, épices ? Une dérisoire bâche plastique bleue les recouvre pour les protéger de la mousson. Un homme une aiguille recourbée à la main en rafistole un, dont la panse menace de répandre le contenu sur le quai. Comment vont-t-il réussir à rentrer toutes ces marchandises dans les seuls wagons destinés à cela dans ce train de voyageurs? Des hommes portent sur leur tête des charges si lourdes qu’elles ont de quoi écraser n’importe qui, sauf eux. Maigres noueux comme des roseaux aux articulations ces portefaix semblent d’une résistance à toute épreuve.

Des vaches qui déambulent entre les humains tentent de manger ce qu’elles peuvent. Elles chapardent dans les provisions des voyageurs et inspectent le contenu des sacs d’une langue pendante. Au passage, elles lâchent quelques bouses qui vont s’éclater sur le ciment du quai. Les vaches vivent là aussi dans cet incroyable enchevêtrement. Ses yeux d’européen ébahis admirent ce capharnaüm si étrange et totalement déroutant. Ailleurs cela serait signe d’anarchie, voire d’émeute, ici tout semble si paisible. Presque bucolique est le tableau de ces vaches au milieu d’une gare et de ses centaines de milliers de passagers... Plus rien n’étonne, ne doit étonner. Si c’est ainsi que cela est, c’est ainsi que cela doit être...
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