Pour lutter contre la schtroumpfisation galopante de l’art…, pour revivifier le corps moribond des critiques d’art…, pour garder espoir en l’art… pour le reterritorialiser au risque de passer pour une plouc…
Depuis environ un an, j’avais pris coutume d’envoyer régulièrement par mail à quelques 3000 journalistes chroniqueurs et critiques d’art des principaux journaux français un texte critique sur telle ou telle exposition ou « événementiel » particulièrement inepte ayant lieu sur le dispositif institutionnel au frais du contribuable.
Je proposais à ces gens de publier mon texte en signant à ma place pour toucher la pige sans se fatiguer.
Pas un seul canard en papier n’a accepté de me publier, sauf le magazine d’art à diffusion nationale Artension qui passa dans son numéro de novembre – décembre 2010 mon article sur le schtroumpf émergent…
Réaction immédiate de la gent institutionnelle et para institutionnelle qui me traite comme c’était attendu de facho vichyssoise, moi qui ai toujours voté à gauche et suis native du Limousin .
D’où l’idée de ce site pour réparer une telle injuste accusation, mais aussi pour installer un lieu d’échanges d’informations et de réflexions sur cette étrange production schtroumpf que l’on appelle « art contemporain ».
Nicole Esterolle
Caractéristiques du schtroumpf émergent
Formatés en Ecole des Beaux-Arts pour la plupart, les schtroumpfs émergents sont des sortes de petites mécaniques de pure conceptualité, décébrées et désensibilisées, porteuses hyper performatives de la parole du prophète. Ils sont tous programmés pour interpeller, interroger, provoquer la réflexion en tous lieux, à partir de tout et de n’importe quoi… Des sortes de petites têtes chercheuses, genre têtards libérés comme ça, sans aucun contrôle, dans la nature, à la recherche de leur contenu disparu et du sens de leur vie. Petites mécaniques masturbatoires d’intellect dont les piles doivent sans cesse être rechargées avec l’argent public. Le schtroumpf est dans un perpétuel état de questionnement eschatologique, onanistique et frénétique. Il «convoque», «interpelle», «interroge», «subvertit» tout ce qu’on peut imaginer: l’espace d’exposition, l’espace public, l’espace tout court, l’institution, l’histoire de l’art, la critique d’art, la peinture, les codes de la représentation, le ready made, la poêle à frire, la notion de déplacement, ce qui se passe entre visibilité et opacité, le pourquoi quelque chose plutôt que rien, la dimension métaphysique du cassoulet, le centre, la lisière, le plein, le vide, l’absence… Le rapport au temps qui passe, à l’espace, au cosmos, au langage et à la communication, à l’art sur l’art, au corps social, aux cors aux pieds, à l’urbanité et aux ploucs, au politique, au religieux, à l’architectural, à l’iconographie contemporaine, etc, etc….
Une sorte de kamikaze décérébré
Le schtroumpf émergent est donc une sorte de kamikaze décérébré et programmé pour le sacrifice à la cause artistique d’État, elle-même liée structurellement à la cause de la grande spéculation financière mondiale. C’est un peu comme ces jeunes talibans, étudiants en théologie, sortant des écoles coraniques, parfaitement lobotomisés et analphabètes mais redoutablement armés pour défendre et promouvoir leur ignorance et leur vide cérébral.
Le Schtroumpf émergeant ne sait pas dessiner ni peindre. Il bricole tout juste. Il est parfaitement inculte en histoire de l’art, hors celle qui concerne ses référents. Il est puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication, qu’il peut répéter mécaniquement ; et qui lui permettent de justifier son engagement socio-esthétique, sa lutte contre le vilain bourgeois réactionnaire, sa volonté farouche de déconstruire les modèles, de dénoncer la ringardise, de faire exploser les conventions, les codes, les icônes, etc. ; et de fusiller sur le champ les mécréants qui osent douter de la pertinence de ces inepties. C’est un vrai révolutionnaire terriblement subversif et hautement performatif, une bombe conceptuelle capable de faire péter les icônes, comme les talibans les statues de Bouddha.